Environnement des affaires .
« Business Start Up Simplification
», un projetd’allégement des
procédures d’investissement, initié par la Société Financière
Internationale (SFI), a été lancé dans le gouvernorat
d’Alexandrie. Une première qui pourrait être étendue au reste
du pays.
Alexandrie, pôle d'attraction
Si
pour s’implanter dans un gouvernorat d’Egypte un investisseur
étranger doit se battre pendant des mois au Caire pour
décrocher les autorisations nécessaires, Alexandrie compte
désormais se distinguer de cette norme handicapante. Le projet
« Business Start Up Simplification
», lancé en décembre et monté par la société financière
internationale SFI, (rattachée à la Banque mondiale et chargée
des opérations avec le secteur privé) avec l’Organisme de
l’investissement, l’Association des hommes d’affaires
d’Alexandrie, l’Organisme du développement industriel et le
gouvernorat d’Alexandrie, vise en effet à simplifier les
démarches des investisseurs. L’initiative s’inscrit dans le
cadre d’un autre grand projet de la SFI intitulé « Alexandrie
pôle de développement » (Alexandria
Growth Pole) dont le budget
atteint est de 30 millions de dollars et consacré au
développement d’Alexandrie.
Avec le projet
« Business Start Up Simplification
», d’un budget de 2 millions de dollars, il s’agit, en premier
lieu, d’assouplir les démarches d’enregistrement et
d’obtention de licences très lentes et compliquées. « Changer
une loi nécessite des années. Alors que notre objectif est de
faciliter le travail des hommes d’affaires. Nous voulons
réduire le temps nécessaire, et donc les coûts, pour obtenir
les nombreuses autorisations nécessaires à leurs activités »,
affirme Jesper
Kjaer, directeur général du
Partenariat pour l’Entreprise Privée au Moyen-Orient et en
Afrique du Nord (PEP-MENA).
Alexandrie a,
en fait, déjà créé il y a deux ans, au sein de la Zone
franche, le One Stop Shop, à l’instar de celui du Caire, pour
faciliter aux investisseurs l’obtention des licences et
autorisations. Mais il n’a pas permis de régler l’ensemble des
problèmes, car l’obtention de certains documents ne peut se
faire qu’au Caire. « En dépit des efforts du gouvernorat
d’Alexandrie et de l’Organisme de l’investissement, la
bureaucratie demeure le principal obstacle entravant
l’investissement. L’obtention des permis, notamment celui de
construire, reste une tâche fatigante qui fait perdre un temps
fou », souligne Mohamad Ragab,
président de l’Association des hommes d’affaires d’Alexandrie.
Première
étape vers la décentralisation
Alexandrie a
donc décidé d’entreprendre une première étape vers la
décentralisation. « La centralisation qui caractérise l’Egypte
lui coûte cher. Les investisseurs préfèrent aller dans des
pays où l’environnement de l’investissement est plus facile et
rapide, comme Dubaï, par exemple. Pourquoi perdre du temps et
de l’argent en Egypte s’il existe d’autres alternatives plus
attrayantes et moins coûteuses ? »,
explique un homme d’affaires égyptien qui a requis
l’anonymat. Il raconte que pour entamer un projet à
Alexandrie, il lui a fallu 6 mois de procédures
administratives au Caire. Si l’expérience est réussie à
Alexandrie, fenêtre de l’Egypte vers le monde extérieur, elle
pourrait être appliquée dans d’autres gouvernorats du pays.
Car depuis la
nomination du cabinet Nazif en
juillet 2004, l’Egypte a choisi l’outil de l’investissement
pour se développer. Toutes les lois, les réformes sont
orientées vers la simplification des procédures
d’investissement. A cet égard, le gouvernement a fait pas mal
de chemin. Même s’il reste long, comme les responsables du
gouvernement l’admettent. Ahmad Darwich,
ministre du
Développement
administratif, a reconnu lors de la conférence organisée la
semaine dernière pour le lancement du projet « Business
Start Up Simplification » que les
investisseurs en Egypte se heurtent à de trop nombreuses
difficultés. « Pour entamer un projet, un investisseur doit
passer par sept étapes : l’étude de faisabilité, le terrain,
la construction des locaux, l’enregistrement, les
autorisations, les équipements et le fonctionnement. Rien que
l’étude de faisabilité, qui se heurte à un manque
d’informations énorme, rend le commencement du projet quasi
impossible ! », reconnaît le
ministre. Il souligne la nécessité de créer une administration
chargée de fournir aux investisseurs les informations
nécessaires à l’établissement d’une étude de faisabilité. « Il
ne s’agit pas seulement de simplifier les mesures nécessaires
pour commencer un investissement, mais d’en annuler une bonne
part », estime aussi Ahmad Darwich.
Même son de
cloche chez Amr Assal, président
de l’Autorité du développement industriel (IDA), qui regrette
qu’un investisseur soit confronté à près de 52 obstacles, dont
27 ont été réglés mais le reste nécessite une modification de
la législation. « Comment un investisseur étranger pourrait-il
retenir l’Egypte pour le développement de ses affaires ? », se
demande-t-il.
La liste des
revendications des hommes d’affaires est longue et la
promulgation d’une nouvelle loi sur la construction arrive en
tête. « Cette nouvelle loi sur la construction unifiée peut
être un véritable tournant pour l’investissement. Il s’agit,
avant tout, de faciliter l’obtention des permis de construire
et d’assurer la transparence pour mettre fin au versement des
pots-de-vin », dit Chérif Hamdi,
directeur du projet « Business Start
Up Simplification » à Alexandrie. Ziad
Bahaeddine, président de
l’Organisme de l’investissement, admet que le gouvernement
doit jouer un plus grand rôle pour aplanir les obstacles
entravant l’investissement en Egypte. Mais, selon lui,
différents acteurs doivent aussi mettre la main à la pâte pour
améliorer la situation. « Le gouvernement, le secteur privé et
même la société civile doivent coopérer afin d’aboutir à cet
objectif. On doit préciser le rôle de l’Organisme de
l’investissement. Celui-ci ne peut pas tout faire tout seul.
Nous cherchons à avancer mais parfois, il est difficile
d’atteindre les objectifs visés. D’accord, on exagère en
disant sans cesse que tout va bien. Mais nous sommes aussi
victimes d’abus de critiques. Mettons tous nos différends de
côté et œuvrons ensemble à relancer notre économie »,
conclut-il.
Névine
Kamel
Ibtessam
Zayed