Al-Ahram Hebdo,Dossier | La passion du Sayed Nasrallah
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 Semaine du 13 au 19 décembre 2006, numéro 640

 

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Dossier

Liban. Le sit-in des partisans du Hezbollah et de Michel Aoun mêle flamme politique et jeu de scène. Reportage.

La passion du Sayed Nasrallah

Beyrouth,
De notre correspondant —

Ce soir, les rues de la capitale ont été désertées de ses habitants. Tous ont pris le chemin des deux places, Riyad Al-Solh et les Martyrs pour écouter le discours de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah. Ceux qui ne sont pas venus ont préféré rester chez eux pour la même raison. Une semaine de sit-in est déjà passée et tout le monde guette une nouvelle démarche du chef, un développement qui mettrait fin à l’attente et briserait cette monotonie de la scène. Un changement qui toucherait, en particulier, le palais gouvernemental, juste limitrophe. De Beyrouth ouest à la place, le trajet ne dure normalement en voiture que 10 minutes, cette fois-ci il a fallu au moins 3/4 d’heure. Les rues vidées de leurs piétons sont envahies par des voitures filant en direction du grand rassemblement. Sur les deux côtés, des militaires et policiers avec leurs armes qui sont loin d’être discrètes. On dirait qu’ils sont prêts à tirer à n’importe quel instant, mais la frustration, la difficulté de la mission et son caractère imprédictible se lisent sur leurs visages. Personne ne leur adresse un mot, juste un regard de compassion et peut-être une interrogation, ces soldats interviendront-ils entre ce peuple d’une seule nation ? Une nation qui glisserait par la suite dans le gouffre ? Ou, peut-être, la crise se terminera avant une nouvelle recrudescence.

Le cortège se poursuit, on passe devant le ministère de l’Intérieur. Là, le dispositif de sécurité est encore plus important. Mais le trajet n’est pas modifié, ni devant quel autre ministère. Seul Baabda, le palais présidentiel, où vit Emile Lahoud, et le palais gouvernemental, où résident Fouad Siniora et les ministres de la majorité qui bénéficient de cette protection. Des barbelés, pourquoi pas ? On dit que le Liban a importé la plus importante cargaison de barbelés de son histoire depuis la multiplication des manifestations après le décès de Rafiq Hariri. Juste à côté du palais gouvernemental, s’élèvent les deux ambassades britannique et nipponne. Impossible donc d’accéder par là. De loin, un court de tennis, calme et frais qui semble peu se soucier de la chaleur émanant de la foule ou du bruit émanant des micros.

Les chants patriotiques ne s’interrompent pas, ils se mélangent bizarrement à ces vagues incessantes d’êtres humains. Du haut du pont Fouad, on dirait un carnaval. Des drapeaux de toutes les couleurs, musique, dabka. Même des vendeurs ambulants qui étalent leurs produits sur les trottoirs ou autour de leur chariots. Thé, café, biscuits, sandwichs, journaux, photos des figures de l’opposition … tout est vendu ici. Ce jeune du mouvement Al-Marada ne s’était jamais aventuré ici pour prendre un thé à plus de 6 dollars. Pour la première fois, dit-il, il « découvre tout cet espace vert du centre-ville ». Des tentes sont dressées partout. Question ? On désigne un homme grand de taille, le « responsable de la tente », Diaa, un enseignant de langue arabe. Il dirige une des tentes dressées par le Hezb. « Ma mission est d’assurer les besoins des manifestants et de garantir l’ordre et la stabilité », précise-t-il.

Jour et nuit

Des étudiants, enseignants et fonctionnaires quittent souvent les lieux le matin pour se rendre au travail et reviennent dans l’après-midi. D’autres sont là jour et nuit. Dans les tentes du Hezb, les filles ne peuvent pas passer la nuit ici, ni celles du mouvement Amal. Celles du mouvement libre de Michel Aoun et d’autres partis le font. Même si ici, tout le monde craint pour elles. Hussein, un des manifestants, affirme : « Au début, on pensait que le nombre allait baisser d’un jour à l’autre, mais c’est le contraire qui s’est passé ». « On ne bougera pas d’ici avant la formation d’un gouvernement d’union, avec le tiers garant », précise Ossama Haïdar, un des partisans de Nasrallah. « Je n’ai aucun problème avec les sunnites, j’ai des amis et des collègues de tous les courants ». Haïdar raconte comment il est allé dans un magasin d’effets sportifs appartenant à un de ses amis sunnites, il lui demande un T-shirt orange (couleur de l’opposition), son ami lui répond que désormais il ne vendait que des bleus (couleurs du mouvement Future) et tous les deux rigolaient. « Nous savons tous que c’est un jeu politique. Mais je ne veux pas d’un gouvernement qui soit dirigé par les deux ambassadeurs américain et français », avoue Haïdar. Les chants continuent, l’horloge affiche 20h25, la télévision Al-Manar du Hezbollah commence à diffuser l’hymne nationale. La foule répète puis scande des slogans : « gouvernement de la dette … gouvernement de la corruption … Allez à la réforme, allons ensemble construire la patrie, musulmans et chrétiens … ». Encore des chants, des applaudissements et le Sayed fait son apparition. Nasrallah commence son discours de plus d’une heure devant une foule en transe. Une dame dans la cinquantaine, une autre dans la vingtaine : « On t’obéira Nasrallah » et les hommes répètent derrière elles. Son charisme est inouï. S’il leur demande de rester encore un mois ici, en plein froid, ils le feront, certes, sans hésitation.

Maher Meqled

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