Al-Ahram Hebdo, Arts |  Les 21 visages de Mahfouz
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 13 au 19 décembre 2006, numéro 640

 

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Arts

Peinture . Névine Al-Guindi a suivi l’écrivain pendant plus d’un an afin de mieux capter le personnage et réaliser une série de portraits de lui.

 Les 21 visages de Mahfouz 

« 21 portraits, tous de la même personne ! ». « C’est suicidaire ! ». La dernière exposition de Névine Al-Guindi lui a valu tant d’éloges et d’exclamations. Elle a choisi, en effet, de l’inaugurer le jour même de l’anniversaire de Naguib Mahfouz, c’est-à-dire le 10 décembre, afin de rendre hommage au prix Nobel qui nous a quittés cette année. Ainsi expose-t-elle une série de portraits de Mahfouz à la galerie Hanaguer. L’artiste avoue qu’elle n’avait jamais pensé entreprendre une telle initiative jusqu’au jour où un ami, l’écrivain Naïm Sabri, l’a invitée à passer un lundi à l’hôtel Novotel où se rencontraient Naguib Mahfouz et un nombre d’écrivains ou d’intellectuels. « J’ai eu un déclic. Et j’ai dit à Mahfouz : j’ai envie de vous peindre. Alors, il a donné son consentement », se souvient Névine Al-Guindi, disciple d’un maître de l’art du portrait, Sabri Ragheb, qui a par ailleurs étudié entre autres l’Histoire de l’art à l’Université américaine du Caire.

L’expérience valait quand même de prendre le risque. Et il a fallu que l’artiste suive l’écrivain comme son ombre, durant ses réunions hebdomadaires. Car Mahfouz avait l’habitude de se réunir avec ses amis et disciples dans 6 lieux différents tout au long de la semaine, ne prenant congé que le samedi. Ceci dit, les portraits d’Al-Guindi sont une bonne occasion de suivre de près le quotidien de Mahfouz au bord du Nil, dans Farah Boat et Falafilo. Aux hôtels Shepheard, Sofitel, Novotel et dans la maison du psychiatre Yéhia Al-Rakhawi, au Moqattam. « Un jour, j’ai eu vraiment honte, lorsqu’une personne de son entourage m’a lancé : Ne pensez-vous pas que cela suffise ? Au début, j’allais pleurer et puis j’ai décidé de laisser chacun penser ce qu’il veut. Peindre Mahfouz était devenu une obsession pour moi », raconte l’artiste.

En manteau blanc et entourée d’intellectuels, Névine Al-Guindi a réussi à s’adapter aux diverses ambiances et occasions. Finalement, elle a accouché de ces 21 portraits à l’huile, à l’issue de 21 séances. « J’ai appris à être très véloce, car il fallait achever un portrait par séance. Naguib Mahfouz était quelqu’un qui changeait constamment à mes yeux. Je ne pouvais pas commencer aujourd’hui et terminer la peinture une semaine plus tard. C’était un personnage difficile à cerner. Du coup, je ne pouvais pas adopter avec lui la même technique appliquée lors d’autres portraits de Boutros-Ghali, Yousriya Sawirès ou Névine Sémeika ».

D’ailleurs, l’artiste constate que 21 portraits sont insuffisants afin de saisir la personnalité de Mahfouz, qu’elle a côtoyé pendant un an et huit mois. En d’autres termes, nous avons des portraits de lui à l’âge de 93 et 94 ans. « En dépit de sa simplicité, de son calme, de son humour et de sa modestie, Mahfouz cachait un homme rationnel et inépuisable. D’une seule phrase, il pouvait conclure une affaire ou mettre un terme à une discussion ». Cette personnalité oscillant entre simplicité de forme (allure physique) et sommité de fond (culture et pensée) a beaucoup inspiré Al-Guindi, dont la palette mélange couleurs pâteuses et denses. L’artiste passait souvent de l’impressionnisme à l’expressionnisme, pour mettre souvent un Mahfouz à la tête inclinée. Loin des détails minutieux, c’est le côté humain et la présence d’esprit de l’écrivain qui prennent le dessus. Flou, distorsion, ambiguïté émanent de l’ensemble des portraits exposés. Lorsqu’elle a voulu produire d’autres portraits de lui, il lui a répondu d’un air gai, plaisantant : « Attends que je vieillisse un peu plus ».

Névine Lameï

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Jusqu’au 22 décembre, à la galerie Hanaguer, de 10h à 20h, sauf le vendredi. Enceinte de l’Opéra.

Tél. : 735 68 61

 




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