Al-Ahram Hebdo, Arts |  Accord parfait
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 Semaine du 13 au 19 décembre 2006, numéro 640

 

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Arts

Initiative . Longue patience est un projet musical égypto-suisse ayant le dialogue comme mot d’ordre. Une occasion de transcender les barrières, en mélangeant les notes.

 Accord parfait 

Dire que l’Orient et l’Occident ne peuvent guère se rencontrer s’avère une vaine palabre lorsqu’il est question de dialogue musical, allant au-delà des mots suggestifs qui sous-tendent de multiples, et parfois de fausses interprétations. Du moins, c’est ce qu’a démontré le projet musical égypto-suisse « Longue patience », lequel s’est déroulé après un an de préparation, grâce à l’idée et l’effort du professeur de musique populaire Essam Al-Mallah, de l’Université de Munich. D’ailleurs, les premiers concerts ont fait le tour des villes suisses, il y a environ deux semaines de cela.

L’idée du projet, exécuté par l’institut culturel suisse ProHelvétia, consiste à produire des morceaux musicaux où se mêlent les mélodies occidentales et les improvisations orientales pour ne faire qu’un. Le dialogue intérieur entre ces genres musicaux et leurs divers instruments atteint alors son climax.

Ainsi a-t-on regroupé dans ce projet des compositions suisses, avec partitions à l’appui, et d’autres égyptiennes élaborées par des générations distinctes. Du côté suisse figurent des compositeurs tels Alfred Zimmerlin, Paul Giger, Eric Goudibert et Mischa Kaser. Et du côté égyptien, il y a surtout Abdou Dagher, le soliste de violon réputé notamment en Europe pour ses improvisations orientales vertigineuses, jouées sans partition. Participent également le compositeur et violoniste Attiya Charara et le jeune talentueux Mohamad Saad Bacha, professeur assistant au Conservatoire du Caire. Ce dernier a signé deux morceaux où les instruments orientaux et occidentaux se répondaient dans la plus grande dextérité, engageant un dialogue entre Regula Schneider à la clarinette, Ahmad Arnab à la kawala (variation de flûte orientale) et Fekri Qénawi au rébab ou entre Amal Ayad au qanoun (instrument à cordes, proche du sitar) et Paul Giger ou Anna Spina au violon.

Les répétitions prouvaient une fois de plus que le dialogue ne s’opère pas uniquement au niveau des instruments, mais s’étend au plan humain. Les musiciens Fekri Qénawi et Ahmad Arnab sont analphabètes, mais parviennent à s’entendre parfaitement avec leurs homologues suisses. Les anecdotes et les blagues n’arrêtaient pas de part et d’autre. Anna Spina a surpris tout le monde en poussant un youyou de joie spontané lorsque ses collègues égyptiens jouaient leur partie proprement orientale. La traduction d’Amal Ayad venait de temps en temps sauver la situation ou ajouter une petite mise au point. Le jeune percussionniste Khaled Abou-Hégazi faisait la joie de tous, assurant parfois lui aussi la traduction.

« Zones inhabituelles »

Sur le plan musical, la clarinettiste Regula Schneider compare cette expérience au jazz, notamment à ces expériences mêlant des musiques très différentes. « J’ai redécouvert le qanoun, mon instrument, en jouant des notes qui m’étaient inhabituelles », exprime Amal Ayad. Justement, les compositions choisies visent le recours à des « zones inhabituelles » comme l’a effectué Abdou Dagher qui a apprivoisé les instruments occidentaux dans l’une de ses compositions à la mélancolie très orientale. Pour mieux comprendre l’essence de cette musique, les musiciens suisses ont passé trois semaines au Caire en juin dernier, s’entraînant, dans la maison de Dagher, à jouer sans partition, à sa manière. Ils ont également appris l’improvisation à l’orientale, selon la violoniste Anna Spina.

Parfois, les Suisses devaient opérer un retour à leur propre musique folklorique où certains usages se révélaient proches de la musique orientale ; c’est d’ailleurs ce qui a inspiré Paul Giger dans sa composition.

Bref, une musique qui nous place à mi-chemin entre l’émotion européenne et la raison orientale et vice versa, afin de rapprocher les goûts. Non seulement on apprend à redécouvrir son instrument, mais aussi cela peut nous permettre de transcrire certaines notes égyptiennes jusqu’ici improvisées et retenues auditivement. Car nous sommes dans une tradition contraire à celle de l’Occident, où l’on s’est intéressé depuis le Moyen Age à enregistrer les notes de son patrimoine musical. Probablement, les Suisses qui ont retenu par cœur la composition d’Abdou Dagher ne tarderont pas à transcrire ses notes, après le projet, partant à la recherche d’autres horizons pour leur propre musique.

Un premier concert a été donné dans la commune suisse de Boswil, précisément dans son église ancienne. Le concert a fait salle comble et le public a réclamé le retour de Dagher sur scène, clamant son interprétation de génie. D’ailleurs, il y avait des fans venus exprès d’Allemagne et de France pour le voir. Fekri Qénawi, le joueur de rébab, a marqué aussi les gens par une présence exceptionnelle sur scène. Essam Al-Malah, concepteur du projet, se félicite : « La preuve de notre réussite c’est qu’on avait à l’origine commencé par six compositions. Vers la fin du projet, le nombre de celles-ci a atteint onze. Car les musiciens et compositeurs, pris par leur propre jeu, voulaient faire plus ». Outre les concerts tenus à Zurich, Bâle et Lucerne (en Suisse) et à Rothenburg (en Allemagne), un atelier s’est déroulé autour de la musique populaire égyptienne, avec la participation des musiciens Fekri Qénawi et Ahmad Arnab qui ont fait une petite démonstration en public, révélant les secrets de la kawala et du rébab. Un petit aperçu de leurs origines et modes de fabrication a été également fourni, s’agissant d’instruments millénaires.

Ibrahim Farghali

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