Zambie .
Le président sortant Levy Mwanawasa consolide son avance dans
la course à la présidence. Son principal opposant, Michael
Sata, dénonce des irrégularités et menace de présenter une
plainte officielle auprès de la commission électorale.
Scrutin contesté
Contrairement
à toutes les prévisions, le président zambien sortant Levy
Mwanawasa a consolidé son avance dans l’élection
présidentielle de la semaine dernière, alors que les premiers
indices donnaient l’opposant Michael Sata en tête.
Les résultats définitifs ne sont pas encore connus, mais selon
les derniers chiffres publiés dimanche par la commission
électorale de Zambie (ECZ), Mwanawasa confortait sa position
en tête des élections, avec plus de 200 000 voix d’avance
devant le principal candidat de l’opposition, Michael Sata
(Front patriotique - PF), qui se retrouve relégué à la
troisième place, après l’homme d’affaires Hakainde Hichilema,
à la tête d’une alliance de trois partis.
A 58 ans, Levy Mwanawasa brigue donc un deuxième mandat de
cinq ans en s’appuyant sur un timide renouveau économique
(croissance de 4,9 % en 2005, inflation maîtrisée), des
relations assainies avec les bailleurs de fonds internationaux
et en promettant de continuer à lutter contre la pauvreté. Il
a mené une campagne terne axée sur la nécessaire réduction de
la pauvreté dans ce pays. Mais l’état de santé de Mwanawasa,
qui s’exprime avec difficulté depuis qu’il a été grièvement
blessé dans un accident de voiture au début des années 1990, a
fait l’objet d’intenses spéculations tout au long de la
campagne.
De quoi renforcer la position de son adversaire, Michael Sata,
qui avait été donné largement en tête des élections, selon les
premiers résultats.
Les précédents résultats donnaient encore Sata devant
Mwanawasa et Hichilena, mais montraient que l’écart entre eux
diminuait, alors que les premiers résultats donnaient Michael
Sata largement en tête.
D’où le mécontentement de Sata, qui a dénoncé des «
irrégularités » dans le scrutin. « Jusqu’à maintenant, nous
avons découvert que plus de 400 000 bulletins de vote à la
présidentielle avaient disparu dans des régions où nous sommes
forts », a déclaré Sata. « Nous demandons qu’aucun vainqueur
ne soit annoncé avant que nous n’ayons vérifié tous les
bulletins. Il n’est pas possible que des votes s’évaporent
dans des régions où nous sommes forts », a-t-il ajouté.
Mais le mécontentement ne s’arrête pas là et les forces de
sécurité ont dû prendre position autour des centres de
dépouillement pour éviter que les réactions de l’opposition ne
dégénèrent. « Il est prévisible que des troubles ou du moins
des manifestations éclatent en Zambie à cause de ces
élections. Michael Sata avait fait beaucoup de promesses au
peuple et ses partisans n’accepteront pas sa défaite, d’autant
plus que le président sortant est malade, qu’il a plongé le
pays dans la misère, et qu’il n’a rien présenté à son peuple
au cours de sa campagne », explique Abdallah Abdel-Razeq,
analyste au Centre des études africaines.
En effet, Sata a déjà mis en garde le président Mwanawasa
contre toute tentative de lui voler la victoire, ce qui
aurait, selon lui, des « conséquences catastrophiques » pour
le pays.
Selon un haut responsable du PF, Chileshe Mulenga, il a
insisté qu’une fois les résultats annoncés, le parti
présentera une plainte officielle auprès de la commission
électorale pour dénoncer les irrégularités dont le scrutin
aurait été entaché.
Mais ce n’est pas la première fois que les résultats des
élections soient contestés en Zambie. Lors des élections
générales de 2001, le vote et le décompte des voix avaient été
chaotiques, et l’opposition très dispersée avait dénoncé des
fraudes massives après la victoire de Mwanawasa avec seulement
28 % des voix.
Maha Salem