Al-Ahram Hebdo, Evénement | Respecter par la force de la loi

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 Semaine du 19 au 25 septembre 2012, numéro 940

 

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Film Anti-Islam. Indignés par l’humiliation de leur religion, les musulmans cherchent à faire adopter une « loi internationale » pénalisant la diffamation des croyances et des prophètes. Une démarche dont l’efficacité est mise en question.

Respecter par la force de la loi

Cherchant à canaliser la défense de la religion loin de l’usage de la violence, des officiels d’Al-Azhar, des responsables de partis islamistes et des syndicalistes se sont attelés à la tâche d’élaborer une législation interdisant la diffamation des croyances et des symboles religieux, susceptible d’être acceptée et appliquée dans les pays occidentaux. Le grand imam d’Al-Azhar, cheikh Ahmad Al-Tayeb, a appelé les Nations-Unies à faire adopter une loi internationale incriminant l’atteinte aux religions et aux prophètes.

De son côté, la confrérie des Frères musulmans et son bras politique, le Parti Liberté et justice, ont affirmé travailler sur un projet de « charte » incriminant le blasphème en vue de le proposer aux Etats-Unis et aux pays de l’Union européenne. « Nous sommes en train de peaufiner une nouvelle charte basée sur l’initiative d’Al-Azhar, que nous allons discuter avec les autres courants islamistes pour la proposer ensuite aux autorités compétentes et au président de la République », affirme l’avocat des Frères, Abdel-Moneim Abdel-Maqsoud. « Mais il faut d’abord rallier le plus grand nombre de pays islamiques derrière ce projet avant de l’envoyer aux Nations-Unies. La pression internationale est importante », poursuit-il.

Ces efforts pour sensibiliser les Occidentaux à l’importance de respecter les croyances religieuses ont été soutenus par la plupart des syndicats, ainsi que par une vingtaine d’ONG en Egypte. « J’ai proposé l’organisation d’une conférence internationale sous les auspices d’Al-Azhar avec pour objectif de faire du respect des religions une obligation internationale », dit Abdel-Gawad Ahmad, membre du conseil de l’ordre des Avocats.

L’ordre des Avocats a aussi appelé les autorités égyptiennes à poursuivre en justice les auteurs du film « destiné à créer des troubles sectaires en Egypte ». Une vingtaine d’ONG ont également soutenu la poursuite des auteurs du film, ainsi que l’idée d’une charte internationale incriminant l’atteinte aux symboles religieux.

Or, face à l’attachement des pays occidentaux au principe de la liberté d’expression, du moins en ce qui concerne la religion, ces efforts semblent voués à l’échec. Ainsi, tout en dénonçant une vidéo « écœurante », les Etats-Unis ont reconnu que celle-ci était protégée par leur Constitution et son premier amendement sur la liberté d’expression qui interdit les poursuites pour des propos insultants ou diffamatoires.

« Je sais que pour certains ce sera dur de comprendre pourquoi les Etats-Unis ne peuvent pas interdire ce type de vidéo répréhensible », a déclaré la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton. « Mais je veux souligner qu’avec les technologies modernes c’est impossible. Et même si ça l’était, notre pays a une longue tradition de liberté d’expression qui est gravée dans notre Constitution et dans nos lois. On ne peut pas empêcher des citoyens d’exprimer leurs points de vue, quand bien même cela ne nous plaît pas », a-t-elle poursuivi.

L’efficacité de la démarche

Mais face à ces revendications pour faire respecter les religions par la loi, certains activistes des droits de l’homme se demandent sur l’efficacité de la démarche. « Supposons que ces efforts aboutissent, quelles religions seront-elles mentionnées dans ladite loi internationale ? Seules les trois religions monothéistes ? Et qu’en sera-t-il des nombreuses autres croyances ? Est-ce qu’on arrêtera en Egypte d’interdire aux bahais de pratiquer leur religion ? Il faut savoir que le monde n’acceptera pas cette dualité dans le traitement des croyances religieuses », se demande Adel Wassily, activiste politique.

En effet, malgré la présence d’une loi égyptienne qui pénalise l’atteinte aux religions, celle-ci n’a pas aidé à assurer le respect mutuel des croyances de chacun. En vertu de la loi 29 du code pénal, amendée en 1982, « toute personne accusée de diffamer une religion céleste ou de mépriser ses adeptes à travers des propos ou des écrits ou par tout autre moyen est passible d’une peine de prison entre six mois et cinq ans et d’une amende entre 500 et 1 000 livres ».

Cette loi été souvent appliquée plutôt contre le respect des religions … autres que « célestes ». Ainsi, en juin 2010, six Egyptiens ont été détenus près de trois mois pour leur adhésion à la communauté des Ahmadi, considérée comme hérétique par les sunnites. Leur chef d’accusation était « le mépris de la religion ».

D’après le chercheur Ammar Ali Hassan, cette loi n’a protégé personne. « Les chaînes satellites islamiques diffusent beaucoup d’émissions dénigrant la foi chrétienne, sans que personne bouge pour les arrêter. Cela incite les chrétiens à faire de même en utilisant la même arme, et ça se transforme en duel. A ceux qui revendiquent une loi internationale, je dis cela n’est pas la solution », estime Hassan.

May Atta

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