Al-Ahram Hebdo, Economie | Une crise qui fait des dégâts

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Mamdouh El-Wali
 
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 Semaine du 19 au 25 septembre 2012, numéro 940

 

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Economie

Carburant. La pénurie continue à sévir faisant peser un climat négatif sur l’économie. La mauvaise gestion du gouvernement Qandil est montrée des doigts.

Une crise qui fait des dégâts

Une énième pénurie de gasoil, d’essence et de bonbonnes de gaz a touché l’Egypte il y a quelques jours. Rien de nouveau dans le paysage économique, sauf qu’il s’agit de la première crise du genre sous le gouvernement Qandil. La pénurie pour le gasoil s’est élevée à 20 % du total de la demande, tandis que le manque de l’essence a atteint 15 %. La raison principale est imputable au déficit public. L’Etat ne parvient plus à importer suffisamment pour couvrir l’ensemble de la demande. L’essence est en effet largement subventionnée dans tout le pays.

D’interminables files d’attente se sont formées devant les stations d’essence dans presque tous les gouvernorats du pays, notamment à Charqiya, en Haute-Egypte, à Guiza et au Fayoum. Des embouteillages monstres bloquent la circulation à cause des voitures qui font la queue devant les stations, les files débordant largement sur les rues alentours.

Par ailleurs, la pénurie de gasoil a provoqué l’arrêt des boulangeries et l’immobilisation des bateaux de croisières allant de Louqsor à Assouan. Les camions n’assurent plus les livraisons, provoquant des pénuries d’autres produits et ainsi de suite ...

Mamdouh Hassan, qui possède un taxi, confie que cette pénurie risque de lui faire perdre son véhicule, puisque cela fait 3 jours qu’il ne travaille plus. « Je peine à trouver du gasoil, et je suis obligé de l’acheter au marché noir car je ne peux en aucun cas m’arrêter de travailler », se plaint-il.

Les prix du marché noir sont aussi responsables de la hausse des tickets des minibus, parfois de 50 %.

Le gaz subit les mêmes problèmes, les bonbonnes de gaz domestiques frôlant parfois les 40 L.E.

Minimiser le problème

Le ministère du Pétrole tend à minimiser le problème, évaluant la pénurie à 10 % pour le gaz butane, tandis que le ministère de la Solidarité l’évalue à plus de 22 %. « Les réserves en gaz butane de l’Etat sont limitées à une semaine de consommation. Avec l’approche de l’hiver, des mesures doivent être prises urgemment », prévient Anouar Al-Naquib, conseiller au ministère de la Solidarité.

Outre l’essor du marché noir, ces crises à répétition font peser un climat négatif sur l’économie. Les pertes de revenus qu’elles engendrent sont aussi propices à la recrudescence de la délinquance, les travailleurs se retrouvant parfois dans l’impossibilité d’exercer leur métier. Bref, l’ampleur de la crise dépasse souvent l’enceinte des stations d’essence.

Face à un déficit budgétaire considérable, le gouvernement souhaite réduire de 25 milliards de L.E. les subventions consacrées aux matières pétrolières dans le nouveau budget 2012/2013. Le montant total de ces subventions pour 2011/2012 a atteint 95 milliards de L.E. L’estimation pour 2012/2013 fait état de 115 milliards de L.E. de subventions pétrolières.

Ahmad Hassan, journaliste à l’agence Reuters, souligne plusieurs incohérences. D’abord, la réduction de 25 milliards serait calculée sur le nouveau budget, ce qui, en fin de compte, ne réaliserait que 5 milliards d’économies par rapport à l’année dernière. Par ailleurs, il estime impossible d’arriver à économiser 4 milliards de L.E. sur les subventions aux bonbonnes de gaz, comme l’affirment les chiffres du nouveau budget.

 

Erosion des réserves en dollars

Certaines questions laissent perplexes. Pourquoi les ministères concernés n’arrivent-ils pas à s’entendre pour résoudre cette crise ? Les pénuries sont-elles le résultat inévitable de la détérioration de la situation économique et de l’érosion des réserves en dollars, affectées par l’absence de tourisme et d’investissements étrangers ?

Contactés par l’Hebdo, les cadres du ministère du Pétrole se sont abstenus de répondre à la moindre question. L’Organisme public du pétrole s’est contenté de publier un communiqué jeudi 13 septembre, soulignant l’augmentation des quantités d’essence disponibles sur le marché. La situation dans plusieurs gouvernorats est cependant restée catastrophique. A Assouan, seuls 42 % des besoins étaient assurés, 31 % à Qéna.

Hossam Arafat, président du département des matières pétrolières auprès de l’Union générale des Chambres commerciales, souligne que les déclarations de l’Organisme du pétrole ne sont que des promesses. Il estime que le ministère du Pétrole souffre d’un déficit financier résultant d’une accumulation de dettes s’élevant à plus de 5 milliards de dollars, soit 15 % du volume des dettes égyptiennes contractées à l’étranger.

L’Egypte ne semble pas avoir les moyens financiers de faire face à ses obligations. Le ministère des Finances qui avait promis au ministère du Pétrole une aide de 100 millions de dollars par semaine pour le carburant n’a pu verser que la moitié de la somme.

Une source bien informée auprès du ministère de la Solidarité estime aussi que le Banque Centrale Egyptienne (BCE) n’arrive plus à se fournir en dollars. « De plus, la BCE préfère garder ses réserves de changes pour l’importation de blé », affirme cette même source.

Le ministre des Finances, Momtaz Al-Saïd, continue cependant à nier que ces pénuries soient le résultat d’un manque de financement. « La pénurie de l’essence est due aux entraves logistiques consécutives aux horaires d’encaissement des chèques. Selon les déclarations récentes de Hani Dahi, président de l’Organisme du pétrole, le total des dettes (23 milliards de dollars) a été remboursé aux compagnies étrangères », a-t-il affirmé. Al-Saïd a toutefois précisé que son ministère a dû injecter 259 millions de dollars pour l’importation de carburant.

Ces pénuries semblent avant tout être le signe d’une crise économique profonde alliée à une incapacité politique à trouver des solutions. C’est avant tout la défaillance des institutions de l’Etat qui est en cause.

Dahlia Réda

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