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 Semaine du 29 août au 4 septembre 2012, numéro 937

 

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Politique Etrangère. Les diverses visites à l’étranger du président Morsi suscitent des interrogations sur la nouvelle orientation de l’Egypte après la révolution. Les changements, même s’ils sont jugés de pure forme, auront un impact sur l’équilibre de la région.  

Les envolées de Morsi 

Le président Mohamad Morsi commence à tracer les grandes lignes de sa nouvelle politique étrangère et ne manque pas d’attirer l’attention des observateurs. Parmi les questions sans cesse posées en raison de la présence à la tête de l’Etat d’un président islamiste : « Allons-nous nous transformer en un second Iran ou une nouvelle Turquie ? ». Ou encore : « L’ancienne ligne de la diplomatie égyptienne sera-t-elle conservée ? ».

Morsi s’est déjà rendu en Arabie saoudite, en Ethiopie et se prépare cette semaine à trois nouvelles visites : Chine, Iran puis Etats-Unis.

Une diversité de visites qui ouvrent sans doute de nouveaux horizons tout en appuyant les relations qui existaient aussi avant la révolution, sous Moubarak. Mais Morsi suivra-t-il la même politique que son prédécesseur ?

Pour certains, il est encore très tôt pour avoir une image précise de la politique de Morsi. C’est ce qu’affirme le politologue Ezzeddine Chokri, qui explique : « Il est encore très tôt pour avoir une vision précise des nouvelles orientations égyptiennes sous l’administration de Morsi. A mon avis, il faudra attendre au moins six mois ou l’apparition d’événements importants pour analyser la nature de ce changement. De toute façon, je crois que Morsi doit s’intéresser en premier lieu aux affaires internes du pays avant de penser à l’extérieur ».

Mais la question n’est pas vue du même œil par tout le monde. En effet, beaucoup d’analystes estiment aussi que les quelques déplacements du président Morsi sont des indices très importants cristallisant la politique étrangère que Morsi entend suivre.

Les analystes parlent pour le moment de grandes lignes. Avec déjà trois déplacements, la diplomatie égyptienne marque un caractère d’indépendance qui fera nécessairement changer l’équilibre de la région : une position nouvelle, originale et intéressante sur la Syrie, une visite en Chine, une participation au sommet des pays non-alignés à Téhéran.

Ayant sans doute la volonté de reprendre le leadership du monde arabe, lors du sommet des pays islamiques de Riyad qui s’est tenu les 14 et 15 août dernier, Morsi, pour tenter de résoudre la crise syrienne, a proposé la création « d’un groupe de contact » sur la crise syrienne, qui renfermerait quatre pays, à savoir l’Arabie saoudite, l’Egypte, l’Iran et la Turquie, pour résoudre la crise syrienne par des moyens pacifiques. Une proposition qui a été applaudie par l’Iran, seul pays à exprimer sa satisfaction à cet égard (voir encadré page 5).

Morsi a aussi attiré l’attention avec son déplacement en Chine, le premier hors de la zone moyenne-orientale. Avec un agenda bien chargé, il se tourne vers le dragon asiatique pour soi-disant réaliser son programme électoral intitulé « Al-Nahda (la renaissance) », où il avait cité l’intérêt de cette force politique mondiale pour son projet. Morsi tente de suivre un itinéraire que Moubarak avait commencé, mais au cours duquel ce dernier n’a pas réussi à réaliser un grand succès. Reste à savoir si Morsi sera plus efficace (voir encadré page 4).  

Iran … pour un faible dégel des relations ?

Bien que la visite du président Morsi à Téhéran vise à participer au sommet du Mouvement des non-alignés, elle délivre un message important. L’Egypte et l’Iran s’ignorent depuis la prise du pouvoir à Téhéran par les islamistes de Khomeiny, en 1978-1979. Moubarak n’a jamais tendu la main aux Iraniens. Morsi, lui, tente une approche différente de celle du président déchu. Il avance avec prudence. Jusqu’à ce que la préparation du sommet soit entrée dans sa phase finale, la question de la participation personnelle de Morsi est restée ouverte. Pendant quelques jours, la thèse officieuse était que Morsi n’irait pas à Téhéran, à la demande pressante des Etats-Unis. Cette « demande pressante » a sans aucun doute été exprimée. Mais ne voulant pas rater ce rapprochement avec l’Iran, Morsi s’est quand même rendu dans ce pays. Selon Elena Aoun, maître de conférences à l’Université libre de Bruxelles : « Un rapprochement irano-égyptien se heurterait aux intérêts de tous les partenaires du Caire, à savoir les Américains, les Européens, les pays arabes du Golfe, mais aussi les Israéliens. Une trop grande proximité avec Téhéran risque d’indisposer tout ce beau monde alors que les gains pour l’Egypte ne sont pas évidents. C’est pourquoi, malgré la tentation de renouer avec Téhéran ne fût-ce que pour montrer son indépendance, Morsi reste prudent. Même dans le cas d’un rétablissement des relations diplomatiques— possibilité évoquée il y a plus d’un an mais sans suite jusqu’ici —, rien n’indique que les rapports avec Téhéran se développeront réellement d’autant plus qu’ils sont concurrents sur le plan régional ».

On peut donc parler d’un changement de pure forme dans la politique étrangère égyptienne. Si Morsi réalise un petit changement dans la politique de Moubarak en se rapprochant de l’Iran, il se retrouve obligé de maintenir les grandes lignes de la politique de son prédécesseur, à savoir maintenir les relations avec les Etats-Unis et respecter le traité de paix avec Israël.  

Maintenir les relations avec Washington et Tel-Aviv

Les liens avec Washington restent vitaux. Et le premier voyage aux Etats-Unis du président Morsi survient à l’occasion de la réunion de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Ce voyage a une importance majeure au niveau des relations bilatérales entre les deux pays. Comme l’explique le politologue Moustapha Kamel Al-Sayed, il n’est pas question pour Morsi de compromettre ses relations avec les Etats-Unis. En limitant sa présence en Iran à 4 heures seulement, il a surtout voulu ne pas mécontenter les Américains (voir interview page 4). Cette visite va donc cimenter la longue alliance entre les Etats-Unis et l’Egypte. Les Etats-Unis versent un milliard de dollars d’aide militaire chaque année à l’Egypte, et ce, depuis plus de 30 ans.

La situation n’est pas différente en ce qui concerne Israël. Le président égyptien n’ira pas jusqu’à remettre en cause le statu quo avec Israël. Si Moubarak est longtemps accusé de « choyer » les Israéliens, il n’en sera sans doute pas de même avec Morsi. « Notre politique à l’égard d’Israël sera basée sur l’égalité, car nous ne sommes pas inférieurs à eux. Nous discuterons du droit des Palestiniens, car cela est très important », avait-il déclaré.

Une attitude plus ferme mais qui n’ira pas jusqu’à la rupture des relations. Le nouveau président entend réviser les accords de paix signés avec l’Etat hébreu en 1979, mais seulement en ce qui concerne la présence sécuritaire dans le Sinaï. Pour le politologue Hassan Nafea, « Toutes ces visites, bien qu’importantes, n’apportent pas de véritables changements ». Et d’ajouter : « Il faut attendre les résultats pour juger des résultats de ces visites », conclut-il.

 Chaïmaa Abdel-Hamid

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