Al-Ahram Hebdo,Voyages |

  Président
Abdel-Fattah El Gibali
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

Nos Archives

 Semaine du 25 au 31 juillet 2012, numéro 932

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Voyages

Héritage . Beaucoup de disciplines sportives reconnues comme étant d’origine grecque remonteraient en réalité à l’Egypte ancienne. 

Le sport, une invention pharaonique

Athlétisme, haltérophilie, boxe, gymnastique, aviron et autres disciplines font partie de la longue série des Jeux olympiques organisée tous les 4 ans. Les origines de ces disciplines sportives sont plus lointaines que ce qu’on pensait. Elles remontent à l’époque pharaonique, voire pour certaines à l’époque préhistorique. Le tir et l’athlétisme font partie de ces sports d’origine pharaonique. Ceci est clair dans les scènes qui figurent sur les parois des temples pharaoniques ou celles exprimées à travers les graffitis dans les grottes préhistoriques. La pratique du sport a été étroitement liée à l’existence de l’homme dans les périodes préhistoriques. L’importance du sport a évolué au fil du temps. Celui-ci était devenu indispensable dans l’Egypte ancienne pour fortifier le corps et préserver l’hygiène, sans oublier la vie militaire. Le sport était aussi un divertissement et les compétitions sportives étaient souvent incluses dans les festivités. Dans l’Egypte pharaonique, il y avait en principe deux catégories de sport. La première comprenait des sports simples et qui visaient à fortifier le corps. « Ce sont les exercices de gymnastique pratiqués par les enfants et les individus à leur domicile », explique la professeur Laila Abdel-Qader, experte en égyptologie et ayant abordé le thème du sport dans sa thèse de magistère. Quant à la deuxième catégorie, elle avait des règlements et elle exigeait un grand effort et une forte habileté. Elle était pratiquée par les amateurs et les professionnels. Parmi les sports de cette catégorie on peut citer la lutte, l’haltérophilie, le saut, la bataille à bâtons, la natation et la boxe.

En effet, sur les parois des temples on trouve expliqués des exercices simples pour tendre le buste, fortifier le dos ainsi que les extrémités du corps. Ainsi on remarque deux personnes assises par terre, leur dos collé l'un à l'autre, essayant de se mettre debout sans appui sur les mains. Une autre scène représente une personne toute droite se reposant sur sa tête. D’ailleurs, une petite statue incarne un sportif qui s’appuie sur ses extrémités en levant le corps comme pour faire une roulade arrière. Outre les différents sports individuels, l’Egypte ancienne a aussi connu les équipes sportives. L’une d’elles se composait de 5 membres portant un même uniforme ressemblant aux sportifs actuels. C’est une sorte de voile ample serré à la ceinture et rayé. Les poignets des joueurs sont entourés de rubans. La scène représente les joueurs en train d’exécuter des mouvements de gymnastique simples et collectifs. « Ces jeux reflètent la flexibilité du mouvement de l’équipe et le désir de montrer l’élégance du corps », commente Laila Abdel-Qader. Selon elle, ces exercices sportifs faisaient partie des festivals et des compétitions. « A côté de l’équipe, une jeune fille tient en main un collier d’ornement pour être offert au joueur le plus habile », reprend-elle.

 

Jeux royaux

Outre la gymnastique et les jeux simples, l’ancien Egyptien a connu, voire inventé une série de sports, à l’instar du tir et de l’athlétisme. Le tir est apparu pendant l’époque préhistorique grâce à la chasse, une activité nécessaire pour se nourrir. Raison pour laquelle l’homme a créé certains outils de chasse comme la lance, l’arc, le disque qui était en pierre et la flèche. Le chasseur de l’époque était très habile, car la chasse était étroitement liée à sa subsistance, voire son existence. « Sur les murs de la grotte de Wadi Soura au Guilf Al-Kabir, dans le désert libyque, se trouvent des graffitis représentatifs des chasseurs tenant une lance à la main Dans d’autres scènes apparaissent l’arc et le disque. Les sites préhistoriques comprennent des milliers de pointes de flèches », explique Khaled Saad, directeur général du département de la préhistoire auprès du Conseil suprême des antiquités. Selon lui, la chasse a donné naissance au tir reconnu aujourd’hui comme un sport. Cette activité a évolué tout au long de l’histoire pharaonique. A Saqqara, sur les murs de la tombe de Ka Guemni de la Ve dynastie et celle de Meri Rouca de la VIe dynastie de l’Ancien Empire, on trouve gravées des scènes de chasse où les défunts tiennent la lance et l’arc. En fait, la chasse était considérée comme un sport et un divertissement. Les scènes de pêche se répètent dans les tombes des nobles du Moyen et Nouvel Empire à Béni-Hassan. Le tir était un sport exclusif aux nobles. Le roi Amenhotep II était le plus connu pour l’exercice du sport. Sur l’une des scènes décoratives de sa tombe, il est représenté enfant, l’arc à sa gauche, la flèche à sa droite et derrière lui le maire Mine qui lui apprenait à tirer, révélant la présence des maîtres sportifs qui entraînaient les jeunes princes et les guidaient. Laila Abdel-Qader affirme qu’il y avait des planches épaisses en cuivre trouées où le sportif devait lancer sa flèche. Amenhotep II faisait tomber ces planches grâce à la force de sa lance, selon les inscriptions de la stèle du Musée de Louqsor. A 18 ans, Amenhotep II est devenu cavalier. Il excellait au tir sur la charrette à deux chevaux. Son habileté sportive était aussi marquée dans l’aviron et l’athlétisme. En revanche, l’athlétisme était répandu au sein du peuple, notamment les sauts en longueur. Une gravure qui remonte au Moyen Empire montre un jeune homme qui saute avec bravoure par-dessus un taureau. Quant au taureau, il est tenu fortement par ses cornes et sa queue afin de ne pas blesser le joueur en sautant.

 

Les premiers professionnels

Outre le tir et l’athlétisme, l’Egypte ancienne a inventé la lutte dont les scènes sont gravées sur une petite stèle dans la tombe du vizir Ptah-Hotep de la Ve dynastie, à Saqqara. Il s’agit de 6 positions de jeu avec de simples exercices pratiqués par des enfants nus et âgés d’environ 6 ans. « Le fils du vizir lui-même joue avec eux, ce qui reflète l’importance de la lutte à cette époque pour la cour royale et les nobles », retrace l’expert en égyptologie le professeur Abdel-Aziz Saleh, dans le livre intitulé La Civilisation de l’Egypte ancienne. On remarque sur cette petite stèle que les règles de jeu sont bien respectées, grâce à la répétition des gestes. Au fil du temps, la lutte a évolué. Au Moyen Empire, les peintres ont dessiné 219 positions de lutte. Il y avait des lutteurs professionnels qui gagnaient leur pain en organisant des duels devant le public. « Ces duels étaient-ils présentés sur les marchés, pendant les fêtes ou bien pendant les célébrations privées organisées par la haute société ? Personne ne peut confirmer », lance le professeur Saleh. Mais le plus important est que les Egyptiens ont pratiqué ces sports. Les peintures reflètent aussi le désir de chaque joueur de vaincre son adversaire tout en le respectant. Avant de commencer, les deux joueurs se saluaient. Le plus fort ralentissait son attaque jusqu’à ce que son adversaire rattache sa ceinture pour relancer le combat. Au Nouvel Empire, les militaires sportifs participaient à des duels de lutte lors des cérémonies célébrant les victoires militaires. Parmi les sports de combat connus au temps des pharaons, il y a la lutte au corps à corps qui est rarement représentée sur les murs des tombes. Sans oublier les duels au bâton que les Egyptiens pratiquent jusqu’à nos jours à la campagne. Ce sport est représenté dans de multiples scènes murales à l’intérieur des tombes. L’haltérophilie était aussi pratiquée. Les plus anciennes scènes de ce sport remontent au Moyen Empire. Le joueur devait lever d’une manière perpendiculaire une jarre remplie de sable. Selon les égyptologues, ce sport est l’ancêtre de l’actuelle haltérophilie, une discipline olympique.

La société égyptienne a connu également la gymnastique rythmique. Une scène de la cérémonie de la déesse Hathor gravée à l’occasion de la moisson montre un jeune homme et une jeune fille appuyés sur leur bas lèvent les jambes pour atteindre leurs têtes. Ces acrobaties reflètent des corps sportifs, flexibles et bien entraînés.

Il reste les sports nautiques comme l’aviron et la natation. Les anciens Egyptiens excellaient dans l’aviron et ils organisaient des compétitions destinées aux militaires et aux non-militaires. Le parcours atteignait parfois les 6 km. Quant à la natation, « l’ancien Egyptien était habitué à nager dans l’eau du Nil. Mais il avait peur de la mer à cause des vagues », commente le professeur Christian Leblanc, président de l’Association pour la sauvegarde du Ramesseum et directeur de la mission archéologique française de Thèbes-Ouest. Abdel-Halim Noureddine, expert en égyptologie, met en avant certaines scènes de natation dans l’une des tombes de Saqqara assurant que ce sport existait à l’époque des pharaons.

Presque tous les sports olympiques d’aujourd’hui existaient du temps des anciens Egyptiens. L’Egypte n’est-elle pas l’aube de la civilisation comme l’a affirmé l’historien James Henry Breasted ? ,

Doaa Elhami 

Les sports équestres dans l'histoire de l'Egypte

L’Egypte grecque et islamique n’a pas été le témoin de l’invention de nouvelles disciplines sportives. Par contre, le sport y a fait preuve d’une évolution remarquable. Il y existait par exemple un lieu consacré aux jeux publics. C’était une sorte de stade olympique d’une longueur de 555 m et d’une largeur de 51 m.

Dans ce stade, qui s’étendait au sud du Serapeum, on organisait aussi des courses à pied. Il y avait aussi un gymnase, localisé au nord-est du Paneum d’Alexandrie. Cet endroit renfermait le matériel utilisé pour la pratique sportive. L’Egypte grecque a aussi connu la naissance des courses de chevaux et la construction d’hippodromes aux quatre coins de l’Egypte. A Alexandrie, l’hippodrome était situé, d’après Strabon, à l’extrémité de la Voie Canopique. Un autre hippodrome a été découvert par la mission italienne à Antinoé, à Minya, en Moyenne-Egypte. Au début, l’intérêt pour les chevaux était purement militaire en Egypte ancienne. C’est seulement pendant la période hellénistique qu’on a vu apparaître l’utilisation des chevaux à des fins sportives.

Cet intérêt fut croissant à l’époque islamique, surtout pendant l’ère mamelouke. Selon Ahmad Qadri, responsable des monuments islamiques au Conseil suprême des antiquités, les sports et les festivités furent fortement liés à la prospérité économique. A cette époque, les jeux étaient répartis en deux genres. Certains étaient pratiqués par la haute société, tandis que d’autres étaient l’apanage des classes populaires.

La chevalerie, les combats et la chasse étaient réservés à l’aristocratie. Des activités principalement pratiquées pendant la saison de crue du Nil et lors du cortège de la keswa de la Kaaba nommé « mahmal » ainsi que des fêtes religieuses et civiles. A ces moments, le peuple se réunissait pour voir « les jeunes Mamelouks qui excellaient en sports équestres », explique Ahmad Qadri.

Ces festivités comprenaient des lanciers nommés « les diables rouges » du mahmal. Ces « diables rouges » inspiraient alors autant l’admiration que la crainte chez les spectateurs venus les voir défilés et pratiqués différentes sortes de joutes sportives. Ahmad Qadri rappelle qu’il y existait des endroits spéciaux consacrés à ces festivités à l’instar de la place de l’actuelle mosquée Dhaher et celle de Remela, actuelle place de la Citadelle.

Quant aux jeux populaires, ils se concentraient surtout autour de la danse du bâton, toujours pratiquée jusqu’à aujourd’hui en Haute-Egypte ,

D. E.

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Howaïda Salah -Thérèse Joseph
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.