Alexandrie .
L’emplacement du futur musée d’archéologie sous-marin de la
ville n’est toujours pas déterminé. Pourtant, les travaux
auraient dû commencer dès 2010.
Le musée sous-marin
toujours en attente
Les
fouilles dans la baie d’Alexandrie ont mis au jour de
nombreux vestiges et statues dans un état de conservation
quasi parfait. Des trésors alors accessibles uniquement aux
plongeurs. Pour exposer ces somptueuses découvertes à
Alexandrie, un projet gigantesque de musée sous-marin a été
lancé.
Il s’agit d’un musée révolutionnaire. Pour la première fois,
il sera possible de visiter un musée sous l’eau, mais à sec.
Pas la peine donc de se mouiller.
Le projet de la construction du musée d’archéologie
sous-marin d’Alexandrie n’a encore ni calendrier, ni budget
précis, et pourtant, il suscite déjà maintes curiosités et
convoitises. Sa réalisation devrait débuter en 2012-2013,
mais jusqu’à aujourd’hui, le projet n’a pas été lancé. Car
les choses ne sont pas toujours faciles : outre le coût qui
sera sans doute exorbitant, l’emplacement du musée suscite
un important débat entre responsables et archéologues.
Le ministre des Antiquités égyptiennes, Mohamad Ibrahim,
vient de demander à l’Unesco de contribuer au projet de la
construction du musée d’archéologie sous-marin au pied du
Fort de Qaïtbay d’Alexandrie. Et
là vient le problème de l’emplacement du futur musée. Mais
le projet devrait être réalisé sur le site du Port Est de la
ville, selon les études préliminaires et l’accord signé avec
l’Institut européen d’archéologie sous-marine qui ferait don
de 1,2 million de dollars pour faire les premières études du
projet.
« La construction du musée d’archéologie sous-marin dans
le site du Port Est vise à redonner à la ville son rôle de
capitale culturelle, en rappelant la présence de l’antique
Grande bibliothèque d’Alexandrie, la grandeur passée du
Portus Magnus ... C’est le meilleur endroit pour
construire le musée de la Perle de la Méditerranée. Le site
du Port Est possède une longue histoire. C’est là que se
trouvaient autrefois les plus beaux palais d’Alexandrie »,
précise Ibrahim Darwich, expert
en archéologie sous-marine et ex-directeur du Musée national
d’Alexandrie.
Son point de vue est partagé par la majorité des
archéologues égyptiens et étrangers. Quant au site du Fort
de Qaïtbay, la mer plus agitée
rend la construction plus complexe. « Si le ministère des
Antiquités construit le musée sur le site de
Qaïtbay, il perdra le soutien de
l’Institut européen d’archéologie sous-marine et de l’Unesco
qui soutient le projet de la construction du musée au Port
Est », explique un archéologue égyptien qui a requis
l’anonymat.
Troisième option
D’autres archéologues pensent que le futur musée
d’archéologie sous-marin d’Alexandrie doit être construit
dans un troisième emplacement : à Abou-Qir,
un lieu situé à 23 km au nord-est de la ville. Car les
vestiges et les statues qui y seront « exposés »
viennent en grande partie de la baie d’Abou-Qir.
« Il est vrai que les deux villes antiques englouties,
celle d’Héracléion et celle de
Canope ainsi que beaucoup d’antiquités ont été découvertes
près de la baie d’Abou-Qir. Mais
ces sites se trouvent actuellement à 12 km du rivage. C’est
très difficile de construire un musée à une telle distance.
Le Port Est est plus accessible »,
indique Ibrahim Darwich.
La réalisation de ce projet féerique se heurte aussi à
d’autres obstacles, comme par exemple la pollution qui
trouble les eaux de la baie. En ce qui concerne ces défis
techniques, il faudra trouver un moyen de rendre
transparentes les eaux tumultueuses de la baie d’Alexandrie,
pour une bonne visibilité des œuvres, et de s’assurer la
solidité de la structure, malgré les courants marins parfois
très forts.
Autre dilemme moins compréhensible : la somme destinée aux
recherches sur le projet a été consacrée aux études d’un
autre musée, celui de Charm
Al-Cheikh. Cette somme a été prêtée par l’Institut européen
d’archéologie sous-marine pour les études de la construction
du musée d’Alexandrie, mais a été dépensée à
Charm Al-Cheikh.
Les travaux d’études de la construction du musée ont été
confiés à l’architecte français Jacques
Rougerie, spécialiste des « habitats sous terre »
qui a notamment œuvré pour l’Océanopolis
de Brest. Jacques Rougerie a
participé en 2005 à un concours international en concevant
une structure à moitié terrestre et à moitié sous-marine,
ancrée dans la baie, face à la
Bibliotheca Alexandrina. Les travaux
auraient dû commencer en 2010 et durer deux ans et demi. Ils
ont été remis à 2011, puis à 2012. Et nous voilà aujourd’hui
au milieu de l’année et les travaux n’ont toujours pas
commencé .
Amira
Samir