Election présidentielle .
Chez les ouvriers, c’est Khaled Ali qui occupe la première
place alors qu’Ahmad Chafiq vient en dernier.
Khaled Ali, président des ouvriers
A
40 ans, Khaled Ali pourrait être nommé président de la
république des ouvriers. 12 leaders syndicaux et ouvriers
ont été interviewés par l’Hebdo sur la présidentielle. On
leur a demandé de classer les candidats les plus éminents
sur une échelle de 1 à 7 (1 est le favori), le jeune avocat
socialiste et fervent défendeur des droits des ouvriers est
le premier choix des 7 sur les 12 interviewés. 4 sur les 5
restants l’ont choisi en deuxième position.
Le
Nassérien Hamdine Sabbahi est le favori de trois ouvriers. «
J’ai choisi Hamdine parce qu’il a plus de chance de gagner,
bien que Khaled Ali soit le plus proche des ouvriers », a
dit un ouvrier qui a requis l’anonymat. Le choix des
ouvriers ne s’est pas fait pour l’islamiste Abdel-Moneim
Aboul-Foutouh, indépendant modéré et Mohamad Morsi, candidat
des Frères musulmans. Tous les deux ont obtenu chacun un
seul vote comme première préférence. D’ailleurs,
Aboul-Foutouh vient en second choix pour 5 de nos ouvriers.
Alors que Morsi figure en queue de la liste des préférences
pour 5 interviewés.
Ahmad
Chafiq, l’un des deux favoris des hommes d’affaires, vient
après Morsi comme le dernier choix. 9 sur 12 l’ont classé en
septième ou sixième place. Deux ouvriers ont catégoriquement
exclu de leurs listes trois candidats : Amr Moussa, Ahmad
Chafiq et Mohamad Morsi, vu qu’ils n’ont aucune confiance en
eux. Plusieurs ont déclaré qu’ils voteraient peut-être pour
Aboul-Foutouh, s’ils sentent que Khaled Ali ne pourra pas
l’emporter afin de ne pas disperser les votes.
Choisissant Khaled Ali comme leur candidat favori ou pas,
tous croient qu’il est le candidat, qui en cas de réussite,
défendra à fond les droits des ouvriers. « C’est Khaled Ali
qui a la volonté politique pour donner aux ouvriers leurs
droits », dit Nagui Rachad, du syndicat des Moulins du Sud
du Caire (société publique). Tous ces ouvriers se sont
engagés lors des dernières années dans des batailles avec
leurs patrons, investisseurs privés, ou avec l’Etat dans des
entreprises publiques, comme la fameuse bataille des
ouvriers du textile à Mahalla, ou ceux de Telecom Egypt, ou
de l’entreprise privatisée Tanta pour le lin, entre autres.
Ils préfèrent élire un président qui n’appartient pas à
l’ancien régime et est plus lié à la révolution.
Khaled
Ali était en fait en contact avec plusieurs de ces
mouvements en tant que directeur exécutif du Centre égyptien
des droits économiques et sociaux. Il était l’avocat des
ouvriers dans plusieurs procès. C’est lui qui a remporté le
procès de l’imposition d’un salaire minimum décent ainsi que
ceux du retour de trois entreprises privatisées au secteur
public en raison des transactions douteuses.
Les
aspirations des ouvriers étaient simples. En un mot : la
justice sociale est la revendication ultime pour 10 sur les
12 personnes interviewées. 2 ont avancé la sécurité en
premier lieu et 3 ont mentionné la modification de la loi du
travail alors qu’un seul a choisi la lutte contre la
corruption.
5 des
ouvriers interviewés ont dit avoir bien lu les programmes
électoraux de 2 ou 3 des candidats, 2 ont lu les programmes
de presque tous les 7 candidats mentionnés alors que les
autres ont feuilleté les programmes de certains candidats.
7 ont
jugé les candidats d’après leur expérience et leur carrière,
alors que 5 ont jugé les candidats à la présidentielle selon
leur programme, les discours des candidats ont eu une
influence secondaire sur 2 interviewés seulement.
Impôts
progressifs et salaire minimum
En leur
demandant leur avis sur certaines décisions qu’ils estiment
primordiales, les 12 ont dit être en faveur d’un impôt
progressif sur les revenus élevés. Ils sont tous aussi pour
un salaire minimum dans le secteur privé comme dans le
secteur public qui doit être de quelque 1 200 L.E. ou 1 500
selon d’autres. « Vu les conditions actuelles, le salaire
minimum peut être de 1 000 L.E. pour une période transitoire
avant de passer à 1 500 L.E. », dit Gamal Osman, de
l’entreprise privatisée Tanta pour le lin.
8 sont
pour l’imposition de tarifs douaniers sur les produits
importés afin d’encourager la production locale alors que 3
ont été contre une telle mesure, surtout en ce qui concerne
les produits intermédiaires qui entrent dans la production.
8 ont été pour l’annulation des subventions à l’énergie pour
les industries lourdement consommatrices d’énergie alors que
seuls 3 ont été pour l’annulation des subventions à
l’essence et au diesel. Les autres ont préféré maintenir
cette sorte de subvention sur ces deux produits utilisés
pour les voitures vu leur effet inflationniste.
En
répondant à la question : qui est le candidat qui donnera le
baiser de mort aux ouvriers, Ahmad Chafiq et Mohamad Morsi
ont été les plus mentionnés. Certains ont cité plusieurs
noms. Mais c’est Ahmad Chafiq qui est le plus haï avec 7 qui
l’ont mentionné. « J’étais en contact direct avec Ahmad
Chafiq vu mon travail à EgyptAir. Il n’écoute personne et
prend des décisions aléatoires », dit Khaled Mouawad du
syndicat d’EgyptAir, la compagnie publique d’aviation
civile.
Ensuite,
c’est Morsi qui inquiète plus les leaders ouvriers. Il est
perçu par 6 ouvriers comme fatal. « Les Frères musulmans
adoptent une vision très capitaliste. Ils ne prennent pas en
considération les intérêts des ouvriers », estime Gamal
Osman. 4 ont mentionné Amr Moussa, ex-ministre des Affaires
étrangères, et un interviewé a mentionné Sélim Al-Awwa, un
autre islamiste indépendant. 2 se sont abstenus. Il s’agit
en fait de deux ouvriers qui viennent d’entreprises situées
dans les nouvelles villes industrielles avec une courte
expérience syndicale.
Les
ouvriers sont plus engagés que les hommes d’affaires dans
les campagnes électorales. Ainsi, 8 des leaders ouvriers
interviewés ont participé à la campagne de certains
candidats. 7 sont dans la campagne de Khaled Ali et un dans
la campagne de Hamdine Sabbahi. Asmaa Abdel-Mordi, la plus
jeune des interviewés, a dit qu’elle voulait bien y
participer mais pense que la campagne de Khaled Ali n’a pas
été ressentie dans son entourage. Khaled Mouawad d’EgyptAir
a dit qu’il y participe de façon indirecte à cause de ces
horaires de travail qui ne lui permettent pas d’être sur le
terrain. Il tente de convaincre les gens pour voter pour
Khaled Ali et Hamdine Sabbahi et déconseille le choix
d'Ahmad Chafiq .
Marwa
Hussein, Dahlia Réda et Gilane Magdi