Al-Ahram Hebdo, Evénement | Des libertés à conserver

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Abdel-Fattah El Gibali
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

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 Semaine du 16 au 22 mai 2012, numéro 922

 

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Election Présidentielle . Dans leurs programmes, tous les candidats promettent un exercice plus vaste des libertés de manifester, d’expression et de culte. Si certains y ont consacré des chapitres, d’autres se sont contentés de les évoquer.

Des libertés à conserver

Les récentes déclarations du candidat Abdel-Moneim Aboul-Foutouh, ancien dirigeant des Frères musulmans, ont suscité un débat houleux sur la liberté de culte dans son programme électoral. Dans une émission télévisée diffusée fin mars, Aboul-Foutouh, islamiste modéré, a annoncé que « tout citoyen est libre de choisir la religion à adopter, et que tout musulman a le droit de se convertir au christianisme et vice-versa, sans aucune intervention, ni d’Al-Azhar, ni de l’Eglise, et que l’Etat doit le protéger ». « L’Erdogan égyptien », comme certains l’appellent, voudrait attirer les suffrages d’une partie de l’opposition non islamiste. Réduisant les références religieuses dans son discours à leur plus simple expression, il entend rassurer les coptes et les minorités.

De son côté, le candidat Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères et ex-secrétaire général de la Ligue arabe, se présente comme un rempart contre l’influence croissante des islamistes. Dans son programme, il refuse de modifier l’article 2 de la Constitution qui fait de la charia la source principale de la législation tout en accordant le droit à autrui de recourir à ses lois religieuses, et ce, en leur élaborant des articles à part, et de mieux conserver la citoyenneté.

Sous Moubarak, de sévères restrictions ont été imposées à la liberté religieuse, et d’innombrables conflits sectaires ont eu lieu, notamment en ce qui concerne la communauté bahaïe, dont les rites sont incompatibles avec la charia. Vont-ils vivre paisiblement sous le nouveau président ? « Il n’y a aucune différence à faire entre les citoyens sur la base de la religion. Ils sont tous égaux. Peu importe s’ils vont à une mosquée ou à une église ou ailleurs encore … », souligne le candidat Mohamad Morsi, président du Parti Liberté et justice, bras politique des Frères musulmans. Il a consacré le deuxième chapitre de son programme aux libertés individuelles, où il défend également la liberté de protester pacifiquement, qui est le droit de chaque Egyptien. Des actes et non pas des paroles : Morsi a suspendu sa campagne électorale pour 48 heures, en signe de solidarité avec les manifestants après les violences survenues devant le ministère de la Défense, le 4 mai. Même position est adoptée par Khaled Ali, qui dénonce le recours à la violence contre les protestataires. Avocat et défenseur des manifestations ouvrières, Ali veut mettre à profit toute son expérience dans le domaine de la justice pour défendre les libertés. Dans son programme électoral, il promet la révision des lois organisant les manifestations et les sit-in pour les exercer sans que l’Etat mette les bâtons dans les roues. Or, le candidat Ahmad Chafiq, dernier premier ministre de Moubarak, les réclame pareillement, mais tout en insistant à imposer des limites « pour ne pas porter atteinte à l’ordre public ».

Pour sa part, le candidat Hamdine Sabbahi, leader des Nassériens radicaux, promet en quelques lignes dans son agenda de respecter tous les droits politiques et d’abolir toutes les lois imposant des restrictions au droit à manifester, aux grèves et aux sit-in. Même son de cloche pour Aboul-Foutouh. Il promet de protéger les libertés civiles et politiques en « réactivant le rôle de la société civile, des syndicats et des organisations de la société civile », cite-t-il dans le deuxième chapitre de son programme élaboré en six axes.

Le rapport annuel de l’organisation mondiale Human Rights Watch dénonce : « La liberté d’expression a été agressée sous Moubarak, et encore aujourd’hui ». Il énumère plusieurs cas d’arrestation des manifestants et des blogueurs, des interrogatoires des journalistes et des militants pour avoir critiqué l’armée, des agressions commises contre des journalistes, même les étrangers, et la suspension des licences des chaînes satellites, sans compter les procès contre l’homme d’affaires Naguib Sawirès, et du célèbre comédien Adel Imam pour « mépris » de la religion, en vertu des lois « arbitraires » datant du régime Moubarak. L’abrogation de ces lois et la garantie des libertés des médias, de pensée, d’opinion, de créativité, et de publication de journaux sont recommandées par tous les candidats. Sabbahi, journaliste de carrière, confirme dans ses déclarations aux médias que ces libertés devraient être gérées par des chartes d’honneur élaborées par les syndicats concernés, sans imposer des peines de prison. Lui, Moussa et Aboul-Foutouh préfèrent supprimer le ministère de l’Information et le remplacer par un conseil ou un organisme indépendant, comme on le lit dans leurs documents.

Moussa s’est contenté de promettre, dans son agenda, une purification de l’organisme médiatique. De plus, il a dévoilé récemment, dans ses déclarations, son intention de faire rendre aux médias officiels leur crédibilité « pour ne pas jouer le rôle du porte-parole du régime et couvrir ses abus ». Aboul-Foutouh est allé plus loin. Dans ses papiers, il cherche à abolir la loi actuelle relative à la presse, pour permettre l’exercice de la liberté d’expression « sans la moindre limite ».

Et Chafiq suit cette même ligne concernant la liberté des médias, mais de plus, il sort encore une fois avec « ses lignes rouges » à ne pas dépasser, parlant de sécurité nationale. Très étonnant, puisqu’il venait de confisquer l’enregistrement des journalistes après son interview sur la BBC pour l’avoir interrogé sur ses rapports avec Moubarak et le maréchal Hussein Tantawi !.

Héba Nasreddine

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