Al-Ahram Hebdo, Evénement | Les électeurs dans l’indécision

  Président
Abdel-Fattah El Gibali
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

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 Semaine du 16 au 22 mai 2012, numéro 922

 

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Election Présidentielle . A une semaine du scrutin, presque la moitié des Egyptiens ne savent pas quel sera leur choix. 13 candidats sont en lice et leurs programmes s’efforcent de répondre aux revendications de la révolution.

Les électeurs dans l’indécision

« Pain, liberté, justice sociale ». C’est le chant qui a fait vibrer la place Tahrir en janvier et février 2011. Depuis le déclenchement de la révolution du 25 janvier et pendant 18 jours successifs et jusqu’à la chute de Moubarak, ces revendications populaires n’ont cessé de retentir à chaque fois que les Egyptiens retournaient sur la place. Les candidats au marathon présidentiel semblent être très conscients de ce que représentent ces « notions » pour les Egyptiens.

La plupart des programmes sont, en effet, similaires : une économie libre avec une justice sociale, un rôle plus marqué de l’Etat et une amélioration de l’éducation et de la santé, la lutte contre la corruption, des projets nationaux géants et la protection des libertés. Une similitude due au fait que les grands problèmes sont bien connus. Les solutions aussi, mais la difficulté face à chacun d’entre eux serait cette capacité de mise en œuvre et l’habileté à mobiliser les Egyptiens, les convaincre d’accepter les sacrifices nécessaires pour appliquer ces programmes.

Le traditionnel discours sur le développement recule en faveur des questions de justice sociale. Un salaire minimum, une allocation de chômage, une assurance médicale, la suppression des subventions sur le gaz aux usines et une annulation des dettes des agriculteurs. Aucun des candidats ne se permet désormais de passer outre. Les détails restent sur le taux, la somme ou la date. Mais les Egyptiens commencent déjà à recueillir les fruits de la révolution quel qu’il soit le nom du futur président. C’est ce que croit le journaliste économique Waël Gamal, qui a étudié de près tous les programmes électoraux.

Pour l’expert en communication Yasser Abdel-Aziz, les programmes des candidats avec leurs différentes tendances restent sur le fond très proches l’un de l’autre. « Les slogans de la révolution sont irrésistibles », note-t-il. En ce qui concerne les principes de la révolution, on peut relever que « chez les candidats révolutionnaires, tels que Hamdine Sabbahi et Khaled Ali, ces notions sont évoquées avec profondeur et en détail ». Abdel-Moneim Aboul-Foutouh accorde un chapitre sur la « politique sociale » au côté d’un chapitre sur « la politique économique ». Presque tous s’efforcent ainsi de développer des idées pour une économie « productive ».

Même les plus libéraux, qui évoquent juste un langage pour attirer l’électorat, accordent une importance pour les dépenses de l’Etat, comme c’est le cas de Amr Moussa. Le candidat des Frères musulmans est peut-être le plus libéral de tous, même s’il parle d’« économie de développement ». Mohamad Morsi est le seul candidat qui évoque la privatisation « réglementée », dit-il. Un rôle des hommes d’affaires est également mis en relief.

En moyenne, les programmes des candidats s’étalent sur 80 pages, presque la moitié est consacrée à l’économie. Même ceux qui n’ont pas publié de programme du tout, à l’instar d’Ahmad Chafiq, qui s’est contenté d’une brochure, évoquent les mêmes titres.

Bidonvilles, chômage et grands projets, soit des investissements de l’Etat. L’amélioration des « conditions de vie » est récurrente ainsi que la lutte contre la pauvreté qui touche environ 40 % de la population en fonction des estimations des Nations-Unies.

Les taxes avec une nouvelle échelle « progressive » sont ainsi proposées. Certains parlent ouvertement de taxes plus élevées pour les plus riches, mais d’autres comme Moussa préfèrent parler uniquement d’un système plus « équitable ». Hamdine Sabbahi, candidat de gauche, a fondé son programme sur ces 3 slogans de la révolution. Il part du principe des « droits » économiques et sociaux. Ce qu’il appelle le 7+1, mais sa vision s’étale pourtant sur deux mandats de 4 ans chacun. Chez Khaled Ali, qu’il s’agisse « de politique ou d’économie, le tout renvoie à la dignité humaine égyptienne et à la justice sociale ».

Chez Amr Moussa par exemple, dans son énorme programme de 80 pages, on le voit bien tout comme les autres parler de justice sociale. En effet, presque sur chaque page de son programme électoral, les termes de justice sociale et de liberté sautent aux yeux même si le contexte ne l’exige pas, mais lorsqu’il parle de la réduction de la pauvreté de 20 %, il ne précise pas comment. Il semble compter surtout aussi sur des investissements étrangers contre un encouragement des investisseurs « patriotiques » chez Aboul-Foutouh ou Sabbahi.

Sondages, nouvelle expérience

Cette similitude n’est guère surprenante, et il n’est guère surprenant non plus que les candidats soient dans une large mesure vus et évalués sur leurs personnalité, défauts, histoire. On est presque dans une concurrence « personnelle », et les programmes électoraux ne semblent pas trop préoccuper les Egyptiens, en dépit du temps et de l’effort, imaginés, que les candidats auraient déployés.

Pour Al-Azabawi, « les Egyptiens font leur choix selon quelques principes commençant par les intérêts, ensuite l’impression, la réputation qui est souvent influencée par les campagnes médiatiques et la télévision ».

Selon les sondages les plus récents, effectués par le quotidien Al-Shorouk, 32 % d’électeurs ont choisi Aboul-Foutouh pour son programme et 34 % pour sa personnalité et 7 % ont choisi Moussa pour son programme et 31 % pour sa personnalité. Mais ce qui reste le plus étonnant c’est que presque la moitié des Egyptiens n’ont toujours pas choisi leur président. Une proportion qui augmente selon les derniers sondages effectués par le centre Al-Bassira des recherches et des études.

Yasser Abdel-Aziz explique que les sondages sur les élections est un nouveau concept en Egypte. Car ils sont liés à une réelle concurrence politique, ce qui n’existait pas sous l’ancien régime. « L’expérience est louable, même si des erreurs sont notées », explique-t-il. Et d’ajouter : « Ces résultats reflètent la réalité. La rue égyptienne souffre d’une réelle dispersion, ce qui est normal, car les Egyptiens sont exposés à des changements radicaux ».

Chaïmaa Abdel-Hamid

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