Al-Ahram Hebdo, Voyages | Un phénomène à élucider

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 Semaine du 4 au 10 janvier 2012, numéro 903

 

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Découverte . Au mois de décembre, les rayons du soleil tombent à la perpendiculaire sur Amon, gravé dans le sanctuaire du temple de la reine Hatchepsout à Deir Al-Bahari. De quoi venir confirmer l’idée que les pharaons étaient des astronomes exceptionnels.

Un phénomène à élucider

Des agences de presse, des caméras posées partout et une grande foule de touristes, tous se sont regroupés à Louqsor. Objectif : observer le phénomène de la tombée des rayons du soleil sur la scène d’Amon au sanctuaire du temple jubilaire de Hatchepsout à Deir Al-Bahari. « Ce phénomène naturel a lieu le 21 décembre de chaque année », explique Moustapha Waziri, directeur du département de la documentation archéologique en Haute-Egypte. Les rayons du soleil éclairent, en fait, une scène de la divinité Amon devant laquelle est accroupi le roi Thoutmosis III pendant 120 secondes, soit deux minutes. Pour l’atteindre, les rayons du soleil font une course de 1 000 mètres, commençant par la porte principale du temple de Karnak de l’autre côté de la rive du Nil pour illuminer la statue d’Amon et passer ensuite au milieu des deux obélisques sculptés par la reine Hatchepsout, traversent le Nil et pénètrent dans la troisième terrasse du Deir Al-Bahari, pour enfin illuminer la scène d’Amon.

Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau à l’archéologie égyptienne puisqu’il se déroule deux fois par an dans le temple d’Abou-Simbel, sa découverte cette fois-ci a suscité un grand débat dans les milieux archéologiques. Si une équipe le lie à la date de naissance de la reine Hatchepsout, d’autres estiment que ce phénomène mérite d’être étudié plus attentivement et avec beaucoup plus de précautions.

L’histoire de la découverte de ce phénomène a commencé en 2005, lorsque l’ex-chef des antiquités, Zahi Hawas, a chargé une équipe égyptienne d’observer le mouvement du soleil et ses rayons perpendiculaires sur la scène d’Amon, dans le sanctuaire du temple de Deir Al-Bahari. « Cette étude a duré plus de cinq ans. Notre problème était de connaître sa durée, s’il durait deux jours ou un seul » explique Waziri.

Pour lui, cette documentation a pris en compte toute l’excursion solaire depuis la porte d’entrée du temple du Karnak jusqu’au sanctuaire d’Amon au temple de Hatchepsout. En effet, Hatchepsout avait décidé de faire installer son temple sur la même ligne du temple de Karnak. Waziri relie ce phénomène naturel à la légitimité du règne de la reine elle-même. En effet, n’ayant pas le droit d’être intronisée, Hatchepsout avait inventé une légende pour convaincre le peuple de sa légitimité. Il s’agit d’un mariage sacré entre la divinité Amon et sa mère qui a duré une seule nuit. Hatchepsout en était le fruit. Ainsi avait-elle annoncé au peuple son droit légitime sur le trône égyptien. Cette annonce pourrait être reflétée et commémorée par ce phénomène annuel. « Mais on n’en est pas encore certain », précise Waziri.

Plus d’observations

Si Waziri assure la réalité de ce phénomène et sa relation avec certains faits de la vie de la reine Hatchepsout, d’autres trouvent que ce phénomène mérite plus de temps, d’observations et d’études entre égyptologues. D’après le professeur Zbigniew Szafranski, directeur de la mission polonaise opérant à Deir Al-Bahari depuis plus de 40 ans, Hatchepsout avait décidé de faire une fenêtre devant la scène d’Amon, suivie d’une autre, pour que les rayons du soleil pénètrent deux fois par an, afin d’illuminer le visage sacré. Pourquoi ? Une grande question dont les égyptologues cherchent la réponse. L’autre énigme à résoudre est la datation. « Jusqu’à présent, on n’arrive pas à préciser la date exacte de ce phénomène. Mais on suppose qu’il pourrait être effectué au mois d’octobre et de février comme c’est le cas dans le temple d’Abou-Simbel », souligne le professeur. « Quant au mois de décembre, il est loin de nos calculs. Il faut prendre en considération que les rayons du soleil pénètrent dans le sanctuaire à travers les portes tous les jours et que l’illumination est plus forte en hiver, parce que le niveau du soleil est inférieur à celui du reste de l’année. L’essentiel est que cette ligne solaire qui pénètre à travers les fenêtres pour éclairer le visage sacré arrive deux fois seulement par an », reprend le directeur. Afin de connaître la date correcte de ce phénomène, Szafranski a coopéré avec l’égyptologue français Luc Gabolde, qui a opéré pendant des années sur le temple de Karnak. Ils vont calculer l’angle de la ligne solaire passant par les fenêtres avec la ligne horizontale du sol du sanctuaire. Le professeur met l’accent sur l’actuelle place du temple qui a changé par rapport à celle au temps de sa construction. Cette différence est due à des séismes qui ont secoué le pays au cours de ces longues années passées.

Szafranski n’admet pas l’interprétation qui lierait ce phénomène solaire à la date de naissance ou la date de couronnement de Hatchepsout. Avis partagé par l’égyptologue Ahmad Saleh, qui assure que personne ne connaît les deux dates. Il faut se rendre aux documents civils de l’époque et en déduire des calculs. Donc, rien n’est sûr. Afin de résoudre ce problème, il faut « faire des études astronomiques approfondies et voir leur lien avec les temples funéraires. Malheureusement, nos facultés d’archéologie sont privées de cette branche fortement liée à l’égyptologie », déplore Khaled Saad, directeur général du département de la préhistoire.

Le temple de Hatchepsout, comme les autres temples pharaoniques, comprend plusieurs secrets solaires et lunaires que les égyptologues cherchent à dévoiler par diverses études poussées .

Doaa Elhami

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