Al-Ahram Hebdo, Arts | L’ombre du Caire
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 Semaine du 24 au 30 août 2011, numéro 885

 

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Arts

Exposition . A travers un jeu d’espace bien structuré, l’installation La ville fantomatique, au centre Saad Zaghloul, crée une ambiance sonore originale. Une collaboration égypto-suisse qui témoigne de l’évolution de la capitale cairote.

L’ombre du Caire

« L’orchestre invisible des grandes villes s’est perdu comme les souvenirs de l’enfance ... Chaque bruit avait un sens ! », a écrit le philosophe et sociologue français Henri-Pierre Jeudy. C’est cet orchestre de sons qui animait la vie quotidienne du Caire, lui donnant son atmosphère singulière, que propose de réanimer avec nostalgie l’immense installation sonore interactive de La ville fantomatique, accompagnée d’un dispositif visuel (scénographie et photographie).

Dès l’entrée de la salle d’exposition du centre Saad Zaghloul, le visiteur est invité à traverser trois « phases » pour arriver au « sacro-saint » : un grand écran d’où scintille une lumière éclatante, accroché sur le mur de la quatrième chambre qui constitue la dernière phase de l’installation La ville fantomatique. Projet artistique différent et original, ce travail de documentation sur les sons cairotes est une collaboration du centre Saad Zaghloul avec l’institut culturel suisse Prohelvetia.  Deux compositeurs suisses, Franziska Baumann et Alfred Zimmerlin, et quatre artistes égyptiens, les compositeurs Nahla Mattar et Marwan Fawzi, la photographe Doaa Qassem et l’artiste d’art visuel Tareq  Maamoun, contribuent à cette ville fantomatique, dont la visite débute par un long couloir entre deux longs tissus blancs, et éclairé à son parterre de multiples petites lampes bleues fluorescentes.

De ce long couloir émanent des sons très bas, collectés dans les couloirs du métro cairote. Au bout du couloir, le visiteur pénètre dans la deuxième phase de l’installation où sont suspendues, en labyrinthe, de multiples photos en grand format, représentant des rues cairotes la nuit. Un travail de Tareq Maamoun. Une fois cette deuxième phase achevée, le visiteur est convié au troisième espace, intitulé Le tunnel. Sur le rideau blanc qui couvre totalement les deux côtés du tunnel sont incrustées de nombreuses photos classiques de divers places, objets et monuments cairotes, anciens et modernes (pont Qasr Al-Nil, taxi, croix au-dessus d’une église, le café Groppi, échoppe d’antiques, Al-Ghouriya, joueur de mizmar). Ou encore une affiche où on lit : « Chute de Moubarak » et un poster de la révolution du 25 janvier. Ces photos de la jeune photographe Doaa Qassem sont accompagnées d’une multitude de sons cairotes, qui sont autant de témoignages, teintés de nostalgie, de l’évolution de la vie au Caire, surtout après la révolution du 25 janvier, ainsi que le conçoit Qassem. Les sons sont ceux d’un vendeur de jus de réglisse, des voix de révolutionnaires, des cris de marchands ambulants, le souffle de vent, des gazouillements d’oiseaux, une chute d’eau ... avec une teinte  énigmatique ancienne et moderne, ces sons rappellent notre quotidien. « Lors de son déplacement d’une phase à l’autre qui le prépare psychologiquement à gagner le sacro-saint, tout visiteur se sentira comme dans un temple pharaonique majestueux, sous l’effet des rideaux blancs, d’un éclairage ombreux et de sons nostalgiques qui s’ancrent dans l’architecture du lieu. Cette sensation relève du spirituel », affirme la jeune musicologue des sons du tunnel Nahla Mattar.

Une spiritualité qui s’accentue dans la chambre du sacro-saint. Le travail des quatre compositeurs suisses et égyptiens s’assemble sur ordinateur, pour offrir aux visiteurs, par le biais d’un écouteur, la liberté d’appuyer sur l’arrangement musical qu’il préfère écouter. « Le rôle de l’oreille dans notre société a longtemps été mis de côté. Pourtant, l’influence des sons sur notre milieu peut conduire à des processus de territorialisation divers, selon leur qualité et la réceptivité des individus. Puiser dans les sons variés de la ville cairote, les collecter puis les arranger d’une manière à rendre le désagréable ou l’assourdissant plus beau et cadencé à l’ouïe du visiteur. C’est ce que vise La ville fantomatique qui a pour but de lier l’art à la ville et s’interagir avec elle », déclare Mattar.

Les arrangeurs musicaux égyptiens ont d’ailleurs puisé le son de leur travail dans un immense collage de textures issues du milieu naturel cairote à l’état brut. Les arrangements musicaux d’Alfred Zimmerlin penchent plus vers le spirituel. Le compositeur et violoncelliste suisse a, en effet, collecté des sons puisés dans la litanie des messes coptes et dans les voix du muezzin. Quant à la compositrice et chanteuse suisse Franziska Baumann, son travail se centre sur les sons cacophoniques et les échos des klaxons qui, pour elle, sont un langage typiquement cairote, un moyen de communication bien compris entre les citoyens. « Les arrangeurs suisses ou égyptiens, dans La ville fantomatique, ont réussi à travers quatre différentes perspectives de la ville, à créer une agréable symphonie qui invite à la méditation. Je préfère l’appellation  L’ombre de la ville que La ville fantomatique, pour ne pas transmettre au récepteur cette impression de panique. Cette combinaison entre jeu d’espace et arrangements musicaux modernes, sans aucune déformation des sons originels collectés, crée merveilleusement la trame de l’installation », conclut l’artiste Tareq Maamoun.

Névine Lameï

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Jusqu’au 8 septembre, de 21h à 23h (sauf le vendredi), au centre Saad Zaghloul. Al-Mounira.

 




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