Al-Ahram Hebdo, Egypte | Le changement a du mal à se conjuguer au présent

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Labib Al-Sebai
 
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Hicham Mourad

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 Semaine du 29 juin au 5 juillet 2011, numéro 877

 

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Egypte

Coupures de presse. A lire la presse, l’heure est à la déprime. Beaucoup d’éditos crient à la perte de la révolution, ou appellent à retourner place Tahrir. L’appel au sit-in ouvert le 8 juillet dans toute l’Egypte fait boule-de-neige malgré les divergences autour de ses revendications. L’été s’annonce chaud, et surtout inquiétant.

Le changement a du mal à se conjuguer au présent

« Y a-t-il quelque chose qui a changé ? », questionne le philosophe et penseur Hassan Hanafi dans son article publié dans l’hebdomadaire Al-Arabi de tendance nassérienne. Il revient sur le jour où les télévisions ont diffusé les images du premier Conseil des ministres après la chute de Moubarak, lorsque le grand portrait de ce dernier a été décroché du mur et remplacé par un tableau portant le nom d’Allah (Allah Galla Galalouhou : Au-dessus de tous, incomparable). « Le président Dieu a été remplacé par le Dieu président … Rien n’a changé ni dans la structure de la pensée ni dans la psychologie du citoyen. La forme a changé, mais pas le fond. Le Dieu est personnifié tout comme la prophétie a été personnifiée en la personne du prophète. La personnification s’est étendue à toutes les facettes de la vie, l’administration est le directeur et le ministère est le ministre, l’école est le proviseur, la rue est le policier, le bus est le chauffeur et la famille est le père. Et si le président est fini, tout se termine avec lui ». Pour lui, cette structure mentale qui n’a pas changé a oublié que Dieu, selon le Coran, est justice, égalité, développement et libération des peuples des jougs de l’oppression. « Et si on avait mis un tableau avec l’inscription : La justice est le fondement de la gouvernance (al-adl assas al-hokm), on aurait pu dire à ce moment qu’il y a un changement dans la structure culturelle de la compréhension du concept de la gouvernance. Et comme rien n’a changé dans la structure politico-culturelle, il y a encore de la torture dans les postes de police, et les anciens conseils municipaux sont toujours actifs, ni le peuple ni la révolution n’ont pu les changer. Les cours militaires sont toujours là et n’ont pas été affectées par les notions de citoyenneté et d’Etat de droit. Et les sbires de l’ancien régime espèrent toujours reconquérir le pouvoir et l’argent. Les mêmes chansons et publicités médiocres envahissent encore les médias comme si rien n’avait changé. L’art spontané et nouveau, généré par la révolution sur la place Tahrir, ne s’est pas transformé en art populaire médiatisé par lequel l’esprit de la révolution se transmet à l’esprit de l’Etat ». Il en conclut que si la révolution de janvier a connu le succès sans idéologie préalable, elle a besoin maintenant d’une pensée révolutionnaire qui transforme l’expérience vivante en culture politique, pour ne pas perdre tout espoir de continuité.

Dans un édito sur les pages du quotidien Al-Shorouk, l’écrivain Waël Qandil titre : « Toutes les routes mènent à Tahrir ». Il juge que « de gros nuages sombres s’accumulent dans le ciel de l’Egypte et il est à craindre que l’on soit dans l’attente d’un ouragan ». Pourquoi ? Selon l’auteur, la révolution a été spoliée et n’a pas eu le temps de mûrir, « ce fut une opération d’endiguement réussie et ceux qui l’ont exécutée ont eu l’air de dire aux révolutionnaires : rentrez chez vous et nous donnerons ce que vous réclamez. Or, les jours ont passé et les mois aussi sans que les gens sentent un changement qui égale le prix consenti ». Il va plus loin en affirmant que la scène actuellement ressemble beaucoup à ce qui prévalait avant le 25 janvier. « Le thermomètre s’est remis à chauffer par le fait de la colère au point où nous arrivons au point de l’explosion encore une fois. Toutes les demandes de nettoyage du régime ont été ou détournées ou bloquées. Les hommes de Gamal et Suzanne Moubarak sont toujours là et bénéficient de la priorité dans les nominations gouvernementales. Il suffit de mentionner le nouveau ministre des Affaires étrangères. Sans oublier les conseils municipaux et autres … ». Il écrit également que les hommes de Moubarak se sont mis au service du Conseil militaire et jouent les mêmes rôles. 

Et la colère gronde du côté des jeunes de la révolution qui ont lancé un appel il y a quelques semaines à un sit-in ouvert le 8 juillet prochain. « Les jeunes de la 2e révolution de la colère ont annoncé que la manifestation aurait pour nom Le vendredi des martyrs et pauvres de l’Egypte et que l’objectif premier est de sauver la révolution au moment où il y a un recul visible dans la réalisation des demandes de la révolution. Le pays vit actuellement des événements qui montrent que la révolution va se perdre. Des voix s’élèvent pour dire que la révolution n’a rien réalisé au moment où il n’y a pas de volonté politique de la part de ceux qui dirigent le pays de vouloir le changement total. On nous pousse à accepter des moitiés de solutions alors que les forces politiques sont dispersées », rapporte Al-Masry Al-Youm.

Loin de ce tumulte autour de l’avenir de la révolution, un prisonnier dans la prison de Wadi Al-Natroun a pris le devant en entamant une grève de la faim, pour réclamer d’obtenir le même traitement que Hosni Moubarak et d’être transféré à l’hôpital de la prison de Torah ou à celui de Charm Al-Cheikh. « Le prisonnier souffre, selon sa sœur, de maux dans le dos et de problèmes cardiaques et a subi une opération. Elle affirme avoir demandé le transfert de son frère à l’hôpital, ce que l’administration carcérale a refusé. Le prisonnier a commencé la grève de la faim le 24 mai dernier et se nourrit de jus seulement », rapporte Al-Shorouk.

Les jeunes membres de la confrérie des Frères musulmans ont eux aussi décidé de faire leur révolution en créant une page Facebook pour s’opposer « au despotisme des dirigeants de la confrérie ». Ils ont appelé leur page Ne discute pas et ne polémique pas, écrit Al-Masry Al-Youm. Comme quoi la révolution a, malgré tout, semé des germes …

Najet Belhatem

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