Al-qaëda
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Succédant à Ossama
bin Laden, tué le 2 mai par les
forces spéciales américaines, Ayman
Al-Zawahri (59 ans), considéré
comme le cerveau de l’organisation terroriste, vient d’être
désigné à sa tête. Cela promet des jours difficiles pour les
Etats-Unis, revenus à la case départ.
Sur les traces de Bin Laden
Désigné
comme nouveau chef d’Al-Qaëda,
Ayman Al-Zawahri
sera désormais l’homme le plus recherché du monde. Cet
Egyptien était en fait considéré comme le « favori » pour
prendre la tête de l’organisation terroriste depuis la mort
de Bin Laden le mois dernier. Dès le premier jour, le
nouveau chef n’a pas caché sa stratégie : suivre la même
voie que Bin Laden et déclarer le djihad (la guerre sainte)
aux Etats-Unis et à Israël. Dans un premier message vidéo
diffusé il y a quelques jours, Al-Zawahri
a été clair. « Nous devons continuer sur la voie du djihad
pour chasser les étrangers de la terre des musulmans et
purger cette terre de l’injustice. Bin Laden continuera de
hanter l’Amérique, Israël et leurs alliés croisés, leurs
agents corrompus, qui ne trouveront pas le sommeil et la
sécurité tant qu’ils occuperont des terres de l’islam », a
menacé le nouveau leader après avoir fait l’éloge funèbre de
son prédécesseur. On peut dire que ce message, à la fois
défiant et menaçant, réduit à néant tous les efforts
déployés par les Etats-Unis au cours de la dernière décennie
pour liquider Bin Laden.
Washington pensait « faussement » que la légende d’Al-Qaëda
serait détruite à jamais après la mort de Bin Laden. Or, la
réalité prouve le contraire car après la mort de ce dernier,
Washington n’a fait que changer d’ennemi. Selon les experts,
les jours à venir seraient difficiles pour les Etats-Unis
car l’idéologie de Bin Laden est gravée dans la mentalité de
tous ses disciples, entre autres Ayman
Al-Zawahri. Ce dernier pourrait
être encore plus redoutable que son prédécesseur, car il n’a
rien à perdre. En 2001, alors qu’il fuyait l’Afghanistan
pour se réfugier dans les zones tribales pakistanaises, son
épouse, ses deux filles et son fils, restés à Qandahar, le
fief des talibans, ont été tués par des bombes américaines.
Dès lors, Ayman Al-Zawahri
n’a qu’une idée en tête : se venger. Selon les experts, le
nouveau leader serait aussi plus dangereux que Bin Laden,
car c’est lui qui a conçu la structure d’Al-Qaëda
: il était le vrai « cerveau » de l’organisation. La
majorité des opérations commises par
Al-Qaëda à travers le monde portent sa marque, entre
autres les attentats contre les ambassades américaines au
Kenya et en Tanzanie, en août 1998, ceux de Madrid (2004) et
de Londres (2005), sans oublier ceux du 11 septembre 2001
aux Etats-Unis.
Passant de la parole à l’acte, Ayman
Zawahri a exhorté cette semaine
tous les moudjahidin en Afghanistan, au Pakistan, en Iraq,
en Somalie, dans la péninsule arabique et au Maghreb
islamique à « redoubler d’efforts dans le djihad contre les
croisés et leurs agents ». Il a aussi encouragé les
Pakistanais à se soulever contre leurs militaires
mercenaires et leurs hommes politiques corrompus qui ont
transformé le Pakistan en une colonie américaine. Saluant
les soulèvements populaires en Tunisie, en Egypte, en Libye,
en Syrie et au Yémen, il a assuré les jeunes protestataires
dans ces pays du soutien d’Al-Qaëda.
« Nous menons avec vous un même combat contre les Etats-Unis
et leurs agents », a-t-il dit.
Washington joue l’indifférence
Minimisant l’importance de la désignation d’Al-Zawahri
à la tête d’Al-Qaëda, les
Etats-Unis ont émis des doutes quant à la capacité de ce
dernier à gérer l’organisation terroriste, car il n’a pas le
charisme de Bin Laden. « De plus, il est autoritaire et tout
dialogue avec lui est difficile », affirme le secrétaire
américain à la Défense, Robert Gates, qui a déclaré que ce
nouveau chef est loin d’avoir l’envergure de son
prédécesseur et il éprouvera des difficultés à imposer son
autorité à l’organisation terroriste. « Il doit s’occuper
d’abord de sa propre survie. Et puis, j’ai entendu dire
qu’il suscitait la méfiance au sein d’Al-Qaëda
parce qu’il est égyptien », a-t-il ajouté.
Quelles que soient les difficultés qui attendent Al-Zawahri,
les Etats-Unis ont déjà juré que le nouveau chef aurait le
même sort que son prédécesseur et serait très vite éliminé,
a assuré samedi le chef d’état-major interarmes américain,
l’amiral Mike Mullen, ajoutant que la désignation d’Al-Zawahri
n’était pas une surprise pour Washington. « Lui et son
organisation continuent à nous menacer. De même que nous
avons cherché à arrêter et à tuer Bin Laden et sommes
arrivés à le faire, nous ferons certainement la même chose
avec Zawahri », a lancé M.
Gates, ajoutant que la désignation d’Al-Zawahri
« importe peu » et ne change en rien le fait que l’idéologie
d’Al-Qaëda est « en faillite ».
Alors que Washington joue la carte de la froideur et de
l’indifférence évoquant parfois le peu de charisme, parfois
le peu d’expérience du nouveau leader, certains experts
pronostiquent que les jours à venir seraient assez « durs »
pour les Etats-Unis. Nul ne peut nier qu’Al-Zawahri
est un homme très dangereux et largement soutenu par les
talibans du Pakistan. En plus, il est plus dur, plus radical
encore que son mentor. Sa nomination à la tête d’Al-Qaëda
ne va pas mettre un point final aux violences mais elle va
simplement déplacer le théâtre de la guerre d’Afghanistan
vers le Pakistan, où Al-Zawahri
est largement soutenu par les talibans pakistanais. La
preuve de ce changement de théâtre est la multiplication des
attentats, ces dernières semaines, sur le sol pakistanais
pour venger Bin Laden. Les dirigeants d’Al-Qaëda
et les talibans considèrent avoir été trahis par le
gouvernement d’Islamabad, qu’ils accusent d’avoir aidé les
forces américaines à liquider leur chef historique au
Pakistan. Ce déplacement des violences vers Islamabad
intervient à un moment très difficile pour Washington, dont
les relations avec le Pakistan, son allié dans la guerre
contre le terrorisme, sont au plus bas depuis le meurtre de
Bin Laden sur le sol pakistanais.
A la lumière de ces nouvelles données, une réalité est sûre
: le scénario des jours à venir serait plus que
cauchemardesque pour l’administration
Obama, qui s’apprête à retirer ses troupes
d’Afghanistan le mois prochain, à un an de la présidentielle
américaine ….
Maha
Al-CherbinI