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 Semaine du 6 au 12 avril 2011, numéro 865

 

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Palestine . Le juge sud-africain Richard Goldstone, auteur d’un rapport de l’Onu sur les allégations de crimes de guerre lors de l’opération israélienne dans la bande de Gaza fin 2008, a affirmé que son rapport aurait été « un document différent » aujourd’hui. L’annonce choque le Hamas mais satisfait Israël.

Encore un pas en arrière

Sous pression, le juge Richard Goldstone a repris position sur son propre rapport, après avoir accusé Israël de crimes de guerre durant son offensive contre la bande de Gaza à l’hiver 2008/2009. A la suite de cette déclaration, Israël a réclamé l’annulation du rapport qui l’accusait de « crimes de guerre ». Son auteur a en effet reconnu avoir affirmé à tort que l’Etat hébreu avait visé intentionnellement des civils. « J’appelle l’Onu à annuler immédiatement le rapport Goldstone. Il faut jeter ce rapport dans les poubelles de l’Histoire », a affirmé le premier ministre Benyamin Netanyahu, dans le cadre d’une offensive médiatique et diplomatique destinée à rehausser l’image internationale d’Israël.

En première réaction, le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, s’est déclaré « choqué par la position du juge », alors que le groupe radical Djihad islamique dénonçait « la reculade du juge Richard Goldstone », lui reprochant d’avoir « cédé aux pressions du lobby sioniste ». Selon Sami Abou-Zouhri, porte-parole du mouvement islamiste, le rapport mandaté par l’Onu « n’est pas la propriété privée du juge Goldstone », compte tenu du fait qu’il n’en était pas le seul auteur et il a réitéré son appel à le mettre en application.

Partageant le même avis, l’Autorité palestinienne, par la voix d’Hanane Achraoui, membre de son comité exécutif, a dit « attendre du juge Goldstone qu’il fasse preuve d’un engagement inébranlable en faveur du droit international et non qu’il cède à la pression israélienne. Même s’il a fait l’objet d’attaques incessantes en Israël depuis la publication du rapport, le juge Goldstone est la dernière personne qui aurait dû succomber à cette pression ».

A la parution du rapport, les autorités israéliennes, qui avaient refusé de collaborer à l’enquête de l’Onu, s’étaient déchaînées contre son auteur, de confession juive, l’accusant de faire le jeu du Hamas. Dans une tribune publiée samedi dernier par le Washington Post, M. Goldstone a écrit que son rapport évoquant de possibles crimes de guerre d’Israël — comme des groupes armés palestiniens — pendant l’opération « Plomb durci » aurait été « un document différent » aujourd’hui. Il a expliqué que des attaques israéliennes contre des civils avaient été classées comme intentionnelles parce qu’aucune autre conclusion n’était possible à l’époque, mais que de nouveaux éléments avaient montré depuis qu’il n’y avait pas eu de politique visant à cibler les civils « de manière intentionnelle ». L’offensive israélienne, visant à mettre fin aux tirs de roquettes depuis le territoire palestinien, avait coûté la vie à 1 400 Palestiniens, en majorité des civils, et à 13 Israéliens, pour la plupart des militaires.

Faire le jeu d’Israël

Pour exprimer sa satisfaction, le ministre de la Défense, Ehud Barak, a déclaré qu’il fallait « à présent multiplier les efforts pour que ce rapport soit annulé, et je vais m’y employer ». Il a aussi demandé au juge Goldstone de « publier ses conclusions actuelles » sans se contenter d’un simple article de presse.

Partageant le même avis, le président israélien, Shimon Pérès, a appelé pour sa part le juge « à s’excuser, pour avoir accusé Israël de crimes de guerre et ignoré que l’offensive d’autodéfense, Plomb durci, avait été lancée en riposte à des milliers de roquettes tirées (depuis Gaza) contre des civils innocents ».

Un rapport, présenté en mars au Conseil des droits de l’homme de l’Onu, reconnaissait qu’Israël avait engagé « d’importantes ressources pour enquêter sur plus de 400 allégations de mauvaises conduites opérationnelles à Gaza », tout en regrettant qu’aucune enquête n’ait visé les responsables de l’opération. Suite à ces enquêtes, trois actes d’accusation ont été lancés contre des militaires israéliens, selon des sources judiciaires. Le rapport s’alarmait du fait que le Hamas n’avait pas, pour sa part, mené d’enquêtes sur le lancement d’attaques à la roquette et au mortier contre Israël. En mars 2010, le Conseil des droits de l’homme de l’Onu avait créé un comité pour assurer le suivi du rapport du juge Goldstone. Le magistrat sud-africain avait recommandé la saisine de la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye si les autorités israéliennes et palestiniennes refusaient d’ouvrir des enquêtes crédibles sur les « crimes de guerre » afin de punir les coupables. Le changement de position du juge Goldstone vient décrédibiliser son rapport, faisant ainsi le jeu d’Israël, pour qui le massacre de Gaza n’était qu’une « opération de légitime défense ». L’impunité dont jouit Israël face à ses crimes de guerre l’encourage — que ce soit à Gaza, au Liban ou dans l’attaque du bateau humanitaire turc — à davantage de violence face aux populations civiles. Le revirement de Goldstone renforce un peu plus Israël dans son impunité à utiliser la force pour défendre ses propres intérêts, peu importe le prix à payer si le sang n’est pas israélien.

Maha Salem

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