Développement Durable .
Plusieurs projets sont à l’étude, notamment dans la
péninsule du Sinaï. Riche en ressources naturelles, cette
région est propice au développement de projets à taille
humaine.
Les ressources inexploitées du Sinaï
Plusieurs
projets sont à l’étude au Conseil des ministres. Malgré la
volonté de lancer un chantier pharaonique consistant à créer
un « deuxième Nil » en parallèle au premier, de nombreux
chercheurs estiment que la priorité doit être donnée au
Sinaï. Celui-ci possède en effet de nombreuses ressources,
largement inexploitées. Le Conseil des ministres a notamment
accueilli, la semaine dernière, Farouq Al-Baz, directeur du
Centre des recherches spatiales à l’Université de Boston, le
ministre de l’Agriculture et de la Bonification des terres,
Ayman Abou-Hadid, et les chercheurs du Centre des Recherches
Désertiques (CRD). Concernant le Sinaï, trois projets sont
susceptibles de voir le jour. Ils consistent au
développement de l’agriculture dans la plaine de Tina,
située à l’est du Canal du Suez, au développement de la
pisciculture dans les vallées d’Al-Sir et d’Al-Qawarir au
centre du Sinaï et à la création de nouvelles communautés
dans la vallée de Girafi.
Ces projets s’appuient notamment sur des études anciennes.
Le 25 avril, l’Egypte célébrera les fêtes de la libération
du Sinaï. Des projets de développement durable dans
l’agriculture et la pisciculture au Nord-Sinaï sont au
centre des discussions au ministère de l’Agriculture. La
construction d’une pompe pour se servir de l’eau du canal
Al-Salam est une priorité pour encourager de nouvelles
communautés à s’installer dans ces régions. De plus,
l’utilisation des eaux du réservoir d’Al-Naqab qui résultent
des pluies et des inondations peut servir à cultiver 165 000
feddans dans les vallées d’Al-Sir et d’Al-Qawarir. « Nous
avons coopéré avec le Centre des Recherches Agricoles (CRA)
qui a réalisé des études pour s’assurer de la nature des
sols et des possibilités de culture dans cette zone »,
explique Mohamad Abbass, spécialiste des nappes phréatiques
au sein du CRD. « Il s’agit d’une vision pour l’avenir qui
consiste à se servir de toutes les recherches qui ont été
faites et qui n’ont pas été concrétisées par manque de
volonté politique et de financement. Le CRD possède quatre
stations de recherche au nord, au centre, à l’est et au sud.
Nous avons réalisé quelques exploits, notamment un Atlas des
ressources hydrauliques du Sinaï ». Le Sinaï bénéficie en
effet des plus fortes précipitations en Egypte mais sa
population n’est que peu encouragée à utiliser cette
ressource. Le manque de terres agricoles et la faiblesse de
la production céréalière égyptienne — comparée à sa
population — pourraient être, dans une certaine mesure,
compensés par une meilleure gestion des ressources du Sinaï.
Les trois projets entrent dans le cadre du plan du ministère
de l’Agriculture portant sur la culture des récoltes
stratégiques comme le blé et celles qui entrent dans la
production de l’huile visant à en diminuer l’importation.
Richesses stratégiques
Le taux des précipitations du Nord-Sinaï est de 300 millions
de m3 par an, ce qui permettrait un développement agricole
non négligeable, notamment dans le Nord. Cette région
possède également le lac Bardawil dans lequel sont en cours
des projets de pisciculture.
Le Sinaï est aussi une région possédant plusieurs minerais.
Le centre du Sinaï possède une carrière de charbon qui
participe à hauteur de 13 % dans l’industrie du fer et
divers genres de sable qui entrent dans la production du
verre. Le côté occidental du Sinaï est riche en pétrole,
carrières métallurgiques et minérales. On y trouve aussi de
l’ambre et de l’or. Quant au Sud, les côtes paradisiaques ne
cessent d’attirer plus de touristes.
« Le développement du Sinaï remonte à plusieurs années. Bien
que les régions d’Al-Sir et d’Al-Qawarir, de la vallée de
Girafi et de la plaine de Tina aient rencontré des
difficultés sur le plan du financement et de la gestion,
elles restent prometteuses. Les appels des chercheurs à
exploiter les richesses du Sinaï ont toujours été considérés
comme des cris dans le désert. Aujourd’hui, avec les
changements politiques et la volonté de bâtir une nouvelle
Egypte, il est temps de surmonter tous ces obstacles »,
assure Samer Al-Mufti, spécialiste de l’environnement et
directeur d’une ONG pour le développement des réserves
naturelles.
Il insiste sur le fait que, durant les trois décennies
passées, et avec l’échec de grands projets dits nationaux
comme Tochka, l’Egypte n’a pas été en mesure de s’engager
dans d’autres projets d’importance. « Il est préférable
aujourd’hui de s’engager dans des projets limités qui mènent
à un développement sur une petite superficie afin de
réaliser un progrès à court terme. L’ensemble de ces petits
projets constitue de grands projets nationaux. Il me paraît
que c’est le moyen le plus sûr de réaliser des progrès dans
le développement agricole et durable dans les jours qui
viennent », affirme Al-Mufti.
Les spécialistes assurent qu’après la révolution du 25
janvier, les Egyptiens sont devenus plus soucieux de
l’exploitation durable des ressources naturelles de leur
pays et veulent en finir avec le gâchis des années passées.
Rasha
Hanafy