Investissements .
Lors d’une rencontre organisée par la Chambre de commerce
française en Egypte, les dirigeants des grandes entreprises
ont cherché à dresser des stratégies d’avenir. Un certain
optimisme s’est dégagé des discussions.
L’avenir n’est pas si noir
La Chambre de commerce française en Egypte a organisé le 3
mars dernier une table ronde intitulée « Sociétés en Egypte
et gestion de crise », en présence de l’Autorité générale
pour l’investissement (Gafi).
Comme preuve d’une disposition à collaborer plus étroitement
en cette période difficile, la rencontre a été l’occasion
pour ces deux entités de signer un protocole d’entente pour
l’encouragement des investissements. Près de 60 personnes se
sont réunies pour débattre en présence de l’ambassadeur de
France, S.E. M. Jean Félix-Paganon,
venu affirmer le soutien économique et politique de son pays
à l’Egypte. « Un vote de confiance » renforcé par la visite
au Caire les 5 et 6 mars du nouveau ministre français des
Affaires étrangère, M. Alain Juppé, qui doit aussi se faire
avec « l’intervention de l’Union européenne », a souligné M.
Jean Félix-Paganon.
Avec le manque de stabilité actuel, les investissements
étrangers directs en Egypte (1,7 milliard de dollars par an)
connaîtront inévitablement une baisse, souligne Mme
Neveen El
Shafei, vice-présidente du Gafi,
qui note cependant que le programme de Partenariat Public
Privé (PPP) se poursuivra et que la poursuite de l’expansion
du secteur de la vente de détail est attendue. Pour soutenir
l’activité économique, le Gafi
annonce également des mesures incitatives comme la promotion
des zones d’investissement, des compensations financières à
l’embauche, un fonds d’aide de 5 milliards de L.E destiné
aux sociétés pour résorber les pertes dues au soulèvement
populaire, ou encore un délai pour la collecte des taxes sur
les importations. Les dégâts sur l’économie égyptienne
devraient de même être limités grâce à la force et la «
stabilité démontrée du système bancaire », explique M.
Mohamed Ozalp, président de la
Blom Bank.
Pour le président d’Xceed,
acteur majeur du BPO (Business Process
Outsourcing) multilingue, « la souffrance du milieu des
affaires n’est pas le pessimisme mais plutôt l’anxiété ». Si
les attentes de la société ont été pulvérisées en 2010, M.
Adel Danish
invite aujourd’hui à « changer la manière de penser » dans
le milieu des affaires « puisqu’une vision sur 12 mois n’est
plus possible », et à se concentrer sur « le cœur de nos
activités respectives ».
Ce sont aussi les revendications salariales tous azimuts
apparues après la chute de Moubarak qui inquiètent les
entreprises. Pas moins de « 36 sites Internet » ont été
créés pour les défendre, entraînant des arrêts de travail et
alors que, selon des chiffres officiels, les pertes
quotidiennes pour le pays s’élèvent ainsi à 302 millions de
dollars. Cela entraîne « des risques de populisme,
d’insécurité et d’augmentation de l’inflation et il faut
prendre des mesures de réduction de coûts, de sécurisation
du secteur bancaire et de développement du système
d’éducation et de santé », a exposé M.
Majidier, directeur des hypermarchés Carrefour en
Egypte. Pour lui, des actions adéquates doivent être prises
au niveau social maintenant, « au risque de faire face à une
autre révolution ».
En plus de la sécurité, l’attente principale est alors que
le gouvernement agisse rapidement sur la gestion du travail,
avec en particulier des indications sur la question du
salaire minimum. Mais des pas doivent aussi être pris du
côté de la communauté des affaires en réduisant le nombre
d’associations et interlocuteurs afin de remédier à «
l’image écornée de l’homme d’affaires dans le pays », comme
l’a souligné la Coface Egypte (Compagnie Française
d’Assurance pour le Commerce Extérieur), agence spécialisée
dans l’assurance crédit à l’exportation. Pour M.
Majidier, une fois la crise
passée et l’environnement modifié, l’Egypte sera dans deux
ans un pays idéal pour les affaires.
Taïmour
Hubert