Yémen .
Campant toujours sur sa position, le président Ali Abdallah
Saleh reste sourd aux appels à la démission et tente
d’utiliser l’arme d’Al-Qaëda pour inquiéter la communauté
internationale.
Saleh s’agrippe
Comme
prévu, le président yéménite Ali Abdallah Saleh a réaffirmé
son intention de ne pas céder le pouvoir, près de deux mois
après le début de la contestation qui exige avec insistance
son départ. « Nous sommes toujours là, solides comme un roc,
et nous ne serons pas ébranlés par les événements », a
déclaré M. Saleh devant des notables, affirmant ainsi qu’il
n’était pas disposé à lâcher les rênes d’un pouvoir qu’il
détient depuis 32 ans.
S’adressant dimanche à une réunion du Comité central de son
parti, le Congrès Populaire Général (CPG), M. Saleh a
indiqué qu’il avait en vain fait des concessions à ses
détracteurs pour épargner au Yémen une guerre civile. «
Désormais, il n’y aura plus de concessions », a-t-il dit. Il
faisait ainsi référence à la défection de l’homme fort de
l’armée, le général Mohsen Ali Al-Ahmar, qui a rallié la
contestation. Une tentative de réconciliation entre Saleh et
Al-Ahmar a eu lieu récemment, mais elle s’est soldée par un
échec. Depuis le début des troubles, M. Saleh a procédé à
plusieurs replis : il a annoncé qu’il ne se représenterait
pas en 2013, à la fin de son mandat à la présidence. Il a
ensuite démis le gouvernement, puis il a proposé l’élection
avant la fin de l’année d’un nouveau Parlement et de son
successeur. Mais même cette dernière concession, une
exigence de l’opposition, a été insuffisante pour calmer les
appels à sa démission immédiate. Saleh a affirmé que des
concertations étaient en cours pour opérer une transition
pacifique du pouvoir, mais qu’elles ne devaient pas conduire
à la mise en place d’une dictature militaire.
Outre le départ du président, de ses enfants et cousins qui
dirigent des unités militaires et policières, les
protestataires réclament aussi « un Conseil national de
transition » et « une nouvelle Constitution instituant un
régime parlementaire à soumettre à référendum dans un délai
de trois mois ». Le bureau politique du CPG s’est réuni sous
la présidence de M. Saleh, pour « passer en revue les
positions obstinées du parti Al-Islah (islamiste) et de ses
alliés qui ont fermé la porte du dialogue et ont cherché
l’escalade ».
Isolé, Saleh a perdu le soutien d’une partie de l’armée, de
puissantes tribus et d’importants dignitaires religieux.
Des contacts pour organiser une sortie de M. Saleh ont
échoué, selon des sources politiques. L’une des formules
envisagées consistait en un transfert du pouvoir à un
conseil présidentiel de cinq membres, dont le général de
premier plan, Ali Mohsen Al-Ahmar.
Abdallah menace
Pour jeter l’effroi dans le cœur de la communauté
internationale, le président Saleh a essayé de mettre à jour
le rôle d’Al-Qaëda dans son pays.
Cependant, de violents accrochages ont opposé dimanche
l’armée yéménite à des membres présumés d’Al-Qaëda, qui ont
réussi à prendre le contrôle d’une ville au Sud, un bastion
du réseau extrémiste, a indiqué un responsable des services
de sécurité. En réaction à ces accrochages, un chef de
l’opposition sudiste, Ali Mohamed Al-Sabdi, un général à la
retraite, a accusé M. Saleh d’encourager Al-Qaëda à étendre
son influence dans le Sud, pour faire croire à l’Occident
que sans lui, le chaos prévaudra au Yémen. « Il a donné des
directives à certaines unités militaires dans la province d’Abyane
pour qu’elles remettent leurs armes à des éléments d’Al-Qaëda
», explique M. Sabdi dans un communiqué. Et d’affirmer que
le président Saleh entend ainsi avertir la communauté
internationale qu’Al-Qaëda est une alternative à son régime.
Par ailleurs, le secrétaire américain à la Défense, Robert
Gates, a reconnu dimanche que la chute de M. Saleh ou son
remplacement par un gouvernement plus faible poserait un
vrai problème pour les Etats-Unis dans la lutte contre
Al-Qaëda .
Maha
Salem