Al-Ahram Hebdo, Evénement | Ibrahim Darwish,  « Nous sommes en train de construire un nouveau système politique sans bases constitutionnelles réelles »

  Président
Abdel-Fattah El Gibali
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

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 Semaine du 28 décembre 2011 au 3 janvier 2012, numéro 902

 

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Evénement

Transition Politique . Le juge et le spécialiste du droit constitutionnel, Ibrahim Darwish, estime que le Conseil suprême des forces armées est le seul responsable de la crise actuelle en Egypte.

 « Nous sommes en train de construire
un nouveau système politique sans bases constitutionnelles réelles »

Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous la phase actuelle marquée par le chaos, la violence et une escalade contre le Conseil militaire ?

Ibrahim Darwish : Il faut avouer que nous sommes dans une phase très délicate. Tout cela est dû aux erreurs du Conseil militaire qui, depuis son arrivée au pouvoir, ne fait que prendre des décisions faibles et lentes. Il faut faire une rétrospective pour savoir que depuis la chute du régime, ce Conseil militaire n’a pas été franc avec le peuple. Il a tenté de garantir à Moubarak un départ non humiliant en cédant ou en transmettant le pouvoir, ce qui n’était pas constitutionnel. Tout ceci pour ne pas avouer que Moubarak a été déchu et que son régime a été renversé. Même les réformes constitutionnelles qu’il a faites, elles n’étaient pas légales puisqu’elles avaient pour base une Constitution — celle de 71 — qui a chuté avec la révolution. Toutes ces erreurs ont conduit l’Egypte à son état actuel : chaos et désordre. Chose que le Conseil militaire n’a réalisé que très tard. Il vient de se rendre compte que le pays se précipite vers l’abîme. Profitant de ce désordre, les Frères musulmans ont commencé à s’imposer sur la scène politique. Celui-ci n’a pas promulgué une seule décision économique durant toute la période à la tête de l’Etat, puisque tous les gouvernements qu’il a nommés étaient faibles. C’est alarmant. On peut difficilement parler de tentatives concrètes pour sortir de cette crise.

— Mais il existe actuellement des propositions pour sortir de la crise en accélérant les élections présidentielles ou encore en transmettant le pouvoir à un président du Parlement élu. Qu’en pensez-vous ?

Tantawi a émis il y a quelques jours un décret stipulant que la première séance du Parlement sera tenue le 23 janvier prochain. Ceci n’est pas constitutionnel, car les représentants du pouvoir législatif ne seront pas au complet, étant donné que les élections du Conseil consultatif n’auront pas été organisées. Je pense que le Conseil militaire continue à agir de manière irrationnelle. Ses décisions contredisent la déclaration constitutionnelle qu’il a lui-même rédigée.

— Mais n’est-ce pas le peuple a appelé à des solutions pareilles ?

Je pense que le peuple n’était même pas prêt pour les élections. Nous sommes actuellement en train de construire un nouveau système politique sans bases constitutionnelles réelles. Ni les Frères ni les salafistes ne seront capables de rédiger une Constitution qui peut faire avancer le pays. Chacun d’eux a ses propres intérêts, surtout que le gâteau leur a été offert et très facilement. Et si on continue ainsi, nous allons construire un Etat contrôlé par les islamistes. Nous sommes même en train de le faire.

— Beaucoup d’accusations sont portées en ce moment sur les socialistes révolutionnaires et les enfants abandonnés. Qu’en pensez-vous ?

C’est le Conseil militaire qui lance ces accusations pour être à l’abri des critiques. Le seul responsable de ce désordre c’est le Conseil. Il est le seul responsable de ce qui arrive dans notre pays.

— Vous parlez d’un vrai chaos, que prédisez-vous pour la période à venir ?

Personnellement, je pense que les deux chambres du Parlement n’iront pas au bout de leur mandat. Par conséquent, elles ne pourront pas rédiger la nouvelle Constitution. Je m’attends très bientôt à un coup d’Etat et à une deuxième révolution contre le Conseil militaire. J’en suis sûr. Mais ce serait une foutaise d’accélérer les présidentielles ou de nommer le prochain chef du Parlement au poste de président de la République.

— Quels sont, selon vous, les moyens de sortir de cette crise ?

En fait, il n’existe qu’une seule solution pour sortir de cette crise. Le Conseil militaire doit l’appliquer s’il veut vraiment l’intérêt de ce pays. Tantawi doit absolument désigner un nouveau gouvernement constitué principalement de jeunes issus des différents mouvements et tendances qui ont fait leur apparition avec la révolution. Il doit présider lui-même ce gouvernement pour être le seul responsable devant le peuple. En outre, il doit absolument mettre fin à la mission du Conseil suprême ou au moins le geler, car ses membres ne font que dire des bêtises accusant sans preuve les manifestants de trahison ou d’avoir reçu des sommes de l’étranger, ce qui aggrave la situation. De plus, le Conseil militaire, avec ses 3 gouvernements, n’ont fait que ralentir le jugement du président déchu et les membres de  son régime.

— Mais nous savons tous que le Conseil refuse l’application d’une telle solution. Quelles sont les autres solutions applicables selon vous ?

Le Conseil n’a pas le choix. L’arrivée des jeunes révolutionnaires au gouvernement est la seule issue pour que ce pays traverse cette crise. Et il n’y aura pas de crainte quant au pouvoir fourni à Tantawi.

Propos recueillis par Chaïmaa Abdel-Hamid

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