Egypte
.
Une de nos lectrices décrit ses sentiments envers les
événements de la place Tahrir.
Reprise de la révolution
J’aimerais
commencer ma lettre par ces vers du célèbre poète tunisien
Aboul-Qassem Al-Chabi : « Lorsqu’un jour le peuple aspire à
vivre, le destin doit répondre ». Le destin se doit de
répondre, le gouvernement doit répondre et le Conseil
suprême des forces armées est obligé de répondre aussi. Rien
n’est au-dessus de la volonté du peuple, même les forces
armées. C’est à quoi j’avais pensé juste après que des
affrontements ont eu lieu à la place Tahrir, suite aux
attaques des forces armées et de la police contre les
familles des martyrs qui avaient campé sur la place. La
violence inexpliquée de la police et des forces armées
rappelle ce qu’avait fait le ministère de l’Intérieur avant
la révolution, ce qui a poussé les jeunes et les activistes
à retourner à Tahrir pour soutenir les familles des martyrs
et manifester, eux aussi, contre la politique du CSFA qui
n’est qu’une réincarnation de l’ancien régime. La manière
avec laquelle la situation s’est accélérée nous pousse à
penser automatiquement aux trois jours sanglants du 25 au 28
janvier.
Et bien que nous soyons
maintenant dans la période post-révolutionnaire, il s’est
avéré que rien n’a changé, que la police — et cette fois-ci
avec elle les forces armées — continue toujours à utiliser
des méthodes inhumaines et des tactiques abjectes pour
arrêter les manifestations, utilisant les mêmes armes, si ce
n’est pire. Les manifestants cette fois-ci assurent que les
gaz lacrymogènes sont plus puissants que ceux utilisés
pendant la révolution. Un scénario qui se répète une
deuxième fois, et un Conseil des forces armées qui n’avait
pas bien compris et n’a pas tiré de leçon de ce qui est
arrivé à Moubarak et à son équipe.
J’ai oublié : en fait,
rien n’a été fait à Moubarak et à tous les hommes de
l’ancien régime. Ce qui explique leur présence au pouvoir
jusqu’à maintenant avec de nouveaux visages. Tout cela me
pousse à me prosterner devant tous ces révolutionnaires, ces
jeunes qui perdent leur vie, leurs yeux, qui reçoivent
chaque jour et avec un courage exceptionnel des balles en
caoutchouc et réelles. Et à tous ceux qui les accusent de
clientélisme, j’aimerais leur dire : si vous étiez des
baltaguis payés, combien allez-vous prendre pour que vous
acceptiez de sacrifier vos vies à Tahrir ? Combien
allez-vous prendre pour que vous passiez devant un tribunal
militaire ?
C’est dans ces moments
critiques qu’on vous demande le suivant : même si vous
n’êtes pas avec la révolution et les révolutionnaires, ne
soyez pas contre et ne les attaquez pas. Faites-le au moins
par respect aux martyrs de Tahrir, tués lâchement pendant
qu’ils défendaient une idée à laquelle ils croient dur comme
fer : la liberté.
Martina Sameh,Le Caire.
La
gare du Caire restaurée
Je suis étudiant à la
faculté d’architecture et je suis particulièrement
intéressée de constater qu’enfin, les travaux de
restauration concernant la gare du Caire ont été achevés.
C’est vraiment magnifique car elle a pris le style ancien.
Mais comme toutes les choses, rien n’a changé après la
révolution. Les responsables ont négligé entièrement les
infrastructures : les wagons, les toilettes qui sont
dépourvues d’eau et les panneaux de signalisation. Le plus
important à mon avis est que les autorités n’ont pas pensé à
former les conducteurs pour améliorer leur niveau ? Même les
trains sont toujours en retard. Cette gare du Caire a une
riche histoire. C’est la première ligne ferroviaire entre
Alexandrie et Le Caire inaugurée en septembre 1856. Le
bâtiment actuel a été érigé en 1892 et réaménagé en 1955.
C’était au temps du khédive Abbass 1er que l’Egypte a
inauguré la première ligne de chemins de fer en Afrique et
en Orient. Auparavant, mes parents ont pris le train pour
Alexandrie pour se promener mais aujourd’hui, le voyage est
devenu risqué.
Inas
Tawfiq,
Le Caire.
S.O.S., l’Egypte en danger
Que se passe-t-il en
Egypte ? Jusqu’à quand on va sentir l’absence de la sécurité
? Nous voulons vivre normalement. Tous ces actes de violence
ne font qu’aggraver la situation encore plus. Je suis une
mère de deux enfants au primaire, leur école est située à
Bab Al-Louq au centre-ville. Dès la révolution du 25
janvier, chaque vendredi on a des sit-in à la place Tahrir
où j’habite. Pour cela, j’ai quitté mon appartement pour
habiter chez ma mère avec mes enfants, car la vie est
devenue insupportable au centre-ville. Et par conséquent,
les enfants n’allaient pas à leur école à cause de ces
événements. Où sont les sages de notre pays pour parler aux
jeunes révolutionnaires et à tous ceux qui veulent faire du
mal au pays ? Où est le Conseil suprême des forces armées ?
Où est Essam Charaf, le premier ministre qui a dit à la
place Tahrir qu’il allait quitter son poste s’il n’arrivait
pas à réaliser les objectifs de la révolution ? On sent tous
que l’Egypte est en état de bouillonnement. Où sont les
partis politiques et leurs rôles ? Où sont les candidats
pour la présidentielle ? Pourquoi sont-ils absents de la
scène ? Nous avons peur et on ne sait pas quoi faire.
Abir
Ismail,
Guiza.
Un
scénario joué d’avance
Les USA ont, dès le
départ, affiché leur menace d’user de leur droit de veto
pour faire échouer cette initiative « unilatérale » des
Palestiniens — comme si Israël consultait les Palestiniens
quand il saisit leurs terres pour construire les colonies.
Le scénario était déjà joué d’avance et les rôles distribués
à chacune de ces puissances qui ont le pouvoir de décider au
sein de ce machin qu’on appelle l’Onu. Comme d’habitude, les
moutons suivent le guide, y compris pour les amener à
l’abattoir. Ce que nous attendions de ces chantres de la
paix, qui ne jurent que par la démocratie, le respect des
lois internationales et des droits de l’homme, tout en les
piétinant, est arrivé.
Cette initiative
unilatérale de l’équipe d’Abbass, qui est allée à l’Onu sans
l’aval des mouvements de la résistance palestinienne, a le
mérite d’avoir réussi à faire tomber les masques de leurs
faux amis. Cette expérience pourrait servir de leçon à ceux
parmi les Palestiniens qui se faisaient amadouer par « la
générosité » de ceux qui leur « offrent » des aides
empoisonnées, des milliards de dollars dans le but de briser
l’unité de leur peuple et de les humilier.
Faut-il que ces derniers
aient l’intelligence de comprendre que cette politique
sioniste veut les laisser à jamais derrière ces « dons
généreux », assurés généralement par leurs lobbies (car pour
eux l’argent coule à flot et ne leur pose aucun problème)
afin de faire gagner davantage de temps à Israël? Pendant ce
temps-là, Israël grignote jour après jour les parcelles de
terres qui restent encore aux Palestiniens jusqu’à ce que
leur cause soit noyée dans l’œuf une fois pour toutes afin
de ne plus entendre parler ni de la Palestine, ni d’un
peuple palestinien, ni de la cause palestinienne pour
laquelle ont été sacrifiés des millions d’Arabes.
Ces mêmes « autorités »
se sont engagées à œuvrer pour la réconciliation des
Palestiniens après les avoir divisés et ont joué le jeu
d’Israël pendant quatre ans. Vont-elles tenir leur
engagement et se rallier aux mouvements de résistance pour
mener une politique unifiée et indépendante en comptant sur
leur peuple au lieu de suivre les consignes de ceux qui
veulent les mener à l’abattoir ? Même si c’était le cas, et
que ces derniers décidaient de passer outre les
recommandations des « donneurs », autrement dit des
corrupteurs par procuration, les régimes arabes seraient-ils
capables de leur attribuer un budget de remplacement pour
leur permettre d’assurer leur indépendance vis-à-vis
d’Israël et de ses complices ? C’est un défi que les
Palestiniens devront relever en refusant les aides
empoisonnées des USA et de leurs complices, en mettant ces
régimes devant leur responsabilité, et en prenant leurs
peuples comme témoins. En tout cas, après cette épreuve, les
membres de cette dite autorité n’ont aucune autre
alternative, à moins qu’ils décident de se suicider
collectivement.
Ce dont le monde peut
être sûr c’est que la négation des droits palestiniens par
Israël et l’hypocrisie de ses complices n’entament en rien
la détermination du peuple palestinien à se libérer de cet
apartheid. Les projets d’Israël, les réjouissances des
sionistes qui remportent quelques victoires au Congrès US et
à l’Onu ne sont en réalité que des victoires éphémères. La
résistance d’un peuple qui défend une cause juste est
invincible. Le jour fatidique viendra et la résistance du
peuple palestinien vaincra ; à ce moment-là la pieuvre
sioniste périra et l’humanité toute entière sera soulagée de
ce virus qui ronge ses racines.
Chérif Boudelal,
France.