Al-Ahram Hebdo, Evénement |

  Président
Labib Al-Sebai
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

Nos Archives

 Semaine du 2 au 8 novembrer 2011, numéro 895

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Evénement

Législatives . Si leur présence est importante, leurs chances de se faire élire sont faibles. L’annulation du quota qui leur était réservé fait l’objet de contestation. Les islamistes sont pourtant contraints de les accepter sur leurs listes.

L’enjeu féminin aux derniers rangs

La loi le stipule clairement : chaque liste des partis politiques aux législatives doit renfermer au moins une candidate. Il n’est donc plus question de quota. Des décisions qui ont ouvert un débat autour de cette « affaire de femmes au Parlement ». Leur nombre est loin d’être faible. Elles seront présentes — et en masse — dans les prochaines campagnes électorales, bien que les chiffres exacts ne soient pas encore disponibles. Leurs pancartes rivalisent déjà dans les rues avec celles des candidats hommes. Des visages de célébrités captent les regards des piétons : actrices, présentatrices à la télévision, femmes d’affaires ou célèbres militantes révolutionnaires.

Mais quelles sont les chances pour ces candidates d’obtenir un siège à la future Assemblée ? Et quelles places leur ont réservé les partis sur leurs listes ? Pour plusieurs spécialistes, la modification de la loi n’est pas positive. A l’époque, le gouvernement avait adopté un quota minimum de 64 sièges sur 518. Une mesure destinée à élargir leur représentation dans la vie politique. Avant cette réforme, on dénombrait seulement une dizaine de femmes au Parlement sur un total d’alors 454 sièges. Cette loi était considérée comme une discrimination positive aux effets bénéfiques.

Pour Mazn Hassan, directrice exécutive de l’organisation « Nazra pour les études féministes », supprimer ou garder ce quota ne changera rien : « Dès le départ, je refusais cette histoire de quota que je trouve très restrictive pour la femme. Le quota n’a fait qu’ajouter des sièges au sein du Parlement sans renforcer le rôle politique des femmes. Ce n’était qu’une action de pure forme. Et les sièges n’étaient accessibles qu’aux candidates du PND ». Elle ajoute : « En ce qui concerne cette nouvelle loi, nous nous attendions à un quota sur les listes et non à une seule candidate par liste. Il fallait aussi que sa place figure obligatoirement parmi les trois premiers noms ».

C’est ici en effet que se situent les manœuvres des partis. Rares sont ceux qui ont placé des candidates en tête de leurs listes, hormis quelques noms de célébrités qui sont utilisés pour attirer les électeurs. Rien d’étonnant cependant qu’après la révolution, ces partis politiques ont relégué la question des droits des femmes au dernier rang d’une liste de problèmes à résoudre : économie décimée, travailleurs en grève ou prisonniers politiques. Pour nombre de partis, telles sont les « vraies » priorités.

Pour le politologue Yousri Al-Ezabawi, notre société souffre depuis la révolution d’un recul des acquis de la femme et ce, au sein de l’ensemble de la société. Depuis la fin du XIXe siècle, quand les femmes participaient aux premiers mouvements nationalistes, le mouvement féministe d’Egypte fut un exemple pour la région. En 1923, la féministe égyptienne Hoda Chaarawi fut l’une des actrices les plus actives de l’éveil de la conscience politique et sociale de la femme égyptienne. En 1957, l’Egypte est devenue le premier pays arabe à élire une femme au Parlement. Mais l’échec du nationalisme et du nassérisme a laissé un vide idéologique que les interprétations conservatrices de l’islam s’empressèrent de remplir, affirme Zachary Lockman, spécialiste du Moyen-Orient à l’Université de New York.

Plus précis, Al-Ezabawi estime « que l’annulation du quota de femmes au Parlement est à la base du problème. D’autant plus que le quota des 50 % destiné aux ouvriers et aux paysans a été maintenu ». Il considère que « cette situation donne très peu de chances aux femmes ». En effet, sur ces listes — qui renferment 8 noms de candidats —, les femmes sont généralement placées aux derniers rangs. Une place qui rend possible la présence de femmes au Parlement seulement si les partis font des scores très élevés, souvent au-delà de 80 %.

Mona Makram Ebeid, professeur de sciences politiques à l’Université américaine, affirme que cette « nouvelle loi ne fait qu’imposer la présence de la femme sur les listes en tant que chiffre et non pas en tant que force politique ».

Candidates islamistes

En ce qui concerne les listes des partis islamistes, les débats ne se limitent pas à la représentation des femmes. Ici, les choses sont beaucoup plus graves. Le nombre de candidates au sein des partis islamistes est pourtant important. Une volonté souvent expliquée comme étant une tentative de prouver un changement de mentalité des islamistes. On peut notamment citer les 60 candidates de l’Alliance islamique.

Mais le débat fait rage entre les islamistes sur la légitimité de la candidature de ces femmes qui — au sein de partis islamistes — portent le niqab. Yasser Borhami, chef de la prédication salafiste à Alexandrie, a reconnu que l’approbation de la candidature féminine est une nécessité car un tel déni écarterait les salafistes de la scène politique. Un avis rejeté par le prédicateur Ossama Soliman qui affirme qu’il est interdit, selon la charia, que des femmes soient candidates quelles que soient les nécessités.

Un dirigeant des Frères musulmans, Saad Al-Husseini, a par ailleurs déclaré que la confrérie ne soutiendrait pas une candidate « femme », mais que les femmes auront tout de même le droit de se présenter. Une position qui irrite la fougueuse Sara Mohamad, 18 ans, membre des Frères musulmans. « Je n’accepte pas cette manière de penser, s’exclame-t-elle. S’ils appliquent les règles islamiques, rien ne dit qu’une fille ne peut pas être présidente ou jouer un rôle politique ».

Selon la chercheuse à Human Rights Watch Heba Morayef, les Frères musulmans ont malgré tout désavoué un de leurs principes très anciens selon lequel ni copte ni femme ne peut se présenter aux élections parlementaires ou à la présidence. Peu après cette annonce, la présentatrice de télévision Bouthaina Kamel a annoncé son intention de se lancer dans la campagne présidentielle avec un programme anti-corruption. « Beaucoup de gens sont encouragés à prendre une position cohérente sur les droits des femmes afin que nous puissions voir un changement dans les mois à venir », a déclaré Morayef. Redéfinir les droits des femmes et en faire un enjeu national font partie des priorités. Les femmes parlent plus ouvertement et sont aujourd’hui prêtes à s’impliquer en politique malgré certaines pressions. Quant aux élections parlementaires, tenter le coup serait une nouvelle et bonne expérience ... pas question de la rater .

Chaïmaa Abdel-Hamid

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Howaïda Salah -Héba Nasreddine
Assistants techniques: Karim Farouk- Héba Nasreddine
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.