Al-Ahram Hebdo, Egypte | Les alliances explosent

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 Semaine du 26 octobre au 1er novembre 2011, numéro 894

 

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Egypte

Elections . La dislocation, à la veille des législatives, des deux principales coalitions, a transformé du jour au lendemain l’échiquier politique. Toutes les alliances sont désormais possibles en vue des élections du futur Parlement. Décryptage.

Les alliances explosent

Après la chute du président Hosni Moubarak en février dernier et l’annonce par le Conseil militaire de la tenue d’élections législatives « dans les quelques mois à venir », les forces politiques ont commencé à s’organiser en partis et coalitions, afin de remporter le plus de voix possibles. Le match a débuté en juin dernier avec l’annonce de la création de la Coalition démocratique pour l’Egypte, sous la houlette du parti Liberté et justice, issu de la confrérie des Frères musulmans et du néo-Wafd. La coalition a réussi à attirer plus d’une quarantaine de formations de divers poids et influences, dont notamment Al-Ghad, Al-Karama et le parti Nassérien. L’objectif affiché de cette coalition était de former une unique liste électorale « nationale » englobant tous les courants politiques, à l’exclusion des forces proches de l’ancien régime.

Etant donné le caractère irréaliste de cet objectif, vu les grandes différences politiques et idéologiques qui distinguent les partis égyptiens les uns des autres, un autre groupe a décidé de former une nouvelle coalition, appelée cette fois le « Bloc égyptien ». Cette dernière a vu le jour au mois d’août, grâce notamment à la campagne menée par le Parti égyptien sociodémocrate (centre-gauche), lui-même une jeune formation. Le Bloc égyptien regroupait un vaste éventail de partis politiques, de l’extrême droite (comme le Parti des Egyptiens libres fondé par le magnat Naguib Sawirès) à l’extrême gauche (comme le Parti communiste égyptien et la Coalition populaire socialiste, nouvellement formée), en passant par des partis comme « la Libération », proche des soufis, le Front démocratique (libéral), l’Egypte la liberté (fondée par Amr Hamzawi), ainsi que plusieurs mouvements syndicaux ...

Aujourd’hui, le tableau a été passablement modifié. Les fondements de ces deux grandes coalitions qui dominaient l’échiquier politique se trouvent ébranlés. La Coalition démocratique a été abandonnée par le néo-Wafd, les partis salafistes et le parti Nassérien, entre autres. En termes de forces influentes, il ne reste pratiquement que le parti des Frères musulmans, suivi de très loin par le parti de tendance nassérienne Al-Karama. Il en a été de même avec le Bloc égyptien qui ne garde plus en son sein que trois partis, à savoir l’Egyptien sociodémocrate, les Egyptiens libres et le parti Al-Tagammoe. Les sécessions ont commencé avec la défection il y a près de deux semaines de la Coaltion populaire socialiste et du parti soufi de la Libération, pour finir avec celle du Front démocratique il y a quelques jours.

La scène politique égyptienne présente une tendance à l’effritement qui a sapé les efforts des coalitions qui ont émergé ces derniers mois. Quelles en sont les raisons ? Tout d’abord, la loi électorale adoptée récemment n’a fixé qu’un seuil très bas de voix que doit collecter un parti ou une liste pour être représenté au Parlement. Ce taux représente 1/2 % de l’ensemble des voix au niveau de la République, alors que les analystes s’attendaient à un seuil de 2 % ou plus. Cependant, les diverses forces politiques n’ont pas attendu cette décision et ont créé des coalitions avec l’idée qu’il s’agissait du seul moyen pour les jeunes formations d’atteindre le Parlement. Mais quand il s’est avéré que le seuil requis était insignifiant, il est devenu envisageable pour ces formations de se présenter séparément.

La deuxième raison de cet effritement s’explique par la « jeunesse » des partis politiques égyptiens ainsi que par le peu de temps disponible pour former de vraies coalitions électorales. Pour réussir et se maintenir, celles-ci ont besoin d’avoir une connaissance raisonnable du poids politique dans la rue des différentes forces qui les constituent. En l’absence de sondage crédible, cette connaissance fait défaut : le processus du partage des quotas et de l’organisation des listes est donc devenu très compliqué. Personne au sein de ces coalitions ne pouvait avancer des critères crédibles permettant à tel parti de s’approprier une telle part sur la liste commune. Bien sûr les coalitions se sont employées à faire adopter des critères objectifs, mais leur application est restée lettre morte. La mesure de la popularité s’est avérée un exercice d’autant moins facile que la durée entre la déclaration de la loi électorale et la présentation des listes n’a pas dépassé deux mois, alors que celle entre la délimitation des circonscriptions et la présentation des listes a tout juste duré un mois.

Les frontières claires disparaissent

De nombreux partis ont déserté la Coalition démocratique accusant le parti Liberté et justice des Frères de monopoliser les listes en adoptant des critères de choix qui privilégient ses candidats. Etait jugée notamment l’expérience parlementaire préalable, ce qui avantageait les Frères qui ont acquis une importante expérience électorale dans les années Moubarak. Le même phénomène s’est produit au sein du Bloc égyptien. Beaucoup de partis l’ont déserté en accusant les partis Egyptien sociodémocrate et des Egyptiens libres de monopoliser les listes. A cela s’ajoutent les accusations formulées à l’intention de certains partis du Bloc d’inclure des anciens de l’ex-Parti National Démocrate (PND) sur leurs listes. La Coalition populaire socialiste a ainsi lancé une telle accusation à l’encontre des Egyptiens libres.

De fait, à la veille des élections, la carte électorale se retrouve aussi atomisée que compliquée. La frontière entre les deux principales coalitions qui se préparaient à partager le Parlement, les Frères, le néo-Wafd et les salafistes d’un côté et les libéraux, la gauche et les soufis de l’autre, n’existe plus. Par ailleurs, des coalitions de dernière minute ont fait surface, comme celle des salafistes et de la Gamaa, qui a pris les armes contre le régime de Moubarak dans les années 1990. Une autre coalition intitulée « La révolution continue » regroupe depuis peu la Coalition populaire socialiste, la Coalition des jeunes de la révolution et le parti Nassérien. Mais la malédiction a frappé cette dernière coalition désertée il y a quelques jours par les jeunes de la révolution qui se sont retrouvés marginalisés par la Coalition socialiste.

A part ces coalitions limitées, beaucoup de partis ont choisi de se présenter indépendamment aux élections. C’est notamment le cas des partis du néo-Wafd, du Wassat et de la Liberté et la justice. Ceci réduira naturellement les chances de ces partis, un désavantage contrebalancé par un gain de solidité interne, étant donné que ces partis n’auront plus à sacrifier certains de leurs candidats sur l’autel des compromis avec d’autres formations. Dans la même logique, chacun de ces partis aura gagné la liberté d’exprimer son identité particulière durant la campagne.

Finalement, la dislocation des grandes coalitions représentera une lourde charge pour les électeurs qui devront choisir entre une vingtaine de listes, dont la plupart appartiennent à des formations très nouvelles et très peu différentes les unes des autres. Dans un chaos pareil, il semble attendu que les prochaines élections législatives soient porteuses de nombreuses surprises.

Samer Soliman

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