Histoire .
Entre documents historiques et textes explicatifs, Samir
Raafat propose une relecture
nostalgique des grandes années du développement industriel
et financier en Egypte.
L’âge d’or de la Bourse
C’est toute l’histoire de la bourse et des actions en Egypte
qui prend vie dans ce magnifique album doté de 49
reproductions en couleur de certificats d’actions. On doit à
Samir Raafat cette plongée dans
l’Egypte de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.
Nous sommes à l’âge d’or de l’économie libérale en Europe ;
l’Egypte est un pays exportateur prospère et de nouvelles
compagnies y naissent chaque jour. Devant la multiplication
de sociétés par actions, il devient de plus en plus
nécessaire d’encadrer les Bourses d’Alexandrie et du Caire
dont le fonctionnement est tant soit peu anarchique. Ces
deux institutions indépendantes étaient alors dominées par
des acteurs grecs, anglais ou belges. Il faudra attendre
plusieurs dizaines d’années avant de voir des Egyptiens en
prendre la direction.
A cette époque, des banques apparaissent et disparaissaient,
mais le Crédit foncier et la Banque nationale d’Egypte
tenaient solidement la barre du développement financier de
l’Egypte. Coton et canne à sucre étaient le moteur de la
prospérité, d’où la croissance de gigantesques sociétés
agro-industrielles, telles que Sucreries et Raffineries
d’Egypte, la société du Wadi
Kom Ombo
et la société Cheikh Fadl.
Parallèlement, un essor foncier sans précédent se traduit
par l’apparition de sociétés par actions, comme la Delta
Land Investment Company et la
société Oasis du Sahara ; la première fut à l’origine du
développement de Hélouan, de
Maadi et du Fayoum, et la
seconde de la création d’Héliopolis.
En regardant attentivement les signatures portées sur les
certificats d’actions, on constate que les propriétaires des
banques sont aussi les promoteurs de ces sociétés foncières.
Les mêmes noms se retrouvent aussi dans les compagnies de
transport : chemins de fer, omnibus ou sociétés de
navigation.
Les certificats d’actions donnent une image fidèle de
l’Egypte de l’époque tout en mettant en évidence la
fascination pour le passé pharaonique. Certains certificats
représentent des scènes agricoles tandis que d’autres
semblent évoquer le mouvement maçonnique du début du XXe
siècle.
Sous la plume alerte de Samir Raafat,
c’est la vie foisonnante de l’époque qui renaît : les
sociétés qui se font et se
défont, les intrigues, les personnalités. Il y a là des
nationalistes convaincus qui s’opposent à la domination
étrangère, politique et économique, d’autres qui sont au
service des intérêts britanniques, français ou belges. Au
passage, l’auteur nous fait revivre la naissance de certains
des quartiers les plus huppés du pays, au Caire ou à
Alexandrie.
Historiens, financiers et amateurs de souvenirs se
plongeront avec bonheur dans ce livre
attachant .
Aïcha
Abdel-Ghaffar