Iraq.
Les Etats-Unis ont annoncé officiellement la fin de leur
mission de combat dans le pays le 31 août. Une mission qui
s’achève sur un bilan peu reluisant : instabilité politique,
insécurité et problèmes économiques majeurs.
Un pas vers l’inconnu
Longtemps
souhaité par les Iraqiens qui
voyaient en la présence américaine une sorte de «
colonialisme », le retrait des forces américaines est
aujourd’hui perçu comme un soulagement par les uns et comme
une source d’inquiétude quant à l’avenir par les autres. En
effet, l’incapacité de la classe politique
iraqienne de mettre sur pied un
nouveau gouvernement, cinq mois après les législatives du 7
mars dernier, ainsi que l’insécurité chronique ne font rien
pour ramener la confiance parmi la population
iraqienne.
Sept ans et demi après la chute de Saddam Hussein, les
Etats-Unis mettent donc fin à leur mission au moment où le
pays connaît un regain de violences que des experts
attribuent à un climat politique délétère. Le niveau des
attaques est sans commune mesure avec celui des années 2006
et 2007, quand chaque mois 2 000 personnes trouvaient la
mort dans les violences confessionnelles entre sunnites et
chiites ou des attentats commis par les insurgés. Mais,
depuis le début de l’année, 300
Iraqiens périssent chaque mois de mort violente.
Cette montée de l’insécurité coïncide avec l’impasse
politique. Le premier ministre sortant
Nouri Al-Maliki affirme
que ce regain de violences n’est que l’ultime convulsion
d’une insurrection à l’agonie, mais beaucoup d’Iraqiens
considèrent que l’impasse dans laquelle se trouve la jeune
démocratie s’explique par les ambitions personnelles de
leurs dirigeants.
L’effectif de l’armée américaine est désormais de 49 700 —
soit moins du tiers de ce qu’il était en 2007 — et devrait
se maintenir à ce niveau jusqu’à l’été 2011 afin de se
consacrer à la formation des forces
iraqiennes.
Obama
rassurant mais pas convaincant
Se voulant rassurant, le président
Barack Obama a affirmé
samedi que « la guerre est en train de se terminer » en
Iraq, pays « souverain et indépendant ». La Maison Blanche a
affirmé que les Iraqiens étaient
capables d’assurer leur propre sécurité. Le président
Barack
Obama « est certain que le processus de transition
d’une mission de combat (des soldats américains) en Iraq à
une prise de contrôle de leur sécurité par les forces
iraqiennes a été couronné de
succès », a déclaré le porte-parole adjoint de la Maison
Blanche, Bill Burton. Les Iraqiens
« sont capables de prendre en charge leur propre sécurité »,
a insisté M. Burton.
Pas si sûr, pensent les observateurs. Ce qui inquiète le
plus, c’est la crise politique ; la lutte pour le pouvoir
pouvant se transformer en lutte confessionnelle. Le chef des
forces américaines en Iraq, le général Ray
Odierno, ne l’a pas caché, il a
fait part de son inquiétude face à la crise politique. « Les
gens sont très frustrés et cela représente un danger
potentiel si les politiciens n’y prennent pas garde »,
a-t-il dit.
Les experts évoquent également le climat politique délétère.
Cité par l’AFP, Brian
Fishman, de New
America
Foundation de Washington, estime que le retrait des
forces américaines « va certes laisser un plus grand espace
pour les groupes armés mais le vrai problème, c’est
l’impasse politique. Plus elle durera, plus des gens
soutiendront ouvertement ou discrètement la violence comme
moyen d’ébranler le système ». Le risque est donc là : s’il
n’y a pas rapidement de coalition gouvernementale, beaucoup
de cicatrices liées au confessionnalisme risquent de se
rouvrir.
Or, en décidant ce retrait, M. Obama
joue surtout une carte politique interne. A l’approche des
élections de mi-mandat, il tient une promesse électorale et
tente de gagner l’opinion publique en sa faveur. Dans les
faits, la réalité est bien plus complexe et la confiance
affichée du président américain en l’avenir de l’Iraq est
peu convaincante. Les troupes de combat américaines peuvent
se targuer d’avoir renversé un dictateur sanguinaire, mais
pour ce qui est de la stabilité politique, du terrorisme et
de la cohabitation avec le voisin iranien, leur bilan est
bien plus incertain. La présence d’Al-Qaëda
en Iraq représente toujours des menaces importantes. Aussi,
l’affaiblissement de l’Iraq après la chute du pouvoir
sunnite de Saddam Hussein a levé un obstacle devant l’Iran
chiite, au grand dam des Etats arabes du Golfe, qui voient
désormais la République islamique comme la principale menace
dans la région, ce qui en fin de compte fait les affaires de
Washington.
Abir
Taleb