Al-Ahram Hebdo, Evénement | La recette magique n’opère pas
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 17 au 23 mars 2010, numéro 810

 

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Processus de paix . On a cru qu’il allait être relancé avec la nouvelle formule américaine de négociations indirectes. Mais Israël a une fois de plus tout saboté avec ses projets de colonisation, narguant même l’Amérique et son vice-président Joe Biden.

La recette magique n’opère pas

On disait que Joe Biden était le sauveur. L’homme qui devait relancer les négociations palestino-israéliennes, en état de léthargie depuis des mois. Le vice-président américain semblait avoir donné toutes les satisfactions à Israël lors de la tournée qu’il vient d’effectuer dans la région afin de mettre en marche le processus dit de « négociations indirectes », qualifiées aussi de « négociations de proximité », si l’on reprend la définition américaine. Un moyen de sortir de l’impasse. Et pour obtenir l’approbation de Tel-Aviv, la première chose dont Biden a parlé était la sécurité d’Israël ... « Les Etats-Unis promettent un soutien absolu et total à la sécurité d’Israël ... face à l’Iran ». L’Etat hébreu exerce donc un vrai chantage avec l’histoire du nucléaire iranien qu’il tente de placer, en priorité, en tête de tous les agendas et dont il se sert pour reléguer aux oubliettes justement la question palestinienne. Biden a voulu un peu amadouer les Israéliens en attendant qu’ils réagissent de manière un peu positive sur le dossier de la crise proche-orientale. Mais qu’est-il arrivé ? Parti vers la région avec toute la prouesse de Rocky, ce super boxeur du cinéma américain, comme le dit le Los Angeles Times, il est revenu furieux et humilié. Voire, c’est au beau milieu de son voyage qu’Israël l’a vraiment nargué. Le gouvernement Netanyahu a déclenché une crise diplomatique avec l’administration Obama, en pleine visite de Biden, en donnant son feu vert à la construction de 1 600 nouveaux logements à Ramat Shlomo, un quartier de colonisation occupé par des Juifs ultra-orthodoxes dans un secteur arabe de Jérusalem annexé par Israël. Déjà, le ministre israélien de l’Environnement, Gilad Erdan, avait annoncé la construction de 112 logements dans une colonie de Cisjordanie (lire page 4). La réaction palestinienne ne s’est pas faite attendre : le président palestinien Mahmoud Abbass a informé la Ligue arabe qu’il ne reprendrait pas les négociations avec Israël sans un arrêt de la colonisation à Jérusalem-Est, comme l’a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat : « M. Abbass a informé Amr Moussa (le secrétaire général de la Ligue arabe) qu’il ne pouvait pas retourner à la table des négociations sans l’annulation du projet de construction de ces logements-est ». Il a également fait part de sa décision au vice-président américain. Le pire, ce sont les tentatives d’excuses d’Israël. Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a fait part de ses « regrets », non pour la décision de construire ces logements, mais plutôt « pour le moment malheureux de l’annonce du projet ». C’était donc une sorte de gaffe, mais rien ne présage d’un recul en ce qui concerne le fond même de la question. Rien donc qui implique une volonté israélienne d’aller de l’avant dans le processus de négociations. Ce qui compte, c’est l’annulation de la construction des colonies et non pas le moment choisi pour les annoncer, ce qui témoigne, somme toute, d’une tentative de mettre les Américains devant le fait accompli. Rien de nouveau sous le soleil. Les retards sont toujours provoqués par Israël et se succèdent, en dépit de toute une infrastructure de négociations mise au point avec la participation des grandes puissances et de l’Onu.

Et si ces derniers temps on a parlé de ces négociations indirectes, on se demande s’il s’agit d’un recul ou d’une manière plutôt pragmatique d’approcher la question. « La question est empreinte de mystère. Depuis Oslo, on parlait de négociations directes. Et voici soudainement qu’il est question de négociations indirectes. C’est quoi alors ? Juste parler de questions qui ne soient pas épineuses. Nous sommes finalement face à une tentative de ne pas reconnaître que le processus de paix s’est tout à fait effondré. Tous les partenaires ne peuvent pas l’annoncer. Il s’agira de parler, parler et encore parler », souligne Saïd Okacha, spécialiste des affaires israéliennes au Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Ceci est bien vrai, et si l’on tente de sauver les apparences, c’est qu’il n’est guère dans l’intérêt des deux parties et de leur parrain américain d’annoncer leur échec parce qu’ils devront assumer des responsabilités face à leurs peuples, l’Autorité palestinienne surtout. « Mahmoud Abbass, s’il reconnaissait l’échec du processus, devrait abdiquer et être remplacé par quelqu’un d’autre », ajoute Okacha.

L’implantation des colonies n’est en fait qu’une suite logique du principe idéologique sioniste qui consiste à annihiler la présence et l’identité palestiniennes.

Une pluie de condamnations vient de tomber sur Israël suite à l’annonce par le gouvernement israélien de droite de Benyamin Netanyahu de la construction de 1 600 logements juifs à Ramat Shlomo, un quartier juif orthodoxe érigé dans le secteur de Jérusalem-Est, dont l’annexion par Israël en 1967 n’est pas reconnue par la communauté internationale. C’est en pleine tentative de relance du processus de paix et au lendemain de l’annonce de la mise en chantier de 112 logements dans une colonie juive de Cisjordanie que la décision de Netanyahu est lancée. En effet, ce feu vert à la poursuite de la colonisation, actuellement le sujet le plus sensible du dossier proche-oriental, est intervenu en pleine visite du vice-président américain Joe Biden, dont le pays vient d’arracher une reprise de négociations indirectes entre Israël et les Palestiniens. « La décision du gouvernement israélien (...) sape (...) la confiance dont nous avons besoin maintenant afin de commencer et produire des négociations fructueuses », a estimé Biden à Ramallah, aux côtés du président palestinien Mahmoud Abbass. De même, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a condamné la décision du ministère israélien de l’Intérieur alors qu’il doit se rendre en mars en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Une question idéologique

Au regard du droit international, l’implantation de colonies est illégale, a rappelé le porte-parole du secrétaire général dans un communiqué publié mardi soir au siège de l’Onu à New York.

En réalité, les Israéliens ne semblent pas vouloir renoncer ni à leur rêve, ni à leur idéologie. Rien de nouveau et tout le monde le sait très bien ; ces colons sont les porteurs d’une idéologie basée sur la domination juive de toutes les terres de la Palestine historique, qui représentent pour eux le grand Israël. Et ils s’opposent non seulement à tout retrait, aussi minime soit-il, des territoires palestiniens occupés, mais professent aussi un non-stop à la construction de colonies.

C’est d’ailleurs ce qu’affirme Mohamad Khamis, rédacteur en chef du journal Al-Qods, qui explique que le fond du projet israélien est basé sur la confiscation de plus en plus des territoires palestiniens et les faire habiter par des immigrés, « l’idéologie sioniste étant fondée sur la colonisation de ces territoires. Donc, il existe un conflit démographique et géographique, et c’est le cœur du projet sioniste. L’expansion coloniale est la base fondamentale de l’idéologie sioniste ». Pourtant, selon la feuille de route de 2003, Israël doit geler l’élargissement des colonies juives. Ce n’est pas tout ; en fait, la réussite du mouvement sioniste est liée au nombre de territoires colonisés. Déjà en 2009, on pouvait compter 10 000 colons de plus. C’est ce qu’a précisé le Bureau central des statistiques israélien qui vient de publier — une  coïncidence ? —,  avec l’annonce de Netanyahu, les premiers chiffres concernant l’évolution de la population israélienne en Cisjordanie, hors Jérusalem-Est en 2009. Cette population a enregistré en 2009 une hausse de 4,9 %, certes légèrement plus faible qu’en 2008 (5,1 %), mais qui se traduit par un accroissement de 10 000 Israéliens et le franchissement de la barre de 300 000 personnes. En ajoutant Jérusalem-Est, le chiffre total d’Israéliens installés dans des territoires conquis militairement en 1967 est sans doute très proche du demi-million. Comme le souligne le Bureau israélien, la moitié de cette population supplémentaire enregistrée en 2009 concerne les trois plus grandes colonies que les Israéliens entendent annexer. Les deux premières, Modiin Illit (44 000 habitants) et Betar Illit (36 000), peuvent être élargies d’autant plus facilement qu’elles jouxtent la Ligne verte de 1949. Il n’en va pas de même avec Maale Adoumim (34 000), à l’est de Jérusalem, où l’expansion est plus difficile. Mais elle pourrait, en cas de connexion forcée avec la ceinture de quartiers de colonisation érigés à l’est de la Ville sainte, parachever ce dispositif visant à rendre impossible une partition de Jérusalem.

La situation devient de plus en plus claire. l’implantation des colonies n’est, en fait, qu’une suite logique du principe idéologique sioniste qui consiste à s’emparer du maximum de territoires possible. C’est ce qu’a signalé Pierre Stambul, penseur juif français anti-sioniste, dans un dossier spécial « Sionisme : un siècle de falsifications », tiré du numéro de février 2010 du mensuel Alternative libertaire. L’auteur affirme que l’ouverture des archives a établi avec certitude ce que les Palestiniens ont toujours dit : l’expulsion de 800 000 personnes en 1948 était délibérée et il n’y aura pas de solution à cette guerre sans réparation de ce crime fondateur. La confiscation des terres, les villages rasés dont les traces ont été effacées et le refus du retour des expulsés étaient prémédités. Le remplacement des Palestiniens par les Juifs venus du monde arabo-musulman a été organisé. Le sionisme a construit un Etat ethnique où les non-juifs sont des sous-citoyens (...) Le sionisme ne s’est pas achevé avec la création d’Israël. Ce qui est à l’œuvre aujourd’hui, c’est « l’achèvement de la guerre de 1948 », la tentative de faire en sorte que les Palestiniens, comme les aborigènes d’Australie, ne puissent plus jamais revendiquer leurs droits.

Chaïmaa Abdel-Hamid 

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Des diplomates français dénoncent l’intransigeance israélienne

Seize hauts diplomates français, « qui ont terminé leur mission publique », viennent d’adresser au président de la République une lettre ouverte dans laquelle ils suggèrent que la France prenne une initiative pour relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens, dans le but de mettre un terme à un conflit qui « demeure au cœur de l’avenir du Proche-Orient et affecte l’ensemble du monde arabo-musulman ».

Voilà des extraits de cette lettre.

— Cette négociation se déroulerait « sous le contrôle d’une conférence internationale qui veillerait à la mise en œuvre, dans des délais déterminés, de l’accord à intervenir et des garanties nécessaires ». A leurs yeux, le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Nations-Unies, Russie) « devrait jouer un rôle majeur dans le suivi de cette prescription internationale ». « Fait exceptionnel, relèvent-ils, un accord est intervenu entre les 27 pays membres (de L’Union européenne) pour rappeler à Israël ses devoirs à l’égard de la communauté internationale et les graves conséquences d’une situation qui perdure depuis plus de 40 années d’occupation (le mur, les colonies, les spoliations) ».

— « Jamais le gouvernement israélien, pressé par ses colons, n’a été aussi intransigeant, jamais la représentation palestinienne divisée n’a été aussi faible. Et cependant, les chances de la paix sont réelles », estiment les auteurs de cette lettre, qui constatent la « modération » palestinienne et « l’offre arabe de reconnaissance pleine et entière d’Israël si l’Etat palestinien est créé selon une équité historique avec Israël ».

— Les principes de base de la négociation qu’ils préconisent se fondent sur les « termes de référence » établis depuis les accords d’Oslo et repris par la feuille de route de 2003. Les frontières de l’Etat palestinien à créer doivent être celles de 1967 (sauf échanges de territoires mutuellement agréés), Jérusalem doit être partagée, avec garantie d’accès aux lieux saints, et une solution doit être apportée au problème des réfugiés l

 

 

 




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