Lecture.
Source de savoir, le livre est pourtant délaissé en Egypte.
Un de nos lecteurs se lamente de ce phénomène patent chez
les jeunes et estime que notre société y perd beaucoup.
Le
livre, ce compagnon mal connu
«
Le livre est roi et tous les systèmes de formation en
dépendent », c’est par ces propos que la ministre algérienne
de la Culture, Khalida Toumi, dans le numéro 803 d’Al-Ahram
Hebdo, dépeint judicieusement l’importance et la précieuse
valeur du livre. Cependant, en parlant du livre et de la
lecture, se dresse immédiatement devant nous un obstacle
fait de plomb et qui semble de prime abord inébranlable :
c’est l’analphabétisme, précipice inépuisable de retard et
de recul. Or, vanter la nécessité du livre, les délices et
le charme de la lecture à un public illettré serait une
chose dérisoire. Il faudrait donc tout d’abord briser les
lourdes chaînes de ce fléau épidémique qui nous ronge
impitoyablement. Notons que les statistiques qui recensent
le nombre d’illettrés sont pénibles à mentionner
publiquement, c’est pourquoi la lutte contre cette
catastrophe sociale entreprise par les responsables ne
devrait ni s’atténuer, ni fléchir.
En
regardant de près notre société, un autre point, critique et
inquiétant, me tracasse et me désole. Je remarque combien le
livre est peu apprécié par le public égyptien et
particulièrement les jeunes. En fait, la nouvelle génération
cherche ailleurs le divertissement et les concurrents du
livre sont, hélas, bien nombreux. Citons comme exemple la
télévision, assurément l’aimant irrésistible pour tous les
âges. Les téléspectateurs sont impossibles à dénombrer,
chose évidente puisqu’avec la diversité des programmes sur
les innombrables chaînes satellites, les feuilletons
égyptiens, syriens et turcs, y compris les films arabes et
américains, sans oublier la diffusion des sports, notamment
les matchs de football, le petit écran répond sans arrêt à
tous les penchants et satisfait tous les goûts. De même, un
autre moyen de distraction s’impose avec énergie, et duquel
les jeunes ne parviennent pas à se désister et se laissent
volontairement cloîtrer en sa compagnie, sans broncher,
pendant d’interminables heures : Internet.
Il est
indubitable que les jeunes ont un grief contre le livre, se
pencher sur un bouquin et s’y concentrer pendant une heure
devient un calvaire, une tâche insoutenable, comme un devoir
d’école, une source de monotonie de laquelle ils essayent
contre vents et marées de s’éclipser.
Alors,
pour ne pas nous jucher au poste d’accusateur et sermonner
nos enfants, cherchons sagement les raisons de cette
réticence et ce désintéressement de la lecture. L’énigme se
résout en sachant que le vrai coupable et qui possède tous
les torts n’est autre que le système éducatif, imbu de
carences, de désorganisations et d’instabilité. Ceci s’est
fatalement répercuté sur les écoliers, les collégiens et
même les étudiants ; ils détestent d’emblée tous les livres
d’école et les bouquins en général sans distinction et sans
réflexion.
Les
ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur
peinent à trouver une issue à ces sempiternels problèmes.
Point de plan rigoureux pour se sauver de son impasse, et
par conséquent point d’échappatoire à ce curieux phénomène
qui caractérise péjorativement la jeunesse.
Mesurant
ainsi les choses, et en connaissance de cause, la première
dame d’Egypte, Madame Suzanne Moubarak, a entrepris une
campagne bien méritoire pour répandre à travers toute
l’Egypte l’amour de la lecture : « La lecture pour tous »,
c’est une gracieuse invitation pour les enfants et les
parents pour s’attacher à la lecture et c’est également un
pas vers un nouvel horizon, et un azur illuminé de culture
et de progrès. Cependant, le chemin est long et caillouteux
et d’autres projets devraient se joindre au premier, pour
récolter les fruits et les résultats tant désirés. Au cours
de son discours, la ministre algérienne de la Culture a
parlé d’un projet gigantesque entrepris par les deux
ministères de la Culture et de l’Intérieur pour instaurer
environ 1 800 bibliothèques qui serviront toute l’Algérie,
villes et villages. C’est à mon avis une idée exemplaire à
ne pas négliger, un modèle parfait à suivre. Certes, il
nécessitera un budget extrêmement élevé. Mais le profit
intellectuel sera considérable. Dans toute l’Egypte, chaque
quartier devrait contenir environ une vingtaine de
bibliothèques, bien équipées, attrayantes, ensoleillées,
joliment décorées, enrichies d’enseignes portant des slogans
tels que « Lire est un plaisir » ou encore « La lecture est
une joie sans mesure ». Peut-être pourrait-on ainsi capter
l’attention du public, susciter sa curiosité et le pousser à
y pénétrer pour découvrir le monde enchanteur et éblouissant
de la lecture et que le livre, loin d’être fastidieux, soit
au contraire un moyen sans pareil de détente et de culture
pour l’esprit.
Le
public civilisé dans les pays occidentaux est également un
modèle idéal à propager, connaissant parfaitement la valeur
du livre. On voit les passagers dans les différents moyens
de transport, tramways, autobus, ou trains s’absorber dans
la lecture d’un livre qu’ils emportent toujours avec eux,
profitant ainsi d’un moment de loisir, avant d’arriver à
destination.
Peut-être parviendrons-nous un jour à atteindre notre
objectif de créer une sympathie entre le public égyptien et
le livre, et combler les lacunes qui existent entre eux.
Notre grand souhait est de voir le livre devenir le
compagnon inséparable de chaque individu.
Rédallah Mokhtar Moussa,
Héliopolis.
Trop
plein général
Permettez-moi d’exprimer ma colère face à une situation
grave que nous rencontrons tous les jours et qui nous
concerne tous : ouvriers, employés, ou médecins ... Nombreux
sont ceux qui sont dans une situation déplorable et
expriment leur mécontentement face au bâtiment de
l’Assemblée du peuple. Par exemple, les pharmaciens sont
depuis plusieurs jours en sit-in pour protester contre une
décision les obligeant à modifier leurs conditions de
travail, parfois trop coûteuse pour eux. Parmi ces
conditions, il y a l’augmentation de la superficie de la
pharmacie qui doit passer de 25 à 40 m2. Et la raison est
loin d’être convaincante : il s’agit de soi-disant plus
d’espace pour mieux accueillir les clients ! Mais il semble
que nos responsables n’ont pas bien calculé les choses, car
de telles décisions handicapent encore plus les jeunes qui
rêvent d’avoir leur propre pharmacie et qui n’ont pas
beaucoup de moyens financiers. Il se passe quelque chose
dans notre société et nous devons le reconnaître : la
population, toute classes confondues, en a assez des
inégalités, de l’injustice et des prix qui augmentent, alors
que la valeur du citoyen ordinaire baisse continuellement au
fil des jours !
Amina
Mohamad,
Tanta.
La
santé des pauvres
Tout
d’abord, permettez-moi de vous remercier pour vos efforts
dans le traitement des sujets touchant directement la vie
quotidienne de la société égyptienne. Parmi ces sujets, je
voudrais citer l’article « Les malades démunis dans le
collimateur », publié dans le numéro 805 d’Al-Ahram Hebdo,
et qui aborde le service public des soins médicaux. Je
voudrais à ce titre vous faire part de mon expérience.
L’article en question affirme que depuis deux semaines, plus
de 70 % des hôpitaux universitaires ont cessé de recevoir
les patients pris en charge par l’Etat. Or, ils sont 1,5
million de patients à être pris en charge chaque année par
l’Etat. Cela démontre que le système est bel et bien en
danger et affecte la santé de la population. Mais cela ne
s’arrête pas là : il existe aussi de nombreuses accusations
selon lesquelles certains, pas des plus pauvres et au-delà
des hôpitaux, cherchent à profiter financièrement de ce
service destiné aux plus démunis. Des millions de livres
égyptiennes partent ainsi en fumée alors qu’elles devraient
aider les plus fragiles. C’est donc la mauvaise santé du
système, dont les pauvres font en premier les frais, qu’il
faut soigner. J’ose espérer que l’Etat se penchera en
urgence sur leur sort et que les riches cesseront, en
conséquence de mesures sévères, d’abuser du système.
Mohamad Hassan Galal,
Damiette.
Notre
belle langue arabe
Tout
d’abord je présente mes félicitations à toute l’équipe
d’Al-Ahram Hebdo pour tous les efforts fournis.
Permettez-moi de vous parler d’une date importante : il
s’agit du 21 février. Cette date marque la journée
internationale de la langue maternelle. Je pense que c’est
une bonne occasion pour que nous prenions l’initiative de
montrer combien notre langue arabe est une langue
importante. Comment ? En organisant par exemple un festival
national destiné à mieux faire connaître aux plus petits,
comme aux plus grands, l’importance de la langue arabe. Il
faut apprendre correctement les règles de la langue. Une
langue doit s’apprendre précisément et justement. La langue
arabe est une langue difficile, mais elle reste extrêmement
intéressante dans ses significations et ses images. Alors
portons-la haut dans nos cœurs !
Khaled Hussein,
Le Caire.
Salon
du Livre : honte à l’action de la francophonie !
J’aimerais que votre journal que je lis toutes les semaines
depuis plus de 10 ans (papier ou net) puisse publier mon
ressentiment que je développe ci-dessous. Par avance merci !
Je rentre à l’instant (8 février) de l’important Salon du
Livre du Caire, sans doute 10 fois plus important que celui
de Paris, mais peu connu en Europe. Dommage car il attire un
immense public familial ... Je fréquente tous les ans ce
Salon et la présence française est de plus en plus limitée.
Le comble a été atteint cette année. Dans le Pavillon des
pays étrangers (Pavillon 15) on trouvait un large stand de
l’Italie, de la Russie (hôte officiel, certes), de la
Pologne, de l’Espagne, de la Grèce, du Kazakhstan et de
nombreux pays arabes. En revanche, la France avait bien un
stand, très bien situé (près de l’entrée) mais où il n’y
avait que des étagères ... sans aucun livre ! Une seule
chaise, sans table, le meublait. Inutile de préciser
qu’aucun représentant n’était présent sur ce malheureux
stand vide. On nous a dit qu’ils étaient présents les jours
précédents (est-ce vrai ?). Alors bravo les beaux discours
sur la francophonie ! J’ai assisté à la stupéfaction de
visiteurs égyptiens face à cette défection totale. C’était
navrant ! A quoi sert notre attaché culturel du Caire
? Pourtant, certains de nos présidents sont des habitués du
tourisme en Egypte : Mitterrand bien sûr à l’Old Cataract
mais aussi notre président actuel, Sarkozy, fidèle au
Sofitel de Louqsor (Old Winter Palace) et de Charm
Al-Cheikh. Compte tenu des liens que notre président actuel
entretient avec ce pays, ne pourrait-il pas remonter les
bretelles de notre représentant au Caire ?
Alain
Celibert,
Le Caire.