Quand sera proclamé l’Etat palestinien ?
Mohamed Salmawy
L’un
des plus importants indices d’alignement et de la politique
de deux poids, deux mesures dans la manière de traiter avec
les Arabes est ce qui arrive actuellement au niveau de
l’établissement de l’Etat palestinien et l’entêtement
israélo-américain qu’il ne voit le jour que par le biais des
négociations. A un moment où l’Histoire n’a enregistré
aucune négociation ayant précédé la création de l’Etat juif.
L’établissement de l’Etat palestinien et l’Etat juif a pour
référence à l’appui une même résolution onusienne, celle du
partage promulguée en 1947, stipulant la création de deux
Etats, juif et palestinien, et que Jérusalem préserve son
statut international entre les deux Etats.
Partant,
différents pays se sont empressés à l’époque pour
reconnaître le nouvel Etat juif, estimant que la référence
légitime de l’établissement de l’Etat juif était cette
résolution promulguée par l’organisation internationale. Le
premier pays à reconnaître l’Etat juif fut l’Union
soviétique, ensuite, les Etats-Unis. Cependant, ils
n’avaient pas insisté que cette reconnaissance soit étayée
par la tenue de négociations entre les deux parties
déterminant la nature de cet Etat et ses frontières, etc.
Il est vrai que la partie arabe avait à l’époque refusé la
reconnaissance de l’Etat hébreu. Elle y avait vu une
violation d’une terre arabe habitée par ses citoyens
originaux et donc la tenue de négociations était impossible.
Aujourd’hui, le rejet est toujours de mise, mais seulement
la situation s’est inversée et le refus est passé du côté
arabe au côté israélien. Nous avons imaginé que l’engagement
de la communauté internationale à la légitimité
internationale incarnée dans la résolution onusienne sur
laquelle se sont appuyés les pays du monde dans leur
reconnaissance de l’Etat juif malgré le refus arabe, aurait
dû les amener à adopter la même position de reconnaissance
de l’Etat palestinien stipulé par la résolution même, et ce,
en dépit du rejet israélien.
La reconnaissance par le Brésil et l’Argentine de l’Etat
palestinien a été considérée comme étant l’unique engagement
manifesté par la communauté internationale et,
malheureusement arabe, vis-à-vis de cette légitimité
internationale incluse dans la résolution onusienne
précitée.
Cette position juridique correcte émanant des deux pays
latino-américains est ce qui a incité les opposants à
l’établissement de l’Etat palestinien à poser comme
condition la nécessité de tenir des négociations préalables
sur ses détails. Ce que les mêmes pays n’ont pas posé comme
condition pour ce qui est de l’Etat hébreu.
Malgré cela, je n’imagine pas que la communauté
internationale soit plus royaliste que le roi, comme il est
coutume de le dire dans des situations pareilles, et qu’elle
reconnaisse l’Etat palestinien dans ses frontières d’avant
le 5 juin 1967, même avant que les Arabes ne le fassent. La
reconnaissance initiée par le Brésil et l’Argentine, puis la
Bolivie, était un motif indirect pour l’Autorité
palestinienne elle-même pour proclamer la mise en place de
l’Etat palestinien unilatéralement. Tout comme la partie
juive l’a fait unilatéralement lors de l’établissement de
l’Etat hébreu en 1948. Mais ceci n’a pas eu lieu.
J’imagine que l’Autorité palestinienne doit prendre cette
même initiative rapidement et que cette reconnaissance doit
être suivie d’une autre arabe collective. Ensuite, il faut
qu’une campagne arabe et internationale soit lancée pour
inciter les différents pays du monde à reconnaître l’Etat
palestinien naissant.
Il s’agit là de l’unique moyen d’investir la reconnaissance
qui nous est parvenue de l’extrémité du monde vis-à-vis de
l’Etat palestinien. Si nous ne prenons pas l’initiative
logique et valable, la reconnaissance latine deviendra
lettre morte sans aucune concrétisation sur le terrain
politique.
L’Autorité palestinienne avait menacé à plusieurs reprises
qu’elle serait obligée éventuellement de proclamer l’Etat
palestinien unilatéralement. N’est-il pas temps d’exécuter
cela, surtout après que certains pays amis eurent reconnu ce
que le monde entier a revendiqué ? Si l’occasion historique
ne s’est pas présentée, après tout cela, quand est-ce
qu’elle adviendra donc ?