Processus de paix .
Il y a six ans, disparaissait Yasser Arafat, leader de la
révolution palestinienne, honni par Israël. Mais depuis sa
mort, aucun progrès n’a été réalisé dans le processus de
paix.
Ils ont fait tomber le rameau d’olivier
«
Un jour, ils regretteront Arafat », disait le premier
ministre palestinien Ahmad Qoreï, peu avant la mort
d’Abou-Ammar. Isolé dans sa Mouqataa, à Ramallah, pendant
plus de deux ans, le président palestinien s’apprêtait à
rendre le dernier souffle dans un hôpital militaire à Paris.
Cela fait aujourd’hui six ans et les Israéliens « se bercent
d’illusions s’ils croient que leurs visées se réaliseront
dans l’après-Arafat », avait encore déclaré Qoreï.
Le constat de Qoreï s’avère vrai. Un constat qui prouve,
malheureusement, que c’est uniquement sous Arafat que
d’énormes avancées ont pu être réalisées dans le processus
de paix, et depuis la disparition de cet homme « lutteur
infatigable » en faveur d’un parcours politique, rien n’a
été réalisé. Le conflit demeure inchangeable. L’occupation
et la colonisation israéliennes des territoires palestiniens
sont toujours là. Les Israéliens, soutenus à l’époque par un
W. Bush hostile aux Palestiniens et à leur raïs, décident de
mettre le leader palestinien sur le banc de touche, parce
que simplement ils ne voient pas en lui « un partenaire » à
la paix.
« J’espère qu’ils m’entendront, ceux qui croient en la paix,
s’ils existent », dit le successeur d’Abou-Ammar, cherchant
par ses mots un « partenaire » à la paix dans l’autre camp.
Mahmoud Abbass, fatigué par l’intransigeance israélienne, ne
trouve plus d’alternative que de se placer résolument dans
les pas de son prédécesseur et lance un appel aux
Israéliens, les exhortant à ne pas gaspiller les occasions
de paix. « Je me tourne maintenant vers les Israéliens »,
a-t-il dit.
« Faire la paix est plus important que les colonies », lance
le leader palestinien, devant plusieurs milliers de
partisans, lors d’un rassemblement en Cisjordanie, marquant
le sixième anniversaire de la mort d’Arafat.
Il reprend à son compte un programme façonné il y a une
vingtaine d’années, réaffirmant son engagement à parvenir à
un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem comme
capitale, à faire respecter le droit au retour des réfugiés
et à libérer tous les prisonniers palestiniens incarcérés en
Israël. « La ville arabe de Jérusalem fait partie intégrante
des territoires occupés en 1967 », dit-il encore, ne cachant
plus les coups d’épées qu’il reçoit depuis le décès de
l’homme qui a incarné toute la Palestine.
Les négociations israélo-palestiniennes ont été relancées en
septembre sous l’égide de Washington, pour achopper un mois
plus tard quand Israël a repris la construction de nouvelles
colonies pour des juifs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Désespoir ou frustration, Abou-Mazen rappelle au président
américain Barack Obama son engagement en faveur d’un « Etat
de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israël ».
« Nous considérons cette déclaration comme un engagement du
président Obama, pas comme un slogan, et nous espérons que
l’année prochaine, il ne nous dira pas : excusez-nous, nous
ne pouvons pas », martèle-t-il, en menaçant de recourir à
l’Onu et son Conseil de sécurité. Cela rappelle une scène de
1974, Arafat prend la parole devant l’Assemblée générale de
l’Onu. Un discours historique : « Je viens à vous avec un
rameau d’olivier dans la main gauche et une mitraillette
dans la droite. Ne faites pas tomber le rameau d’olivier ».
Une position d’hier et d’aujourd’hui qui en dit long sur une
volonté, jamais satisfaite, de parvenir à une paix avec
Israël. Le processus de paix paraît déjà au bord de
l’effondrement, après le refus d’Israël de prolonger un gel
de la colonisation en Cisjordanie occupée. « Il ne faut pas
se bercer d’illusions sur le fait que la paix et la sécurité
viendront facilement », faisant penser au « dicton » de
Qoreï sur l’après-Arafat.
Et pour revivre le « durant-Arafat », le gouvernement
palestinien a approuvé un budget d’un million et demi de
dollars, pour la construction d’un musée à la mémoire du
dirigeant historique de la Palestine.
Samar
Al-Gamal