Al-Ahram Hebdo,Dossier | Le nucléaire à la place de l’or noir

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 Semaine du 27 octobre au 2 novembre 2010, numéro 842

 

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Nucléaire. L’énergie nucléaire a toujours été l’une des ambitions les plus importantes des pays du Moyen-Orient. Aiguisés par l’exemple de l’Iran, devenu à la fois modèle et rival, ils la conçoivent aujourd’hui dans le cadre de la fin de l’ère pétrolière.

Le nucléaire à la place de l’or noir

Rien d’étonnant à ce que ces pays trouvent dans le nucléaire non seulement un moyen de modernisation au niveau de l’infrastructure, mais surtout une manière de se protéger des crises énergétiques, puisque, d’une part, l’ère pétrolière touche à sa fin, et d’autre part, les Etats de la région vont devoir faire face à une forte hausse de leur consommation d’électricité dans les années à venir. Des phénomènes qui ont poussé à étudier des projets de centrales nucléaires.

De plus, le Traité de non-prolifération nucléaire TNP, à travers son article autorisant le développement du nucléaire à des fins civiles, est souvent avancé comme légitimation de ces programmes. Pour le politologue Mohamad Abdel-Salam, « le nucléaire civil représente une importance majeure pour ces pays du Moyen-Orient à une période où l’ère pétrolière commence à prendre fin et où l’électricité devient assez chère avec des pays désertiques et qui ont besoin de ressources en eau. Toutes ces sources garantissent la survie de ces Etats ». Certains de ces pays devraient commencer leurs programmes sous peu, notamment les Emirats Arabes Unis (EAU). Ils ont décroché plus qu’un feu vert américain : ils ont, en effet, signé un accord prévoyant que les Etats-Unis fourniront les connaissances nécessaires à la construction de centrales atomiques électriques.

Les EAU ont aussi conclu un accord de coopération avec le Japon et les Etats-Unis, après avoir fait de même l’an dernier avec la France et la Grande-Bretagne. « Abou-Dhabi a décidé de se lancer dans le nucléaire, afin de préserver ses réserves en énergies fossiles sur le long terme. Le pays a un projet de, pratiquement, 5 000 MW, c’est-à-dire trois réacteurs, avec peut-être six autres derrière », expliquait le patron de GDF Suez, Gérard Mestrallet, lors de la conférence Energie du Groupe Les Echos. Les premières spécifications pourraient sortir avec un choix du consortium prévu en 2012. Très ambitieux, Abou-Dhabi envisage une mise en service à l’horizon de 2017.

Mais cela dit, la mise en service d’une centrale nucléaire dans un pays arabe comme les Emirats, qui est un partenaire commercial de l’Iran, constitue un sujet sensible pour les Etats-Unis. Les Emirats ont donc donné des gages de bonne volonté aux Etats-Unis. Ils ont signé le traité de non-prolifération nucléaire et se sont engagés à ne pas enrichir, ni retraiter le combustible nucléaire. Ils s’appuient aussi sur deux sociétés américaines d’ingénierie, à savoir Thorium Power et CH2M Hill, pour les aider à développer leur programme. Ils ont enfin recruté un ancien de la Commission américaine de régulation du nucléaire (NRC), William Travers, pour les aider à manager leur agence de régulation.

Les options d’Amman

La Jordanie aussi. Elle compte devenir exportatrice d’électricité en 2030, grâce au développement de ses capacités nucléaires. Ce pays, qui subit depuis quelques années un déficit énergétique chronique, doit importer la quasi-totalité de son énergie, et l’Etat a du mal à supporter ce coût, surtout depuis la chute du régime de Saddam Hussein en Iraq, qui lui faisait bénéficier de prix très compétitifs sur le pétrole. Décision est prise donc, de se lancer dans un programme nucléaire. D’autant plus que le sous-sol jordanien est particulièrement riche. Le pays possède d’immenses réserves de phosphates, qui renfermeraient 130 000 tonnes d’uranium et 70 000 tonnes de roches carbonatées. Un premier réacteur pourrait entrer en service en 2013. Le directeur de la Commission jordanienne de l’énergie atomique JAEC, Khaled Toukan, prévoit un doublement de la consommation électrique du pays au cours des 20 prochaines années. La Jordanie vient de signer un accord de coopération nucléaire avec le Japon qui prévoit « l’exploration et l’exploitation de l’uranium, la construction et la gestion des réacteurs nucléaires et la protection de l’environnement contre les radiations ». Le Royaume veut s’équiper d’une centrale atomique d’ici 2019. En attendant, Amman cherche des fonds. Un prêt sud-coréen de 70 millions de dollars a déjà été conclu en juillet dernier. Mais les soucis jordaniens ne s’arrêtent pas là.

La Jordanie, voisine de l’Etat hébreu, se plaint qu’Israël s’oppose à son programme nucléaire en s’efforçant de convaincre ses collaborateurs d’abandonner ce projet. « Il n’y a aucune crainte cachée derrière ces projets pacifiques, puisqu’il est bien impossible que ces programmes soient transformés en programmes militaires ». Et d’ajouter : « Si Israël ne cesse d’entraver ces projets, c’est qu’elle ne veut aucun développement pour ces pays », affirme Abdel-Salam.

La liste ne cesse de se prolonger. En effet, deux jours seulement après la signature de l’accord de coopération nucléaire entre le Japon et la Jordanie, le Koweït s’est empressé de faire part de ses intentions de rejoindre le cercle grandissant des pays du Moyen-Orient intéressés par l’énergie atomique. Son programme vise à l’établissement de quatre réacteurs dans les vingt années à venir. Tout comme les récents nouveaux adeptes du nucléaire, les réalisations koweïtiennes sont envisagées avec des intentions pacifiques. Le quatrième producteur mondial de pétrole prévoirait donc de reconvertir ses sources d’énergie. « Si on nous demande pourquoi nous avons besoin de quatre réacteurs, c’est que les statistiques prévoient que d’ici 2030, la population atteindra les 5 millions d’individus, et quatre nouvelles villes devront alors voir le jour », a expliqué Fahd Al-Salimi, préposé koweïtien aux questions des affaires atomiques.

Chaïmaa Abdel-Hamid

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