Le mur égyptien et israélien
Abdallah Al-Achaal
Politologue
Les
spécialistes en droit international seront certes épris par
la comparaison intelligente qu’ils effectueront entre la
barrière que l’Egypte est en train d’ériger à la frontière
avec Gaza et le mur d’Israël. Si le mur d’Israël était
construit pour son propre profit, la barrière de l’Egypte
est censée également être destinée à servir ses intérêts. Si
celui d’Israël était condamné par la Cour de justice
internationale parce qu’il représente une violation aux
engagements pris par le pays colonisateur sur les
territoires palestiniens occupés, celui de l’Egypte
l’incrimine lui aussi juridiquement et c’est ce que nous
débattrons dans cet article.
Les
Américains et les Israéliens au moins ont affirmé que
l’Egypte, avec l’assistance de la partie américaine, érige
une barrière souterraine le long de la frontière avec Gaza,
s’étendant sur plusieurs kilomètres et de 18 mètres de
profondeur.
Les causes
de l’édification d’une telle barrière, telles qu’évoquées
par les Egyptiens, étaient de stopper la contrebande à
travers les tunnels creusés entre l’Egypte et Gaza. Quant au
droit de l’Egypte d’ériger une telle barrière à l’intérieur
de ses territoires relève d’une décision souveraine relative
à la sécurité nationale, comme l’a signalé le ministre des
Affaires étrangères.
Chaque pays
détient le droit d’agir comme il veut à l’intérieur de ses
frontières pour plus de sécurité avec ses voisins. Mais la
base affirmée en droit international dit que le droit du
pays en question doit tenir compte de ne pas porter
préjudice au pays ou à la région voisine. Dans cette analyse,
je mettrai de côté tous les propos qui sont adressés à
l’Egypte sur la solidarité arabe. Je ne dirai pas non plus
que la Palestine est une partie inhérente de l’Egypte ou
bien que les Palestiniens sont des musulmans qu’il faut
sauver. Car tous ces propos n’ont plus de sens aujourd’hui
et sont loin de la réalité, voire ils provoquent le lecteur.
Ceci afin de focaliser sur le droit de l’Egypte qu’elle a
affirmé dans son discours à propos de la barrière.
Lorsque la
question se rapporte à Gaza, qui est entourée au nord par la
Méditerranée et Israël qui longe ses frontières à l’est et
au sud et qui véhicule un projet sioniste ayant pour
objectif l’extermination du peuple palestinien et guettant
en permanence Gaza qu’il proclame comme un ennemi sur lequel
doit s’appliquer tout ce qui a été interdit par le droit
international, le côté ouest de Gaza, qui est l’Egypte, est
l’unique lueur d’espoir psychologiquement parlant. Non
seulement pour sauver Gaza du monstre sioniste, mais
également pour lui procurer toutes les nécessités de survie.
Dans des conditions normales, il s’agit d’une question
d’ordre purement économique si les intentions sont bonnes et
un moyen de gain pour la partie égyptienne.
Mais pour
maintes raisons, qu’il n’est pas nécessaire d’évoquer dans
ce contexte, l’Egypte a estimé que la construction d’une
barrière entre elle et ces « ennemis » qui l’embarrassent
avec Israël est indispensable. L’Egypte, quant à elle,
estime que le sentiment égyptien uniquement sans aucune
autre influence est à l’origine de cette décision.
Mais d’un
autre côté, le droit international considère Gaza comme une
terre occupée et son blocus un crime contre l’humanité et
une extermination contre ses habitants, outre le fait que le
cas Gaza est classé crime de guerre en vertu de la 4e
convention de Genève. Partant, le droit international oblige
les pays qui sont des parties dans les accords et qui
incriminent cet acte œuvrent à casser le blocus, à sauver le
peuple et à garantir les moindres nécessités humaines de
survie. Pour ce qui est de l’Egypte en sa qualité d’unique
accès de l’autre côté de Gaza, le droit international lui
dicte des engagements plus intransigeants, comme l’ouverture
du point de passage de Rafah et les autres points de passage
afin de la sauver des plans d’extermination israéliens. Pour
ce qui est du resserrement de l’étau, à travers la fermeture
des points de passage et le refus de faire passer les
munitions nécessaires, il a été indispensable de percer des
tunnels qui s’avèrent être une bouée de sauvetage de ce
plan. Et donc, il serait question de boucher ces couloirs
afin d’empêcher l’air d’arriver à Gaza à travers
l’édification d’une barrière en acier dans laquelle ont
excellé Israël et les Etats-Unis afin de transférer les
frontières d’Israël avec celles de Gaza à l’est pour être
remplacées par les frontières de l’Egypte avec Gaza à
l’ouest, par des mains égyptiennes et une sécurité
égyptienne. Cet acte, loin des qualificatifs qu’on donne à
l’Egypte officielle et qui n’ont plus aucun sens à ce stade
dangereux, fait que la construction d’une telle barrière est
un crime odieux. L’objectif déclaré est d’étouffer les
Gazaouis en les incriminant pour un crime qu’il n’ont pas
commis, tout en les terrorisant jusqu’à la mort, pour leur
attachement à un régime qu’ils ont aimé ou haï, choisi ou
bien qui s’est imposé à eux. Mais en dépit et contre tout,
personne n’est en droit d’interférer dans leur choix
politiquement parlant. Dans un tel contexte, l’objectif
politique est sans valeur, parce que le droit incrimine
l’intention criminelle qui est l’extermination des habitants
quels qu’en soient les motifs. La barrière, en tant que
telle, signifie que l’Egypte a renoncé à ses engagements
juridiques internationaux au profit des habitants de Gaza
qui vivent sous le blocus et a coopéré avec Israël pour
faire aboutir le crime. D’ailleurs, Richard Folk,
coordinateur de l’Onu pour les droits de l’homme dans les
Territoires occupés, a signalé dans son rapport que
l’holocauste de Gaza est un crime privant ses habitants du
droit de fuir l’enfer, à un moment où nous, leurs voisins,
agissons pour que cet enfer soit inévitable.
Voilà une
vision purement juridique où n’interfèrent pas les aspects
humains, nationaux, religieux ou ceux relatifs à la sécurité
nationale correcte. Il suffit de dire qu’un service est
rendu au projet sioniste et que le prix sera payé par les
générations futures égyptiennes l