Al-Ahram Hebdo,Invité | Boutros Boutros-Ghali
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 13 au 19 janvier 2010, numéro 801

 

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Invité

Président du Conseil national des droits de l’homme et ancien secrétaire général de l’Onu, Boutros Boutros-Ghali commente l’actualité de l’Egypte et du Proche-Orient.

« Les Etats-Unis sont le seul médiateur
dans le conflit israélo-palestinien »

Al-ahram hebdo : Quel est le rôle que peut jouer le Conseil des droits de l’homme pour élucider l’affaire de Nag Hamadi entre coptes et musulmans ?

Boutros Boutros-Ghali : Le Conseil des droits de l’homme a condamné l’attaque commise à Nag Hamadi. Une mission est partie samedi en Haute-Egypte et notamment à Nag Hamadi sous la présidence de Fouad Abdel-Moneim Riad, membre du tribunal pénal international, et deux membres du Conseil des droits de l’homme ainsi qu’un nombre d’experts. Cette commission a présenté un rapport au Conseil afin d’étudier le dossier.

— Quelle est votre évaluation de l’action du Conseil national des droits de l’homme ?

— Le Conseil national des droits de l’homme a fait un grand chemin et aura besoin de plusieurs années afin de parvenir à ses objectifs espérés, d’autant plus que les droits de l’homme sont liés à la démocratie. Et afin d’aboutir à la démocratie, nous avons besoin d’un travail continu afin d’établir l’idée de défendre les droits de l’homme et afin d’instaurer l’ordre démocratique qui aidera au développement et à la défense des droits de l’homme.

— La création par l’Egypte d’une barrière souterraine à sa frontière avec la bande de Gaza a créé une vive tension avec le mouvement islamiste du Hamas. Comment réagissez-vous à ce développement ?

— Cette construction est liée à la défense des frontières égyptiennes. Il est de notre intérêt de bien garder nos frontières et à travers cette gestion, nous pouvons présenter l’aide nécessaire aux Palestiniens. Laissez-moi vous dire qu’il y a des étapes différentes dans les relations égypto-palestiniennes. Il y a des tensions vis-à-vis des derniers événements. Mais n’oublions pas que Yasser Arafat a fait une grande fête, comme si c’était une victoire, quand il a appris l’assassinat du président Sadate. Beaucoup de crises entre l’Egypte et la partie palestinienne existent depuis plus de 50 ans, mais nous constatons que dans les toutes dernières années, les Egyptiens et les Palestiniens ont réussi à dépasser leurs disputes parce qu’il y a réellement une vraie solidarité entre les peuples palestinien et égyptien.

— Ces développements n’augurent rien de bien pour une possible relance du processus de paix ...

— En fait, je suis pessimiste vis-à-vis de l’avenir du problème palestinien dans les prochaines années et cela pour trois raisons :

La première est que la partie palestinienne est divisée : un gouvernement à Gaza et un autre en Cisjordanie. Et quand il y a deux gouvernements à cause d’une guerre civile ou à cause d’un différend, cela affaiblit la position de la partie qui réclame l’indépendance. La deuxième raison est que le gouvernement israélien actuel est faible et exploitera cette dissension palestinienne afin de ne pas présenter une vraie solution. La troisième raison, et qui est la plus grave, c’est que l’unique médiateur dans ce conflit qui dure depuis plus d’un demi-siècle, les Etats-Unis, est absorbé par la crise économique, par la situation en Iraq et en Afghanistan, par les problèmes entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, par le dossier nucléaire en Iran ainsi que par un grand nombre de problèmes en Amérique latine. L’Administration américaine ne peut donc pas prêter une attention suffisante à la résolution du problème palestinien et je pense que ce problème perdurera malheureusement dans les années à venir. A moins que l’on puisse réussir à réconcilier les deux gouvernements à Gaza et en Cisjordanie.

— Les Nations-Unies et l’Union européenne ne peuvent-elles pas compenser le manque du rôle des Etats-Unis vis-à-vis du processus de paix ?

— Les Nations-Unies ne peuvent pas jouer un rôle au Moyen-Orient et vis-à-vis de la paix dans la région. Son rôle est marginal. Le même cas s’applique à l’Europe. L’histoire a prouvé à travers plus de cinquante années passées que le seul médiateur possible dans ce conflit, ce sont les Etats-Unis. Il y a des conflits internationaux qui nécessitent plus d’un médiateur, mais d’autres conflits internationaux ne peuvent être résolus pacifiquement qu’à travers un seul médiateur. L’Europe, l’Asie et le tiers-monde sont des groupes qui ne peuvent pas jouer le rôle de médiateur dans ce conflit.

— Le projet de l’Union Pour la Méditerranée (UPM) ne peut-il pas jouer un rôle d’apaisement au Proche-Orient ?

— Ce projet est important parce que l’Europe occidentale s’est intéressée à l’Europe de l’Est aux dépens du Sud de la Méditerranée et je mets l’accent sur des pays du Sud, comme l’Egypte, les pays du Maghreb et de l’Afrique. L’intérêt de l’Egypte, de la France et de l’Europe pour l’Union pour la Méditerranée est une tentative pour balancer les choses et remédier à l’intérêt de l’Union européenne pour l’Europe de l’Est aux dépens du Sud de la Méditerranée qui est un prolongement naturel de l’Europe. A l’avenir, l’Europe aura besoin d’une main-d’œuvre qui viendra impérativement du Sud de la Méditerranée.

— Il y a un regain égyptien pour l’Afrique en raison du problème de partage des eaux du Nil. Comment évaluez-vous la situation actuelle ?

— Nous devons nous intéresser aux relations avec l’Afrique, puisque les sources du Nil se trouvent dans les pays africains et qu’il n’y a pas une autre source d’eau en Egypte à part le Nil. D’autre part, l’Egypte est un pays africain, a une grande responsabilité en Afrique et a participé à la libération de tous les peuples africains jusqu’à leur indépendance. N’oublions pas qu’en 1945, à la naissance des Nations-Unies, il n’y avait que trois pays africains membres de cette organisation : L’Egypte, l’Ethiopie et le Liberia. Les autres pays africains étaient encore sous l’occupation anglaise, française, portugaise ou espagnole. L’Egypte a joué un rôle de leader dans les guerres de libération de l’Afrique, que ce soit à travers les experts ou à travers la livraison d’armes ou l’assistance diplomatique. Nous pouvons dire que l’Afrique a obtenu son indépendance grâce à la contribution du peuple, du gouvernement et du leadership égyptiens.

Après la libération de l’Afrique, nous avons vécu la période de la guerre froide et le Mouvement du non-alignement. Mais la guerre froide s’est terminée et notre intérêt pour le problème palestinien était aux dépens de notre intérêt pour les questions africaines. Nous espérons que notre cheval de bataille sera de nouveau le continent africain.

— Quelle est votre vision du rôle de l’Egypte au sein de l’Organisation de la francophonie et son avenir sous l’égide du président Abdou Diouf ?

— L’Organisation de la francophonie travaille avec efficacité. L’Egypte est un membre actif au sein de cette organisation et à travers elle, Le Caire peut consolider ses rapports avec les pays africains, notamment les pays francophones. Il est de l’intérêt de l’Egypte de participer à tous les organismes internationaux intéressés au continent africain.

— Quelles pourraient être les priorités de l’Egypte en 2010 ?

— J’espère que la stabilité régnera toujours en Egypte et que nous pourrons régler nos problèmes. Il faut s’intéresser au problème de l’énergie et commencer à construire des centrales nucléaires afin de combler notre manque de pétrole. Il est impératif de s’atteler au problème de l’eau et de l’explosion démographique l

Propos recueillis par
Aïcha Abdel-Ghaffar

 




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