Le responsable : Washington ou les régimes arabes ?

Abdallah Al-Achaal

Il semble que la région va continuer à tourner dans un cercle vicieux car nous n’avons pas déterminé exactement les véritables raisons de la sauvagerie d’Israël et du succès de son projet, du moins en Palestine. C’est pourquoi toutes les études et les rapports annuels sur la région tentent de répondre à une question générale : Pourquoi les Arabes ont-ils régressé alors que les autres se sont développés ?

Certains observateurs occidentaux sont allés plus loin et ont posé la question de manière plus provocante : Pourquoi les Arabes insistent-ils pour vivre dans le Moyen-Age ? Bien plus, d’autres ont déclaré que les Arabes étaient totalement sortis de l’Histoire car ils n’ont aucune influence ni dans la région ni dans le monde. Tous ces commentaires reflètent une part de la scène arabe. Cependant, il est indispensable de chercher les raisons du mal. Tout le monde est d’accord sur le fait que les circonstances des Arabes sont injustifiables et qu’elles ne s’accordent nullement avec leurs capacités effectives quels que soient les défis. Tout le monde est d’accord aussi sur le rôle d’Israël dans le sous-développement des Arabes. Israël a assuré à son projet un soutien extraordinaire en Europe et en Amérique. Un soutien qui a contribué à vaincre toutes les bonnes intentions du monde arabe. Si le projet sioniste est une réalité, le soutien américain apporté à ce projet est resté jusqu’à présent lié à cette réalité. Sans ce soutien, le projet s’effondrerait malgré toutes les prétentions que le projet a toutes les raisons de survie. Ce soutien s’est traduit par une soumission des régimes arabes aux Etats-Unis. En contrepartie, ces derniers ont apporté leur soutien dans l’affrontement avec leurs propres peuples. C’est pourquoi s’est élevé le taux de dépenses militaires d’armées qui ne font pas la guerre. Et ce, dans l’intérêt du budget américain. Les Etats-Unis ont également consacré une part importante des dépenses militaires aux forces de sécurité internes qui affrontent de véritables combats après qu’Israël ait sorti des cercles officiels de l’hostilité arabe et est même devenu l’allié de certains régimes arabes qui affrontent ensemble un ennemi conjoint : la résistance arabe et les mouvements de protestation populaire. Ces régimes ont exploité leur parlement pour promulguer des lois susceptibles de criminaliser toute désobéissance à leurs ordres sous prétexte de maintenir la stabilité et l’ordre général, car l’hostilité des peuples arabes pour Israël est devenue l’une des menaces contre l’ordre général. Ces régimes assurent ainsi un environnement propice à la férocité du projet sioniste. L’attachement de ces régimes au pouvoir alors qu’ils ne possèdent aucun soutien populaire les a poussés à chercher un soutien sioniste et américain en contrepartie de transactions douteuses qui mènent à la fin à davantage d’affaiblissement des capacités des pays arabes et de leurs peuples.

De dangereux résultats découlent de tout ceci. Premièrement, les régimes arabes n’ont aucun intérêt ni à introduire la démocratie ni à faire participer le peuple au pouvoir, à la décision ou aux richesses. Les Etats-Unis et Israël n’ont aucun intérêt non plus à fonder des régimes démocratiques dans ces pays. Par conséquent, les peuples de ces pays deviennent l’ennemi du trio : les Etats-Unis, Israël et les régimes arabes. Deuxièmement, il est impossible que les régimes arabes affrontent le projet sioniste et ses principaux outils avec en tête les Etats-Unis, si nous admettons l’hypothèse que le projet est devenu indépendant des forces qui l’ont créé et soutenu comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Troisièmement, le projet sioniste s’infiltre dans le corps arabe, par l’intermédiaire du silence des régimes arabes qui sont les gardiens officiels de ce pays ou ses alliés. La maille la plus dangereuse est l’Autorité palestinienne. C’est ainsi que nous remarquons la solidarité de l’Autorité avec ces régimes contre la résistance qui représente le plus grand défi du projet sioniste. Cette analyse nous pousse à prétendre que ces mailles enchevêtrées mèneront à la détérioration de la situation du citoyen arabe à l’intérieur des pays arabes et à la corrosion de tous les aspects d’indépendance des pays arabes à l’extérieur, sans oublier l’avancée du projet sioniste sur le corps et l’âme arabes. De plus, l’emprise des dirigeants sur le destin des peuples et le soutien apporté par les Etats-Unis et Israël contre tout mouvement populaire hostile à ce projet emprisonnent les énormes capacités arabes et les empêchent d’affronter Israël ou de développer leur pays. Pouvons-nous donc conclure qu’Israël survivra et proliférera grâce à la persistance de l’ambiance arabe officielle et de la composition des régimes au pouvoir ? Ceci signifie aussi qu’ils combattront tout mouvement populaire visant à répandre la démocratie. Bien plus, la disparition d’Israël est conditionnée à la disparition de ces régimes, par la diffusion de la démocratie et par la libération des capacités des sociétés arabes. Selon ce raisonnement, pouvons-nous prétendre qu’Israël est la principale raison du sous-développement arabe ? Ou bien ce sont les dirigeants arabes ?

Afin de sortir de ce tunnel obscur, il est indispensable que les dirigeants arabes ressentent de la quiétude à l’intérieur afin de se défaire totalement de l’extérieur. En parlant des régimes arabes, on entend par là certains régimes arabes qui sont incapables d’affronter Israël et qui ne survivent qu’avec la bénédiction des Etats-Unis et d’Israël. Espérons que leur nombre sera minime et qu’ils disparaîtront bientôt.