Al-Ahram Hebdo, Dossier | Convergences, mais ...
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 19 au 25 août 2009, numéro 780

 

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Dossier

Diplomatie. Le président Hosni Moubarak achève ce mercredi une visite officielle aux Etats-Unis. Les discussions ont été axées sur le processus de paix au Proche-Orient.

Convergences, mais ...

La paix dans la région et le règlement du conflit israélo-palestinien ont été des questions-clefs de cette visite du président Hosni Moubarak aux Etats-Unis. L’arrivée au pouvoir du président Obama a totalement changé la donne en ce qui a trait à la politique américaine dans la région. Pour la première fois, les Américains ont pris une attitude ferme à l’égard d’Israël en demandant à l’Etat hébreu de geler la colonisation. Le Caire perçoit depuis quelques mois un rapprochement des idées avec Washington concernant le problème palestinien. Les responsables égyptiens souhaitent donc saisir la balle au bond et mettre à profit ces évolutions positives et le climat favorable à une reprise des négociations afin de ramener Israéliens et Palestiniens à la table des négociations.

Le président américain Barack Obama a récemment envoyé 4 des plus hauts responsables de son administration en Egypte et en Israël, à savoir George Mitchell, son envoyé spécial pour le Proche-Orient, Robert Gates, son secrétaire d’Etat à la Défense, James Jones, son conseiller national à la Sécurité et Dennis Ross, son conseiller spécial pour le Proche-Orient. L’objectif est de relancer le processus de paix au Moyen-Orient, une des priorités de l’administration Obama. Depuis le discours que le président Obama a prononcé le 4 juin dernier au Caire, dans lequel il a appelé à un gel total des colonies israéliennes en Cisjordanie, l’axe Tel-Aviv-Washington a commencé à grincer. Les observateurs à Washington affirment qu’une tension existe actuellement entre Israël et les Etats-Unis. Et que les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens constituent la principale pierre d’achoppement actuelle. « L’administration Obama est la seule à avoir insisté sur la nécessité d’un gel des colonies. Les administrations américaines précédentes considéraient que les colonies n’étaient que des obstacles devant le processus de paix. (…) Elles ont même utilisé le droit de veto à deux reprises contre des résolutions qui condamnent les colonies juives », note le porte-parole de la présidence de la République, Soliman Awad. Et d’expliquer que l’Egypte doit saisir cette opportunité pour tenter de relancer la paix. Même son de cloche pour John Marechal, politologue spécialiste du Proche-Orient. Pour lui, l’appel au gel de la colonisation par le président Obama est un facteur qui doit être pris en considération dans la politique américaine. « On ne peut pas négliger ce changement important de la politique américaine sous l’administration Obama. Je pense que cela va mener à d’autres étapes en faveur de la cause palestinienne », explique-t-il. Et d’ajouter que c’est une occasion pour l’Egypte de renforcer la position des Palestiniens face aux Israéliens devant l’opinion publique américaine. C’est ce que le président Moubarak a tenté de faire tout au long de sa visite à Washington. Il existe pourtant quelques points de divergences notamment au sujet de la normalisation.

Sujet de discorde : la normalisation

L’administration souhaite en effet des efforts plus accrus des pays arabes dans le sens d’une normalisation avec Israël. A Washington, Moubarak a expliqué le point de vue des pays arabes et leurs difficultés à accepter la normalisation. « Le Caire a informé Washington de son refus des idées américaines sur la normalisation. Je ne pense pas que ces idées verront le jour », a déclaré à l’Hebdo Soliman Awad. Et d’ajouter : « Nous avons relevé que l’initiative de paix arabe prise en 2002 a établi des conditions claires à toute normalisation avec Israël. Elle doit intervenir après la paix et non pas avant ». Toutefois, Obama attend des pays arabes des « gestes importants » pour la normalisation de leurs relations avec Israël. Washington souhaite que les dirigeants arabes se rendent à Jérusalem et que des dirigeants israéliens soient reçus dans des capitales arabes. Les responsables américains sont d’avis que les pays arabes doivent ouvrir des représentations d’intérêts en Israël et développer leurs relations commerciales avec l’Etat hébreu. Et le président Obama a envoyé des messages à plusieurs pays arabes, dont l’Egypte, dans lesquels il exige, en échange de l’arrêt des constructions de colonies, qu’ils soutiennent des mesures aptes à construire la confiance vis-à-vis d’Israël. Mais les pays arabes craignent qu’en normalisant avec Israël, ils aient gâché l’une des cartes maîtresses qu’ils possèdent pour faire pression sur lui. C’est ce que le président Moubarak a tenté d’expliquer aux responsables à Washington. « Il se pourrait que certains pays arabes prennent des mesures en faveur d’une normalisation avec Israël en guise de bonne volonté. Pourtant, nous pensons que c’est à Tel-Aviv de commencer par montrer sa bonne volonté  », affirme à l’Hebdo Soliman Awad.

Chérif Ahmed

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3 questions à
Nathan Brown,
 directeur de l’Institut du Proche-Orient à l’Université de George Washington.

« Les obstacles qu’Obama affronte sont beaucoup moins importants qu’on ne le croyait »

Al-Ahram Hebdo : Pensez-vous que le président Barack Obama peut obliger Israël à faire des concessions afin de relancer le processus de paix, et ignorer les pressions du lobby juif ?

Nathan Brown : Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’existe pas un seul lobby juif aux Etats-Unis. Il existe une variété de groupes juifs, mais la plupart sont plus orientés vers les questions intérieures que celles internationales, en dépit de leur soutien à Israël. Les juifs ont voté massivement pour Obama même si les positions de John McCain étaient plus favorables à Israël. Bien sûr, il existe un lobby très influent comme l’AIPAC, qui travaille de manière très efficace pour que les Américains aident Israël. A présent, Obama a été en mesure de mettre en place une politique qui s’écarte du gouvernement israélien et il l’a fait sans avoir à payer un prix politique pour trois raisons. Tout d’abord, il est très populaire de manière générale. Deuxièmement, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, ne jouit pas d’une très grande confiance aux Etats-Unis. Troisièmement, les divergences avec Israël portent sur les colonies de Cisjordanie. Sur cette question précise, la plupart de ceux qui suivent la situation appuient la position américaine plutôt que celle israélienne. Donc, les obstacles qu’Obama devait affronter sur le plan interne sont beaucoup moins importants qu’on ne le croyait. En revanche, les obstacles sont plus importants dans la région car les Palestiniens sont divisés et le gouvernement israélien est belliqueux.

Pensez-vous que le président Obama possède de nouvelles idées pour relancer le dialogue entre l’Autorité palestinienne et Israël ? L’administration Obama ne parle pas beaucoup du problème de Gaza qui est contrôlé par le Hamas ...

Je ne pense pas qu’il existe de nouvelles idées pour le moment, en tout cas, rien n’a été évoqué. Mais on peut dire que l’administration Obama est beaucoup plus ouverte et moins rigide que celle de Georges Bush. Obama est prêt à reconsidérer les décisions politiques de son prédécesseur. Mais il n’a pas encore totalement développé sa propre approche. Les problèmes régionaux sont très profonds et ils ne seront pas faciles à résoudre.

— Le dialogue stratégique entre l’Egypte et les Etats-Unis a été gelé sous l’ancien président Georges Bush. Quelles sont à présent, selon vous, les perspectives de ce dialogue avec Obama ?

— Il est clair que l’administration Obama souhaite un niveau important de coopération stratégique avec Le Caire. Obama est prêt à abandonner la question des réformes politiques requises par l’administration précédente. Mais il est aussi préoccupé par le fait que le gouvernement égyptien est incapable de prendre des décisions et il n’est pas vraiment efficace dans la région. Bien sûr, il se tourne vers l’Egypte en tant que partenaire dans le traitement des questions régionales. Une approche fondée sur la conviction qu’il existe un chevauchement entre les objectifs stratégiques américains et égyptiens. Mais pour le moment, il est difficile de se prononcer sur les perspectives de ce dialogue.

Propos recueillis par Ch. A.

 




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