Al-Ahram Hebdo, Arts | Pinter-Rame
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 Semaine du 29 juillet au 4 août 2009, numéro 777

 

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Arts

Théâtre. Si le monde entier affirme la disparition des idéologies, à quoi peut prétendre aujourd’hui le théâtre politique face à cette situation ? A votre service !, spectacle de deux textes jumelés (Harold Pinter et Franca Rame), tente une réponse.

Pinter-Rame

Conférence de presse de Harold Pinter et La mère de Franca Rame sont deux exemples de théâtre politique qui n’usent d’aucune tergiversation, n’empruntent aucun détour (comme est souvent ce genre dramatique) : ils s’adressent directement au public comme si ce dernier assistait réellement à un discours du ministre de la Culture en réponse aux questions des journalistes muets comme des fantoches, et comme si – dans la seconde partie du spectacle – ce même public assistait dans une cour martiale à la défense d’une mère dont le fils est accusé de terrorisme.

Dans A votre service de Leïla Soliman, récemment donné au Hanaguer, le ministre, juché sur une haute chaise derrière un miroir déformant, répète à plusieurs reprises une seule et unique phrase : « Nous sommes là pour extraire les charançons qui nuisent aux cerveaux ». Tandis que la mère fait le procès de la corruption généralisée qui a poussé son fils aux principes aigus et rigoureux de choisir les attentats comme moyen de révolte.

Tout ceci se parait de bonnes intentions mais ô combien démodées. Il est vrai que l’ère des idéologies a disparu, mais il est encore plus vrai que les peuples (et le public de théâtre en l’occurrence) ne sont dupes ni des manigances des régimes qui les gouvernent, ni des intérêts mondiaux échangés au service d’un monstre à multiples facettes. Il semble que le théâtre politique, aussi direct, manquant presque de finesse, ne nous révèle rien de plus que ce que nous savons. Il ne nous informe pas et par conséquent, ne nous stimule pas non plus.

La misère, la décadence, la transgression des lois et des droits … ( la liste serait trop longue si l’on devait énumérer tous les maux de la société !) qui nous entourent ont l’air bien plus dramatiques que tout ce que peuvent nous raconter les théâtres les mieux armés de propos délibérés.

En caricaturant le ministre de la Culture par un effet de miroir qui agrandit deux fois la taille de la tête d’un comédien lui-même déjà petit de taille perd tout son effet par cette redondance visuelle. Le décalage entre les grandes déclarations prononcées par le ministre et la déformation de son physique est un jeu de proportions trop cru pour nous sensibiliser.

La mère, pour sa part, joue le jeu de la culpabilisation affective en demandant maintes fois à l’audience de se mettre à sa place : « Et si c’était votre fils ?! ». Dans le texte de Franca Rame, le fils est communiste, sa mère, en prenant sa défense, explique toute la situation politique en Italie. Alors que dans l’adaptation de Zeynab Moubarak, le fils accusé de terrorisme est quelque peu déraciné d’un contexte spécifique, même s’il est question de quelques rares allusions à des faits qui ont contribué et alimenté son acte. Ainsi, d’essentiellement politique à la base, le spectacle égyptien a pris une allure plus générale, celle d’une mère déplorée qui étrangle son fils pour le sauver des tortures qu’il doit subir. On ne nous dit pas de quel terrorisme il s’agit, si « terrorisme » est un terme étatique accolé à toute forme de revendication publique. Voilà pourquoi la performance d’Amira Ghazala, la mère, dans son long monologue revendicatif, a pris le ton, non pas mélodramatique, mais certainement affecté et affectifLe théâtre politique aujourd’hui, de cette manière, n’est plus édifiant.

Menha El Batraoui

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