Al-Qaëda en Arabie
Six
ans après le déclenchement par la branche locale
d’Al-Qaëda d’une série d’attentats sanglants, l’Arabie
saoudite est parvenue à neutraliser la menace
représentée par les islamistes les plus radicaux.
Le
12 mai 2003, les adeptes locaux du réseau d’Ossama bin
Laden ouvraient un nouveau front en attaquant trois
complexes résidentiels de Riyad abritant des étrangers,
tuant 35 personnes. C’était le début d’une campagne de
violence qui coûta la vie en trois ans à des dizaines de
personnes — des Saoudiens et des étrangers — à travers
le pays et mit fin à la conviction des autorités
saoudiennes qu’Al-Qaëda ne s’en prenait qu’à l’Europe et
aux Etats-Unis.
Les
efforts du gouvernement saoudien pour arrêter toute
personne liée à l’idéologie islamiste la plus extrémiste
et sa décision de réorienter l’action des services de
renseignement vers les militants jihadistes plutôt que
les activistes pro-démocratie ont porté leurs fruits. De
nombreux militants, y compris des leaders, ont été tués
entre 2003 et 2006 et plusieurs centaines arrêtés. Les
autorités ont ainsi emprisonné au moins 1 500 islamistes
radicaux. Les éléments d’Al-Qaëda qui subsistent en
Arabie sont très peu nombreux et n’ont plus les moyens
de lancer des attaques aussi spectaculaires que celles
de 2003, selon plusieurs experts.
Les
Saoudiens avaient « perdu la face » lors des attentats
de 2003, après avoir nié toute responsabilité dans les
attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, perpétrés par
19 membres d’Al-Qaëda, dont 15 étaient des Saoudiens.
Les attentats de 2003 forcèrent donc Riyad à se lancer
dans une vaste campagne non seulement pour éradiquer les
éléments d’Al-Qaëda dans le pays, mais aussi pour
empêcher les Saoudiens d’avoir accès à l’idéologie du
réseau. Les livres, enregistrements sonores et autres
documents jihadistes ont ainsi été totalement bannis.
Sur Internet, les sites jihadistes et ceux d’Al-Qaëda
sont systématiquement bloqués par le gouvernement. Le
ministère de l’Intérieur, qui possède des moyens de
surveillance électronique très sophistiqués, dispose
d’une équipe spécialisée dont le travail consiste à
participer aux sites de discussions sur Internet pour
porter la contradiction à l’idéologie jihadiste. En
outre, le ministère supervise très attentivement les
religieux. Afin de promouvoir la « vigilance », les
arrestations sont rendues publiques dans le but de
convaincre le public que la menace n’a pas disparu. Tous
ces efforts rendent difficile le travail d’Al-Qaëda pour
rebâtir ses cellules et ses réseaux.
Riyad porte maintenant son attention sur le Yémen, un
pays pauvre qui partage une longue frontière avec le sud
du royaume et où des suspects saoudiens et d’anciens
détenus de la prison américaine de Guantanamo se sont
réfugiés pour échapper à la répression en Arabie.