Reconstruction
Face
à la chute des cours du pétrole et à la crise économique
et financière mondiale, les autorités iraqiennes mettent
les bouchées doubles pour augmenter la production du
brut et les revenus qui en découlent, afin de financer
la reconstruction du pays.
Four
ce faire, Bagdad a récemment assoupli les conditions
posées aux sociétés étrangères candidates à
l’exploitation de l’or noir iraqien pour qu’elles
puissent être rapidement à pied d’œuvre. Selon les
nouvelles règles, les groupes étrangers voulant
exploiter le pétrole iraqien pourront désormais
augmenter leurs participations dans des joint-ventures
nouées avec des compagnies iraqiennes et atteindre plus
facilement leurs objectifs de production. L’Iraq a
accepté d’augmenter leur participation de 49 % à 75 %
dans ces partenariats. Il est peu probable cependant que
l’Iraq propose aux multinationales ce qu’elles veulent
le plus : un contrat leur accordant une partie de la
production. Mais les nouvelles règles constituent un
progrès pour ces firmes étrangères, et les experts
estiment qu’elles ne peuvent laisser passer l’occasion
de prendre pied en Iraq, qui possède les troisièmes
réserves mondiales de pétrole. En revanche, les firmes
étrangères verront leur contrat résilié si elles n’ont
pas commencé leurs opérations dans le pays six mois
après l’avoir signé. L’Iraq espère que les contrats, qui
seront attribués en juin prochain, doperont sa
production — actuellement 2,4 millions de barils par
jour (mbj) — de 1,5 mbj d’ici trois ou quatre ans.
Les
exportations de pétrole représentent plus de 90 % des
recettes iraqiennes. L’effondrement des cours a conduit
à réviser à la baisse le projet de budget pour cette
année, désormais estimé à 64 milliards de dollars contre
79 milliards auparavant. La chute du baril a également
conduit Bagdad à réduire de 40 % ses projets de
reconstruction. Or, les efforts de reconstruction sont
indispensables pour consolider les progrès sécuritaires
enregistrés dans le pays.
L’Iraq a nationalisé son industrie pétrolière il y a une
trentaine d’années, limitant le rôle des entreprises
étrangères dans ce secteur. Les sanctions onusiennes,
imposées après l’invasion du Koweït en 1990, ont encore
un peu plus limité le développement de l’industrie
pétrolière iraqienne. Ces sanctions ont été levées après
la chute de Saddam Hussein en 2003, mais la situation
sécuritaire très instable qui a suivi a entravé les
efforts pour augmenter la production. Malgré le net
recul de la violence depuis un an, le pays est récemment
témoin d’un regain d’attentats meurtriers. Mais le plus
grand risque pour l’industrie pétrolière est ailleurs :
dans un manque d’encadrement juridique. L’adoption d’une
législation nationale est retardée depuis des mois, en
raison de divergences entre les Kurdes et le
gouvernement central, dominé par les chiites, sur la
répartition des ressources pétrolières entre l’Etat et
les régions.