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 Semaine du 15 au 22 avril 2009, numéro 762

 

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Egypte-Hezbollah. L’annonce par Le Caire de l’arrestation de 49 personnes liées au Hezbollah, soupçonnées de planifier des attaques en Egypte,  suscite des interrogations d’autant que le chef de la formation chiite libanaise a reconnu que le principal suspect appartient à son mouvement.

L’opération Nasrallah

C’était un mois avant la guerre israélienne contre la bande de Gaza. La Sûreté de l’Etat arrête un Libanais dans la ville de Rafah au Sinaï à la frontière avec Gaza. Selon les autorités, il s’agit d’un membre du Hezbollah libanais. Mohamad Youssef Chehab, dit Sami Chehab ou encore Abou-Youssef. Son interpellation n’est pourtant révélée que la semaine dernière. « Tout au long de sa détention, il poursuit ses contacts avec le Hezbollah et avec les membres de la cellule qu’il a recrutés en Egypte comme si de rien n’était », affirme un proche de la sécurité. Selon cette même source, Chehab était notamment en contact avec un responsable des renseignements du Hezbollah, ledit Mohamad Qabalane, chef de l’opération. Celui-ci aurait transité en Egypte vers la fin de l’année 2008 et début 2009 et a été ensuite remplacé sur le sol égyptien par Chehab.

Des conversations entre les deux hommes auraient été enregistrées même après le fameux discours de Nasrallah, lors de la journée de Achoura, et dans lequel il s’était violemment attaqué au régime égyptien l’accusant de complicité avec Israël contre les Palestiniens.

D’autres enregistrements auraient également permis d’arrêter les autres suspects. Au total 49 personnes ont été interpellées. Des Libanais, des Syriens, des Soudanais, des Palestiniens et 12 Egyptiens, musulmans chiites. Le dernier dudit réseau a été arrêté il y a un peu plus de deux mois. Selon le procureur général qui a décidé de les garder pendant 15 jours, ils sont soupçonnés d’être membres d’une organisation clandestine appelant à la rébellion contre le régime et de planifier des attaques en Egypte. Les autorités affirment que les suspects tentaient notamment de surveiller le Canal de Suez, la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza et plusieurs stations balnéaires du Sinaï. Ils ont ainsi acheté de l’immobilier des commerces à Dahab, Noweiba et à Suez et même sur le canal. Ils se seraient déplacés également dans le sud du pays, probablement pour recrutement. Les accusations ne s’arrêtent pas là. Les suspects sont soupçonnés d’espionnage, de faire du prosélytisme chiite, d’avoir falsifié des documents officiels et fabriqué des engins explosifs.

Le chef du Hezbollah, le cheikh Hassan Nasrallah, a admis que Sami Chehab était bel et bien un membre de son mouvement et qu’il se trouvait en Egypte en « mission logistique » pour aider les Palestiniens contre Israël et non pour déstabiliser le régime égyptien.

Le chef du Hezbollah, devenu ennemi du régime égyptien depuis la guerre israélienne contre le Liban en 2006, a assuré que Sami Chehab était entouré au plus d’une dizaine de personnes et n’avait aucun lien avec les autres personnes arrêtées. « Si aider les Palestiniens est un crime, je reconnais ce crime. Ce n’est pas la première fois que des frères du Hezbollah soient arrêtés », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision, pour répondre aux accusations égyptiennes.

Le cheikh estime que les éléments fournis par les Egyptiens « sont fabriqués de toutes pièces et visaient à retourner le peuple égyptien contre le Hezbollah qui jouit d’un large respect dans le monde arabe ».

C’est la même impression chez Montasser Al-Zayat, avocat représentant quelques-uns des suspects. Zayat, qui n’a pas été autorisé à voir ses clients ni à assister aux interrogatoires, affirme : « J’ai l’impression que cette affaire a été montée de toutes pièces par les services de sécurité égyptiens dans un contexte de mauvaises relations entre le Hezbollah et l’Egypte ».

En janvier, en plein « Plomb durci » d’Israël contre les Palestiniens, Hassan Nasrallah s’en était violemment pris à l’Egypte, appelant les Egyptiens à manifester pour obtenir l’ouverture du terminal de Rafah, entre le territoire palestinien et l’Egypte. Il s’était encore adressé aux forces armées, les appelant à s’opposer à la position du régime. Le Caire avait vivement réagi, en le qualifiant d’« agent » de l’Iran. Ce n’était pas la première fois, en 2006 et en pleine offensive israélienne contre le Liban, le très influent chef du Hezbollah s’était pris aux « régimes modérés », affirmant qu’ils avaient approuvé l’attaque israélienne. Il désignait entre autres l’Egypte et l’Arabie saoudite.

Aujourd’hui, un pas de plus a été franchi dans la défiance entre l’Egypte et le Hezbollah. Les relations exécrables entre les deux justifieraient-elles seules une telle affaire ?

Vu d’Egypte, il faudrait observer en arrière-plan un complot élaboré par l’Iran.

Dans les milieux officiels, personne ne cache cette méfiance vis-à-vis de Téhéran. Les Egyptiens craignent un plan iranien visant à déstabiliser les « régimes modérés » de la région. La presse pro-gouvernementale s’est ainsi attaquée au « jeune Mollah », « l’homme de l’Iran » qui « ose porter atteinte au grand ». Le président Moubarak a fait passer ce message aux autorités libanaises. Dans un appel téléphonique au premier ministre libanais, Fouad Seniora, Moubarak aurait dit à son interlocuteur que « l’Egypte ne tolérait pas les violations de ses frontières et les atteintes à sa stabilité ». Le Caire aurait également exigé un communiqué officiel libanais qui reconnaisse le respect de la souveraineté égyptienne et le rejet de toute opération secrète à partir de son sol ou de ses eaux régionales même « pour aider les Palestiniens ».

Un haut responsable, parlant sous couvert de l’anonymat, affirme que Le Caire a exigé entre autres « un changement de discours du Hezbollah vis-à-vis de l’Egypte, sinon Le Caire pourrait cibler des intérêts du mouvement libanais ». D’après cette même source, une telle réaction égyptienne serait bien accueillie par l’opinion publique qui a mal vu cette violation libanaise. « La propagande officielle a bien fonctionné, le gouvernement a réussi à faire accepter sa version officielle », estime Diaa Rachwane, spécialiste des mouvements islamistes. Et il n’est certes pas dans l’intérêt du mouvement libanais de perdre un appui aussi important que celui de la rue égyptienne.

Rachwane affirme pourtant que la version de Nasrallah est la plus vraisemblable. « Son expérience, ses objectifs politiques et ses programmes ne permettent pas de mener des opérations militaires en dehors de son territoire contre des intérêts arabes. Il ne l’a même pas fait contre les Américains. Son alignement sur l’Iran ne pourrait pas justifier un défournement par rapport à sa stratégie », explique Rachwane.

N’empêche, dit-il, que le Hezbollah a commis une grave erreur sécuritaire et n’a pas pris en considération le poids de l’Egypte, exactement comme il l’a fait en s’adressant à l’armée égyptienne. C’était l’occasion ou jamais pour Le Caire de lui régler son compte. De quoi expliquer la médiatisation « de trop » de l’affaire. Les observateurs croient que ceci fait partie d’un nouveau calcul. Les Egyptiens voient que de nouveaux arrangements régionaux se profilent à l’horizon. Une sorte de rapprochement américano-persique. Une quelconque négociation aurait lieu et l’Egypte veut l’entamer en mettant la barre très haut.

Samar Al-Gamal

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