Gaza attend la reconstruction
Hassan Abou-Taleb
Qui
va reconstruire Gaza ? Comment la reconstruction sera-t-elle
organisée ? Qui va assumer les coûts de la reconstruction,
évalués à 3 milliards de dollars ? Quand les Palestiniens
pourront-ils bénéficier d’un programme clair, capable de les
aider à éliminer les répercussions de l’agression
israélienne, qui a duré 3 semaines après un blocus féroce de
2 ans ? Ces quelques questions viennent à l’esprit de tous
ceux qui réfléchissent à la reconstruction de Gaza. Et dont
nous avons entendu parler pour la première fois dans
l’initiative égyptienne proposée 3 jours après le début de
l’agression.
En plus
du bilan énorme de morts et de blessés évalués à 7 000
personnes, l’état des bâtiments dans la bande est déplorable.
En effet, 4 000 bâtiments, maisons et établissements
gouvernementaux ont été totalement détruits. Et environ 12
000 bâtiments, usines, ateliers artisanaux et écoles ont
connu des dégâts partiels. Cet état a engendré 600 tonnes de
débris qui nécessitent, selon des experts en architecture,
environ 500 millions de dollars pour leur soulèvement et
transport.
Le
dossier de la reconstruction est un dossier compliqué et
reste jusqu’à cet instant ambigu. Personne ne sait encore si
les habitants qui ont perdu leurs propriétés recevront des
indemnités ou bien ce sont seulement les établissements
publics qui seront reconstruits. Il est évident que
n’importe quelle évolution dans le programme de
reconstruction dépend d’une trêve sûre et d’un système
concernant l’ouverture des points de passage, de façon à
permettre l’entrée des matériaux de construction comme le
ciment et le fer.
Il est
connu que l’Egypte a invité des Etats, des organisations
internationales et des ONG à participer à la conférence de
la reconstruction de Gaza, qui sera tenue à Charm Al-Cheikh
en début de mars prochain. Un nombre d’Etats a déjà signalé
son intention de participer à la conférence. L’objectif
annoncé est de parvenir à un programme d’action pour la
reconstruction en déterminant les engagements monétaires que
les Etats donateurs devront assumer. Or, le point qui n’est
pas encore clair est : qui dirigera le processus de
reconstruction ? Serait-ce une partie palestinienne, arabe
ou internationale ou bien toutes ces parties ensemble ? En
plus de la distribution des responsabilités et de la
coordination des actions.
Certaines voix avaient appelé à ce que la Ligue arabe crée
un fonds pour la reconstruction de la bande de Gaza, où
seront versées toutes les sommes consacrées à la
reconstruction. Il lui incombera également d’appliquer le
programme avec transparence face à la communauté
internationale. Or, cette idée se heurte à la nécessité de
l’existence à l’intérieur de la bande de Gaza d’une partie
palestinienne locale acceptée au niveau international et qui
devra coopérer avec la Ligue pour assumer la mission
importante de la reconstruction.
Il
s’avère clair que la reconstruction ne peut être réalisée
sans une conciliation palestinienne globale, qui nécessite
la formation d’un gouvernement d’unité nationale sous la
houlette de l’Autorité palestinienne internationalement
reconnue. Donc, si la division palestinienne reste comme
elle l’est actuellement, la bande de Gaza d’un côté et la
Cisjordanie de l’autre, les organisations internationales
n’accepteront d’octroyer ni au Hamas ni à son gouvernement
qui s’est retourné contre l’Autorité palestinienne en juin
2007 des sommes énormes pour la reconstruction de la bande.
Or, le gouvernement du Hamas n’est reconnu ni par les Etats
ni par les organisations internationales. Et tant que cette
situation politique persiste, le plan de reconstruction ne
pourra pas démarrer. Tony Blair, émissaire du Quartette, a
franchement annoncé que la discussion du dossier de la
reconstruction de Gaza restera reportée tant que le Hamas
domine seul la bande.
Supposons que certains pays et organisations acceptent de
traiter avec le gouvernement du Hamas en tant que
gouvernement de fait accompli ou même gouvernement légitime,
et par conséquent lui versent des sommes ou envoient des
matériaux de construction, Israël ne laissera rien passer à
l’intérieur de la bande puisque ce sont les forces
israéliennes qui dominent les points de passage. Donc, la
levée du blocus et l’ouverture des points de passage
figurent parmi les mécanismes importants de la
reconstruction. La reconstruction de la bande de Gaza dépend
donc de la résolution de nombreux problèmes, dont le plus
important est la formation d’un gouvernement provisoire
chargé de refaire les élections dans un climat de liberté et
de concurrence, à condition qu’il soit internationalement
accepté avec la participation du Hamas sous la direction de
l’Autorité palestinienne.
Israël
avait proposé d’ouvrir les points de passage et de faire
entrer 80 % des produits nécessaires à la reconstruction à
condition que les 20 % restants dépendent de la conclusion
d’un accord concernant la libération du soldat israélien
kidnappé Gilad Shalit. Cette proposition a été refusée par
le Hamas et l’Egypte l’a approuvée dans sa décision.
Actuellement, des contacts sont effectués pour déterminer
les noms des prisonniers palestiniens à libérer dans le
cadre de l’accord concernant le soldat israélien. D’un autre
côté, certaines institutions internationales appellent à la
création d’un fonds international où seront déposées toutes
les sommes, avec la participation à sa gestion de la Ligue
arabe et d’un représentant du gouvernement palestinien qui
sera formé dans le cadre de l’entente. Et ce fonds devra
assumer la responsabilité de la reconstruction selon un
programme déterminé. Certains avis estiment que ce fonds ne
doit pas s’accaparer de n’importe quels autres efforts
locaux ou régionaux visant à aider les Palestiniens à
réparer rapidement les dégâts causés par la férocité de la
machine de guerre israélienne.
Tout
dépend donc de la réussite des efforts égyptiens visant
premièrement à parvenir à l’accalmie, deuxièmement à
l’ouverture des points de passage et troisièmement à faire
réussir les efforts de conciliation. Et ce, à condition de
trouver le soutien de la part de la communauté
internationale et du gouvernement israélien. Cette question
nécessite une intervention américaine intensifiée pour
garantir que le nouveau gouvernement israélien respecte
l’accord de trêve et la levée du blocus.