Israël brouille les cartes
Morsi
Attalla
Il
est nécessaire que je signale dès le début qu’il existe dans
tous les pays une référence à la pensée stratégique qui gère
la zone de prise de décision, notamment en ce qui concerne
les questions de guerre et de paix. Selon cette référence,
il est possible d’éviter la guerre, tant qu’elle est
injustifiée, même si les dirigeants politiques y font
allusion par les menaces, tant qu’ils ont encore des chances
d’atteindre leurs buts par l’action. A l’encontre, Israël
est l’unique pays au monde qui parle de paix en brandissant
les armes et les menaces solennellement. A son sens, la paix
est le statu quo que ses soldats sont capables d’imposer sur
le terrain. Et non pas ce que ses négociateurs peuvent
arracher sur les tables de négociations régies par les
principes d’égalité et sous l’ombrelle de la légitimité
internationale.
Il est certain que cette mentalité bizarre et unique en son
genre, qui oriente la pensée et le comportement politique et
stratégique de l’Etat hébreu, est la raison essentielle de
la complexité du conflit
arabo-israélien de manière générale et de la cause
palestinienne en particulier. Les Israéliens mélangent
intentionnellement les cartes et falsifient les réalités
avec pour objectif d’embrouiller une situation déjà
compliquée de manière à ne plus pouvoir distinguer la
réalité de l’illusion. Les initiatives de réactivations
sérieuses entreprises par les médiateurs internationaux,
afin de séparer les constats historiques et géographiques,
ne faisant pas l’objet de doute d’une part et les mensonges
et prétentions légendaires d’autre part, se trouvent prises
dans le piège de la confusion et de l’embarras. Quel est
l’objectif des Israéliens ?
Israël doit présenter des excuses pratiques et présenter des
regrets, tout en s’engageant à ne plus jamais répéter ce
qu’il a fait. Des excuses pratiques signifient promettre de
renoncer à la pensée religieuse extrémiste et réviser la
théorie sécuritaire désuète. Tel-Aviv doit reconnaître que
la paix, qu’elle ne cesse de chanter nuit et jour et qu’elle
ne fait que démolir par ses chars et ses missiles et avions
nuit et jour, implique des conditions.
Je dis cela clairement, à l’heure où les émissaires
internationaux ont commencé une nouvelle tournée d’actions
politiques, afin de ressusciter un processus de paix très
mal en point, à la lumière des
événements de Gaza et l’arrivée d’une nouvelle
Administration aux Etats-Unis. D’autant plus que cette
dernière accorde la priorité au dossier du Moyen-Orient.
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ceux qui craignent
que ces efforts et ces mouvements internationaux deviennent
une simple couverture pour cacher le visage odieux d’Israël,
qui a été révélé clairement pendant les événements de Gaza.
Mais Israël désire-t-il vraiment faire la paix ? Si la
réponse est par l’affirmative, qu’est-ce qui le paralyse
alors et l’attarde à concrétiser les accords préalablement
conclus avec les Palestiniens, pour faire preuve de bonne
volonté et récupérer la confiance perdue, afin de pouvoir
poursuivre la démarche pacifique conformément à l’initiative
arabe, la feuille de route et les accords d’Annapolis qui
puisent leur légitimité de la formule de la terre contre la
paix ?
L’insistance à poursuivre la construction du mur de
séparation et des colonies, ainsi que la fragmentation de la
Cisjordanie représentent-elles une réelle volonté de paix ?
La paix peut-elle exister avec l’insistance d’Israël à
anéantir le droit au retour des réfugiés palestiniens, au
moment où elle répète en grande pompe son droit à faire
venir des millions de juifs de tous les coins de la terre,
pour s’implanter sur les territoires exposés à une
confiscation de leurs propriétaires palestiniens ?
La réponse à ces questions est l’unique accès correct à
n’importe quel discours sur la sécurité, la stabilité et la
paix. Mais le fait de tourner en rond autour des mesures
sécuritaires relève de l’absurde. Je voudrais dire
clairement que si l’objectif résidant derrière ces efforts
est simplement l’accalmie et la confirmation de la trêve,
cet effort, malgré son importance, ne
procurerait qu’une trêve fragile et faible incapable
de survivre pendant longtemps à l’ombre des provocations et
des incitations multiples.
Il est devenu inévitable que les sages sur la scène
palestinienne réalisent que la prochaine étape leur impose
de réarranger intérieurement la demeure palestinienne et de
soutenir ses fondements nationaux et ceci en accord avec les
efforts égyptiens méritoires, afin de relancer et de faire
triompher le dialogue objectif entre les différentes
factions.