La
légitimité de Maliki
Le
premier ministre iraqien, Nouri Al-Maliki, a triomphé
aux élections provinciales et bénéficie désormais de la
légitimité populaire qui lui manquait depuis son arrivée
au pouvoir il y a trois ans. Les alliés du chef du
gouvernement chiite se sont ainsi largement imposés à
Bassora, la deuxième ville du pays, capitale du Sud
chiite, et sont en tête à Bagdad. Les élections visaient
à désigner 440 sièges de conseillers régionaux, qui
nomment les gouverneurs et les administrations des
provinces.
Ce
succès permettrait à Maliki, considéré autrefois comme
un dirigeant faible installé par des partis chiites plus
puissants, d’élargir sa base dans les provinces et
d’aborder en position de force les élections
législatives prévues en fin de cette année. Nouri
Al-Maliki dirige le parti Daawa, une formation islamiste
chiite, mais il a fait campagne sur un programme plus
large de rétablissement de l’Etat de droit, en évitant
de s’appuyer sur une rhétorique religieuse. Le premier
ministre a préféré insister sur un discours laïque et
sécuritaire et appeler à l’unité nationale, un message
qui semble avoir porté auprès des électeurs. Les partis
laïques et nationalistes ont obtenu de bons résultats à
travers le pays, alors qu’ils avaient été largement
dominés par les partis religieux lors des précédentes
élections provinciales en 2005. Il faudra cependant
encore des mois avant que le paysage politique iraqien
ne se dessine plus précisément.
La
victoire de Maliki lui vaut aujourd’hui d’être courtisé
par les deux principaux courants chiites qui cherchent à
faire alliance avec lui pour diriger les neuf
gouvernorats du sud de l’Iraq et Bagdad : le courant du
chef religieux radical Moqtada Al-Sadr et le Conseil
Suprême Islamique Iraqien (CSII), le parti chiite le
plus puissant du pays, qui s’appuie sur des finances et
un réseau solides, mais qui a perdu la haute main sur
les sept provinces chiites et Bagdad, qu’il contrôlait
depuis 2003. Plusieurs électeurs lui reprochent de
n’avoir guère vu d’amélioration dans les provinces qu’il
contrôle depuis quatre ans dans le sud du pays.
Le
premier ministre devrait toutefois s’allier avec le CSII
d’Abdel-Aziz Al-Hakim. Dans ce scrutin proportionnel,
les alliances sont quasiment obligatoires pour diriger
les provinces. Alors qu’une alliance semble exclue avec
les Sadristes, qui avaient tenté de renverser Maliki,
les relations entre le premier ministre et le SCII sont
solides. Maliki doit une partie de son succès à son
partenariat avec ce groupe qui ne l’a pas abandonné
quand les Sadristes et les sunnites du Front de la
concorde iraqienne ont quitté le gouvernement en 2007.