Palestine.
Hassan
Nafaa, conseiller
auprès du
Centre des Etudes Politiques
et
Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram,
explique
que seul un
recours à
l’Assemblée
générale pourrait
conduire à
une saisie
de la CPI.
«
Beaucoup reste
à faire pour transformer les
recommandations en
mécanisme
d’action »
Al-Ahram
Hebdo
: Que
pensez-vous
du vote par le Conseil
des droits de
l’homme de la
résolution qui
adopte le rapport Goldstone ?
Hassan
Nafaa
:
Le fait qu’Israël
soit accusé
par le Conseil des
droits de
l’homme d’avoir
commis des crimes de guerre
durant la guerre de Gaza
est une
certification officielle des
crimes d’Israël.
C’est donc
bien sûr
une
victoire politique
et
diplomatique pour les
Palestiniens, le groupe
arabe,
l’Organisation de la conférence
islamique, les pays
africains, les pays non-alignés
qui ont
soutenu la résolution.
Mais il
est
nécessaire que
ces
derniers exercent des
efforts supplémentaires et
entreprennent beaucoup de
démarches pour
que les
recommandations du
rapport, qui sont
très fortes, se
transforment en
mécanisme
d’action, et que des
politiciens
ou des membres de
l’armée
israélienne comparaissent
devant la
Cour Pénale
Internationale (CPI). La
question est
donc
: comment rendre les
recommandations
une réalité
politique ?
— A
votre avis,
quels sont les
recours
possibles pour que les
recommandations
du rapport
soient
appliquées ?
— Il
y a trois options. La première
est de se
rendre au Conseil de
sécurité de
l’Onu pour que
ce dernier
adopte le rapport et le
transfère à
la CPI, pour que
cette
dernière le prenne en
charge et mène
une enquête
juridique.
Mais à
mon
avis, cette option
est impossible
à cause du
veto américain. La
deuxième option
est
que le
secrétaire général de
l’Onu
adopte cette
résolution et la
transfère à
la Cour
pénale. Là encore,
cela ne
risque pas de se
produire, car
souvent le
secrétaire général suit
les orientations des grandes
puissances.
La
dernière option
est le
recours à
l’Assemblée
générale et que
cette
dernière fasse
appel à
la résolution « union pour la
paix » (utilisée
par exemple
lors de la crise de Suez
en 1956 et qui permet
à
l’Assemblée générale
d’acquérir des
pouvoirs
exécutifs).
L’Assemblée
générale
pourrait faire appel
à la CPI.
Si c’est
le cas,
ce serait
un grand pas en avant pour
que des
Israéliens comparaissent
devant la
cour. L’image
d’Israël
serait alors encore
pire
qu’elle ne
l’est déjà.
—
Que
pensez-vous de la position
européenne vis-à-vis du
rapport ?
— La
France et la Grande-Bretagne
n’ont pas
voté, mais
ont
présenté une
lettre à
Israël lui
demandant
d’ouvrir une
enquête
indépendante. Elles
recherchent en fait des
mesures, loin des
pressions
internationales,
contre
Israël. Ce qui
indique que
les pays européens
sont
conscients que
l’adoption de
cette
résolution représente
une
pression contre
Israël.
Ils
sont censés
être des
défenseurs des droits de
l’homme,
mais deviennent les
ennemis de
ces droits,
dès lors
qu’il
s’agit d’Israël.
— Les
relations entre le
Hamas et
l’Autorité
palestinienne, déjà mal au
point, se sont
davantage
détériorées lorsque le
vote du rapport Goldstone a
été reporté.
Aujourd’hui, la
réconciliation
est
encore une
fois reportée …
—
Certaines
parties ont
utilisé le report Goldstone pour
compromettre la
réconciliation. Le
Hamas avait
tout d’abord
déclaré
être engagé par le
document de réconciliation,
avant de
déclarer avoir des
réserves
sur certains points. Le
Hamas a
donc utilisé le rapport
Goldstone comme
un moyen
pour entraver le
processus de
réconciliation.
Propos recueillis par
Heba
Zaghloul