Archéologie.
Suite à un grand débat, le musée du Louvre va enfin
restituer à l’Egypte ses 5 fragments de peinture antique qui
proviennent de la nécropole de Tétiky à Louqsor. D’ailleurs,
la question a figuré dans un entretien téléphonique, samedi,
entre le président Nicolas Sarkozy et le président Hosni
Moubarak.
Un
succès pour l’Egypte et pour les échanges culturels
Finalement,
le musée du Louvre vient de prendre la décision de restituer
5 fragments de peinture antique volés de la nécropole de
Tétiky, située à Louqsor. Le ministre français de la
Culture, Frédéric Mitterand, a décidé, vendredi dernier, de
restituer 5 fragments de fresques détenus par le musée du
Louvre et revendiqués par l’Egypte. C’est conformément à
l’avis unanime de la Commission scientifique nationale des
musées de France que la décision a été prise. « La
restitution est désormais une question de semaines », a
ajouté le ministère.
Depuis
deux semaines, l’Egypte avait annoncé officiellement qu’elle
suspendrait sa coopération archéologique avec le Louvre tant
que ces fragments de fresques ne lui seraient pas restitués.
Ceci dit, ces pièces étaient la cause de la suspension des
travaux de la mission du Louvre opérant à Saqqara depuis
1991. « La décision du comité permanent égyptien du 16 août
concernant la suspension était un outil de pression dans le
cadre du dossier Louvre-CSA qui a finalement apporté ses
fruits », explique le Dr Gihane Zaki, responsable du dossier
du Louvre au CSA. Elle ajoute que les responsables du Louvre
ont tenu le CSA au courant du résultat de la réunion de la
commission des conservateurs des musées de France qui a voté
positivement à l’unanimité pour restituer les objets
égyptiens en question. En effet, la commission a estimé que
les preuves étaient réunies pour établir que ces fresques
proviennent bien du tombeau de ce dignitaire égyptien, selon
le ministère.
La
Commission d’acquisition de la direction des musées de
France avait acheté ces fragments de fresques pour le Louvre.
En 2000, elle avait procédé à un premier achat de 4 éléments
auprès de la galerie française Maspero. Le 5e fragment avait
été acquis en 2003 lors d’une vente publique à Drouot.
En vertu
du principe d’inaliénabilité des œuvres d’art, les
collections des musées nationaux français ne peuvent pas
être cédées sauf si cette commission d’experts et de
personnalités qualifiées accepte de les déclasser. Pour sa
part, Jean-Pierre Debaere, conseiller français de
coopération et d’action culturelle en Egypte, pense que ces
pièces seront de retour en Egypte avant la fin de cette
année et peut-être un peu plus tôt. « Dès que le musée du
Louvre s’est aperçu de l’affaire, il a commencé à l’étudier
selon les normes internationales qui gèrent de telles
situations, et voilà que l’on a pu résoudre ce problème avec
le côté égyptien », assure Debaere. Il indique d’ailleurs
qu’il vient d’apprendre la nouvelle de la restitution à
travers un contact téléphonique de l’Hebdo. Il met en plus
l’accent sur le fait qu’Al-Ahram Hebdo était le premier à
déclencher cette affaire dans les milieux médiatiques
francophones. Voire, il en a été le « moteur ». Ce qui a
peut-être encouragé les responsables français à résoudre la
question rapidement. (Lire Al-Ahram Hebdo no 787).
Il est à
noter que les 5 fragments de peinture murale du tombeau d’un
dignitaire de la XVIIIe dynastie égyptienne (1550-1290 av.
J.-C.), situé dans la Vallée des rois près de Louqsor,
avaient été « acquis de bonne foi » par la France au début
des années 2000, selon le ministère français de la Culture.
Les œuvres de petite taille (environ 15 cm de large sur 30
cm de haut) se trouvent actuellement dans les réserves du
musée du Louvre.
A
l’unanimité (33 voix sur 33), la Commission scientifique
nationale des musées de France a conseillé de déclasser ces
fresques en vue de les restituer à l’Egypte, a indiqué le
ministère.
De son
côté, Zahi Hawas, secrétaire général du CSA, a bien
accueilli cette décision qu’il a qualifiée de positive, en
mettant l’accent sur le fait que la suspension de la mission
ne sera débloquée qu’au retour des objets sur le territoire
égyptien. C’est ce qui aura lieu très probablement par les
voies diplomatiques. « En tant que secrétaire général du CSA
et gardien de l’héritage de l’Egypte, Hawas a tout le droit
de souhaiter de restituer les objets phares de l’Egypte et
de mettre en place le dispositif », explique le Dr Gihane.
Cette
affaire survient quelques jours après l’échec de la
candidature du ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni,
à la tête de l’Unesco. « Aucun rapport », a confirmé Hawas,
affirmant que la demande de restitution date d’il y a deux
ans. Il ajoute que le Louvre était averti de nos intentions
depuis l’été. Les égyptologues français que nous avons
interrogés, au courant du conflit depuis des semaines,
confirment et notent que l’Egypte est de plus en plus
protectrice de son patrimoine. Pour preuve, son offensive
pour récupérer auprès de l’Allemagne le fameux buste de la
reine Néfertiti, de même que la pierre de Rosette à Londres.
Dalia
Farouq