Pakistan.
Un risque de recrudescence des attaques entre talibans et
l’armée gouvernementale plane sur ce pays qui reste toujours
menacé par le chaos.
Les
talibans passent à la vitesse supérieure
Une
nouvelle série de combats violents secoue à nouveau le
Pakistan. Au moins 31 talibans ont été tués dimanche et
lundi derniers dans des bombardements de l’armée. Cette
dernière pilonne régulièrement les fiefs des talibans dans
les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, où Al-Qaëda et
les talibans afghans sont présents. En effet, ces combats
ont été déclenchés après une attaque audacieuse, attribuée
aux talibans, contre le siège de l’état-major de l’armée
dans la banlieue d’Islamabad samedi et dimanche derniers.
Près de 24 heures durant, les Talibans ont tenu en haleine
le monde entier. 42 otages, militaires et civils employés
par l’armée ont été retenus dans un bâtiment jouxtant le QG
(Quartier Général) de l’armée dans la ville-garnison de
Rawalpindi. Et, les commandos ont libéré 39 otages. Mais
cette attaque a fait un bilan lourd : huit morts parmi les
militaires, trois parmi les otages et huit parmi les
assaillants. De leur part, le gouvernement et l’armée ont
également accusé le principal fief du Mouvement des talibans
du Pakistan (TTP) de l’attaque contre le QG de l’armée et de
la prise d’otages. Une accusation qui a été revendiquée par
le TTP, selon plusieurs chaînes de télévision. Le TTP a fait
allégeance à Al-Qaëda et combat Islamabad pour son alliance
avec Washington dans sa « guerre contre le terrorisme ».
Par
ailleurs, le nouveau chef du TTP, Hakimullah Mehsud, a juré
de multiplier les attaques contre « l’Amérique et le
Pakistan » pour venger la mort de son prédécesseur Baïtullah
Mehsud, tué le 5 août par un tir de missiles américains. Ce
groupe a pour fief les zones tribales du nord-ouest
frontalières avec l’Afghanistan.
Pour se
venger de cette attaque, le pilonnage aérien a commencé
depuis dimanche soir. « Des avions de chasse ont bombardé
différents repaires des talibans dans le district de Bajaur
», près de la frontière afghane, a déclaré à l’AFP un
responsable de l’administration locale, Manasib Khan. Tandis
que le gouvernement a annoncé qu’une intervention terrestre
était « imminente ». Les bombardements aériens ou les tirs
d’artillerie contre le sud du Waziristan durent depuis
plusieurs mois, mais le gouvernement pakistanais n’a pas
encore franchi le pas d’une offensive terrestre.
Cette
attaque a parachevé une semaine marquée par des attentats
suicide commis dans la capitale, Islamabad, et à Peshawar
qui ont fait plus de 50 morts. Cependant, cette attaque
démontre que les talibans avaient la capacité de frapper au
cœur même du dispositif le plus sécurisé de ce pays. Et, les
insurgés islamistes liés à Al-Qaëda avaient intensifié ces
derniers temps une vague d’attentats qui a fait déjà plus de
2 200 morts en plus de deux ans. Selon les analystes,
l’armée, qui avait annoncé en juillet avoir repris
totalement le contrôle de la vallée de Swat, jusque-là aux
mains des talibans, n’est pas allée assez loin. Et au lieu
de poursuivre sa marche en avant et de lancer un assaut dans
les zones tribales du nord-ouest, l’armée a donné aux
talibans, affaiblis par la mort de Baïtullah Mehsud, le
temps de se regrouper et de revenir en force.
De son
côté, le ministre de l’Intérieur, Rehman Malika, a annoncé
que l’offensive au Waziristan, dans le nord-ouest du pays,
ne représentait plus un choix. « Ce n’est pas une question
d’engagement. Cela est devenu une obligation parce qu’il
existe une demande de la part des tribus locales pour que
nous menions cette opération », a-t-il dit. Quelque 28 000
soldats ont été mobilisés pour déloger les rebelles talibans
dont le nombre est estimé à 10 000, avaient indiqué des
responsables militaires auparavant.
Commentant la recrudescence des attaques des talibans au
Pakistan, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton,
a affirmé que Washington avait « confiance » dans le
contrôle du Pakistan sur ses armes nucléaires. « Nous ne
voyons pas de preuve que (les militants islamistes) vont
prendre le pouvoir », a-t-elle souligné.
Et, sous
la pression intense de Washington, l’armée pakistanaise a
lancé récemment des offensives dans le nord-ouest. Ces
derniers jours, les collaborateurs du président américain,
Barack Obama, ont signifié que sa nouvelle stratégie pour le
conflit en Afghanistan ferait une place importante au
Pakistan, son porte-parole, Robert Gibbs, soulignant que «
la plupart, sinon presque tous » les membres du réseau
d’Ossama bin Laden qui chercheraient à s’en prendre à
nouveau aux Etats-Unis étaient au Pakistan.
Maha
Salem