Al-Ahram Hebdo, Dossier | L’israélisation de Jérusalem
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 28 janvier au 3 février 2009, numéro 751

 

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Dossier

Jérusalem. Depuis la création de l’Etat d’Israël, la ville fait l’objet d’un plan de judaïsation. Eliminer le caractère arabe de la cité sainte et en faire sa capitale, voilà l’objectif fantasmé par l’Etat hébreu.  

L’israélisation de Jérusalem 

 

Dès juin 1967, Tel-Aviv interdit le retour des Palestiniens dans leurs maisons aux frontières de l’avant-guerre, tout en maintenant ouvertes voire encourageantes les portes aux immigrés israéliens. Pour arriver à ses fins de judaïsation de Jérusalem, le côté est de la ville en particulier, Tel-Aviv, a constitué un plan d’action qui arriverait à terme aujourd’hui.

Les moyens mis en œuvre sont multiples. D’abord, la manipulation des chiffres officiels démographiques. Puis, très vite Israël use de son arme humaine : la colonisation. Près de 192 000 colons résident illégalement dans 12 colonies à Jérusalem-Est. Des habitants parlent de « création » de colonies de toutes sortes : agricoles, industrielles, civiles, militaires permettant d’estomper le tracé des frontières de juin 1967, rendant la division de la ville impossible. La colonisation va aussi au-delà des frontières de la ville actuelle pour constituer un cercle dit le Grand Jérusalem et qui est limitrophe de Ramallah à Bethléem en passant par Al-Khan Al-Ahmar.

Bien d’autres procédures existent encore au service de la même cause. Un plan d’urbanisme de Jérusalem a été minutieusement tracé afin d’y augmenter la population juive. Tel-Aviv encourage les Israéliens à migrer à l’aide de taxes incitatives et d’investissements de grande ampleur dans les quartiers juifs.

Quant aux habitants arabes, ils sont, à l’inverse, victimes de restrictions sans limites. Construire est devenu un vrai casse-tête. Pour pouvoir investir leurs terrains, les Palestiniens doivent posséder un permis, à la fois cher mais également extrêmement difficile à obtenir. Si finalement le permis est obtenu, il n’offrira un passe-droit de construction que sur 25 % des terres. En dépit de la pénurie de logement qui fait rage à Jérusalem-Est, la municipalité israélienne ne délivre que 150 à 350 permis par an. Des constructions qui s’annulent lorsqu’on sait qu’elle démolit au moins 150 habitations dans le même temps. En confisquant et détruisant les propriétés, Israël terrorise les habitants arabes de Jérusalem et les pousse de facto à quitter la ville.

Israël utilise en outre une politique d’achat de terrains à l’intérieur du quartier arabe de la ville sainte, en proposant des offres attrayantes aux Israéliens. Pour les plus réfractaires, Tel-Aviv a déjà eu recours à la confiscation. Des juifs américains et européens financent ces achats.

De surcroît, les Palestiniens de Jérusalem sont confrontés à une discrimination sociale qui rend la vie quotidienne difficile et contraignante. Ils paient les mêmes impôts que tous les résidents de la ville, sans pour autant bénéficier des mêmes privilèges. Pas de nouvelles écoles, pas de nouveaux bâtiments publics, pas de nouveaux centres de santé pour les Palestiniens, pas non plus d’investissements pour la rénovation des routes (mis à part dans les quartiers de colons juifs), ni de systèmes d’égouts et de réseaux d’eau. En fait, moins de 10 % du budget de la municipalité israélienne était alloué aux quartiers palestiniens. Israël a aussi instauré un système qui interdit aux Palestiniens détenteurs d’un passeport étranger de résider à Jérusalem. Ainsi, les résidents sont traités comme des touristes, obligés de renouveler leur visa tous les trois mois. Sur le plan humain, entre autres formes aberrantes de discrimination, pas de réunification de famille si l’un des conjoints n’est pas de Jérusalem. Par exemple, si une Palestinienne de Jérusalem est mariée à un Palestinien de Ramallah, il ne peut pas se rendre chez elle, et s’il le fait, il est condamné à la prison et elle à une amende.

Le mur de séparation a par ailleurs obligé 1 635 familles de quitter la ville. Et selon des calculs de l’Onu, environ 25 % des 253 000 Palestiniens qui vivent à Jérusalem-Est ont été coupés de la ville par la barrière. Le plan de judaïsation a même recours à l’archéologie pour consacrer l’occupation sioniste de Jérusalem et oblitérer la présence arabo-palestinienne dans ce pays.

Des fouilles israéliennes ont ainsi commencé à l’entrée de l’Esplanade des mosquées à Jérusalem, mettant en danger le troisième lieu saint de l’islam. Des fouilles ont été entamées afin de retrouver le Temple de Salomon qui se trouverait juste sous la mosquée. Argument pour prouver que la Palestine leur appartient.

Enfin, Israël refuse toujours de mettre le contentieux de Jérusalem sur la table, se laissant toutes les libertés pour achever son plan. L’Etat hébreu reporte et délègue le problème d’année en année, et ce depuis les accords d’Oslo de 1993.

Aliaa Al-Korachi

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La résolution oubliée 

La résolution 303 de l’Assemblée générale des Nations-Unies, du 9 décembre 1949, a prévu un régime international pour la région de Jérusalem et une protection pour les lieux saints de la ville. Un texte qui n’a jamais été appliqué, ni r

especté. Présentation d’un texte historique équitable, réduit à un document dans les tiroirs.

Aujourd’hui sous l’occupation israélienne de la ville de Jérusalem, le droit de faire la prière à la mosquée principale de la ville est interdit pour les habitants de la ville qui ont moins de 50 ans. Est-ce cela une situation acceptable dans un Etat libre et démocratique ? Même les chrétiens de la ville ne sont pas épargnés par la loi martiale israélienne décrétée dans cet Etat, sans Constitution, depuis l’occupation de la ville en 1967. La commission qui a suggéré le partage de la Palestine a bien compris le statut « sui generis » de la région de Jérusalem, et a imaginé un régime spécial pour cette ville trois fois sainte, qui respecte les droits des fidèles des trois religions monothéistes, comme un droit de l’humanité entière sur cette ville. Une administration onusienne garantirait une formule où tout le monde sortirait gagnant et éviterait de tirer la couverture sur un groupe et négliger les droits des autres. Le statut international imaginé éviterait l’oppression systématique des habitants aujourd’hui sous l’occupation, puisqu’il appréhende les spécificités culturelles, sociales et religieuses de la ville. Il pourrait faire consensus et base pour une paix durable et une solution définitive. Dès le départ en 1949, le terme de « Corpus separatum » (entité séparée) de toute future composition étatique en Palestine est utilisé dans la résolution pour désigner le statut de la ville de Jérusalem, qui comme prévoit cette résolution, « sera administrée par les Nations-Unies ». Cette résolution 303 fixe les frontières de cette région qui « comprendra la municipalité actuelle de Jérusalem, plus les villages et centres environnants dont le plus oriental sera Abu Dis, le plus méridional Bethléem, le plus occidental Ein Karim (y compris l’agglomération de Mosta) et le plus septentrional Shufat », selon la résolution. Le Conseil de tutelle, qui est un organe principal de l’Onu inactif depuis 1994 mais qui est formé actuellement des cinq Etats permanents du Conseil de sécurité, était responsable d’appliquer cette résolution.

En 1994, à l’époque des accords d’Oslo, le Conseil de tutelle a considéré que tous les territoires sous tutelle avaient acquis l’autonomie ou l’indépendance soit en tant qu’Etat à part entière, soit en s’intégrant à des Etats voisins. L’occupation de Jérusalem par Israël n’a jamais permis l’exercice d’un pouvoir administratif de l’Onu sur la ville. L’Onu considère aujourd’hui que la ville a été « annexée par la force militaire suite à l’occupation », en dépit des nombreuses résolutions, dont la 181 et la 242 du Conseil de sécurité. Et cette intégration est en contradiction même avec la résolution 303 de l’Assemblée générale qui dit noir sur blanc « aucune mesure prise par un gouvernement ou des gouvernements intéressés ne pourra empêcher le Conseil de tutelle d’adopter le statut de Jérusalem et de la mettre en œuvre ».

La non adoption et la non application des résolutions fondatrices du droit international et de tout le système des Nations-Unies rendent logiques et banals l’absence de crédibilité de l’Onu et le manque du respect et de confiance dans l’organisation internationale, non seulement pour l’ensemble du peuple arabe, mais aussi pour tous les peuples du monde sans exception.

Amr Zoheiri

 




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