Jérusalem.
Depuis la création de l’Etat d’Israël, la ville fait l’objet
d’un plan de judaïsation. Eliminer le caractère arabe de la
cité sainte et en faire sa capitale, voilà l’objectif
fantasmé par l’Etat hébreu.
L’israélisation de Jérusalem
Dès
juin 1967, Tel-Aviv interdit le retour des Palestiniens dans
leurs maisons aux frontières de l’avant-guerre, tout en
maintenant ouvertes voire encourageantes les portes aux
immigrés israéliens. Pour arriver à ses fins de judaïsation
de Jérusalem, le côté est de la ville en particulier,
Tel-Aviv, a constitué un plan d’action qui arriverait à
terme aujourd’hui.
Les moyens mis en œuvre sont multiples. D’abord, la
manipulation des chiffres officiels démographiques. Puis,
très vite Israël use de son arme humaine : la colonisation.
Près de 192 000 colons résident illégalement dans 12
colonies à Jérusalem-Est. Des habitants parlent de «
création » de colonies de toutes sortes : agricoles,
industrielles, civiles, militaires permettant d’estomper le
tracé des frontières de juin 1967, rendant la division de la
ville impossible. La colonisation va aussi au-delà des
frontières de la ville actuelle pour constituer un cercle
dit le Grand Jérusalem et qui est limitrophe de Ramallah à
Bethléem en passant par Al-Khan Al-Ahmar.
Bien d’autres procédures existent encore au service de la
même cause. Un plan d’urbanisme de Jérusalem a été
minutieusement tracé afin d’y augmenter la population juive.
Tel-Aviv encourage les Israéliens à migrer à l’aide de taxes
incitatives et d’investissements de grande ampleur dans les
quartiers juifs.
Quant aux habitants arabes, ils sont, à l’inverse, victimes
de restrictions sans limites. Construire est devenu un vrai
casse-tête. Pour pouvoir investir leurs terrains, les
Palestiniens doivent posséder un permis, à la fois cher mais
également extrêmement difficile à obtenir. Si finalement le
permis est obtenu, il n’offrira un passe-droit de
construction que sur 25 % des terres. En dépit de la pénurie
de logement qui fait rage à Jérusalem-Est, la municipalité
israélienne ne délivre que 150 à 350 permis par an. Des
constructions qui s’annulent lorsqu’on sait qu’elle démolit
au moins 150 habitations dans le même temps. En confisquant
et détruisant les propriétés, Israël terrorise les habitants
arabes de Jérusalem et les pousse de facto à quitter la
ville.
Israël utilise en outre une politique d’achat de terrains à
l’intérieur du quartier arabe de la ville sainte, en
proposant des offres attrayantes aux Israéliens. Pour les
plus réfractaires, Tel-Aviv a déjà eu recours à la
confiscation. Des juifs américains et européens financent
ces achats.
De
surcroît, les Palestiniens de Jérusalem sont confrontés à
une discrimination sociale qui rend la vie quotidienne
difficile et contraignante. Ils paient les mêmes impôts que
tous les résidents de la ville, sans pour autant bénéficier
des mêmes privilèges. Pas de nouvelles écoles, pas de
nouveaux bâtiments publics, pas de nouveaux centres de santé
pour les Palestiniens, pas non plus d’investissements pour
la rénovation des routes (mis à part dans les quartiers de
colons juifs), ni de systèmes d’égouts et de réseaux d’eau.
En fait, moins de 10 % du budget de la municipalité
israélienne était alloué aux quartiers palestiniens. Israël
a aussi instauré un système qui interdit aux Palestiniens
détenteurs d’un passeport étranger de résider à Jérusalem.
Ainsi, les résidents sont traités comme des touristes,
obligés de renouveler leur visa tous les trois mois. Sur le
plan humain, entre autres formes aberrantes de
discrimination, pas de réunification de famille si l’un des
conjoints n’est pas de Jérusalem. Par exemple, si une
Palestinienne de Jérusalem est mariée à un Palestinien de
Ramallah, il ne peut pas se rendre chez elle, et s’il le
fait, il est condamné à la prison et elle à une amende.
Le mur de séparation a par ailleurs obligé 1 635 familles de
quitter la ville. Et selon des calculs de l’Onu, environ 25
% des 253 000 Palestiniens qui vivent à Jérusalem-Est ont
été coupés de la ville par la barrière. Le plan de
judaïsation a même recours à l’archéologie pour consacrer
l’occupation sioniste de Jérusalem et oblitérer la présence
arabo-palestinienne dans ce pays.
Des fouilles israéliennes ont ainsi commencé à l’entrée de
l’Esplanade des mosquées à Jérusalem, mettant en danger le
troisième lieu saint de l’islam. Des fouilles ont été
entamées afin de retrouver le Temple de Salomon qui se
trouverait juste sous la mosquée. Argument pour prouver que
la Palestine leur appartient.
Enfin, Israël refuse toujours de mettre le contentieux de
Jérusalem sur la table, se laissant toutes les libertés pour
achever son plan. L’Etat hébreu reporte et délègue le
problème d’année en année, et ce depuis les accords d’Oslo
de 1993.
Aliaa
Al-Korachi