Al-Ahram Hebdo, Opinion | La guerre médiatique d’Israël
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 21 au 27 janvier 2009, numéro 750

 

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Opinion
 

La guerre médiatique d’Israël

Mohamed Salmawy

 

Les scènes de sang, de cadavres d’enfants et de demeures démolies ont marqué la couverture médiatique dans le monde entier de la sale guerre menée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Pourtant, la tendance dominante des médias occidentaux, en dépit du refus catégorique des atrocités qui ont ponctué cette guerre, était alignée en grande partie sur Israël.

 

Les médias occidentaux ont tendance à comprendre la vision israélienne plus que la vision arabe et à sympathiser avec les Israéliens plus qu’ils ne le font avec les Arabes. La question est de savoir le pourquoi de cette position.

La réponse la plus facile à cette question et qui nous épargne la peine de faire des études et de l’analyse serait de dire que la raison revient à la nature de l’Occident qui est hostile aux Arabes, à leur religion, à leur culture, voire même à leur race. Ces dires, outre le caractère superficiel qu’ils laissent apparaître, sont déprimants car ils semblent reposer sur des a priori difficiles à changer. Cela dit une analyse subtile de cette situation pourrait expliquer les raisons de cette attitude de manière scientifique, et par conséquent chercher la possibilité de modifier ces vues.

L’une des meilleures analyses que j’ai lues à propos de la politique médiatique israélienne est celle récemment publiée par le célèbre analyste américain James Zoghby, d’origine arabe, directeur de l’Institut arabo-américain à Washington, dans son article intitulé « L’observatoire de Washington ». Selon Zoghby, ce qui détermine la politique médiatique dans la couverture des événements du Moyen-Orient est une stratégie qu’Israël a exclusivement adoptée depuis des années.

Zoghby affirme que cette stratégie repose sur l’insistance et la répétition des informations jusqu’à ce qu’elles se transforment en des réalités toutes faites et des constats que les Arabes ne pourront plus dénier plus tard. Cette stratégie repose sur les bases suivantes. D’abord l’idée que la victoire revient à celui qui anticipe dans la présentation des événements. Dans l’état actuel de guerre, nous remarquons qu’Israël a devancé les Arabes et a déterminé le début de la guerre devant les médias occidentaux, comme étant le 19 décembre, lorsque le Hamas a violé l’accord de trêve préalablement conclu. Ils ont ignoré évidemment les violations répétées par Israël de cet accord ainsi que son engagement à lever le blocus imposé à Gaza.

Ensuite, des idées stéréotypées prédominent. C’est à partir de cette perspective que les Israéliens ont dirigé les médias occidentaux vers les idées stéréotypées qu’ils ont contribué à ancrer. Des stéréotypes qui présentent Israël de manière positive et le côté palestinien de manière négative. Ils ont compté sur la logique selon laquelle « l’humanisme » israélien fait face au terrorisme palestinien. A partir de là, ils ont transmis les images de citoyens israéliens vivant dans un état de terreur à cause des roquettes palestiniennes. Alors que de l’autre côté, nous avons les Palestiniens qui sont exposés à la mort mais réduits à l’état de chiffres avec chaque bulletin d’informations.

D’autre part, ils anticipent les événements en comptant sur les erreurs de l’autre côté. Ainsi Israël a compté, tel qu’il l’avait prévu, sur la multiplication du nombre de roquettes lancées par Hamas, ainsi que sur le langage de menace qu’emploient ses dirigeants. Simultanément, Israël a tenu à exprimer ses regrets pour le nombre de victimes que la guerre a causées, y compris les palestiniennes.

De plus, Israël a tenu à être présent dans les médias, tout en essayant d’écarter les représentants de l’autre bord. Il a toujours tenu à débuter sa guerre par une armée de porte-parole officiels qui excellent dans le langage médiatique de chaque pays occidental. Sur ce point précis, Zoghby dit que ce n’est pas un hasard qu’Israël ait nommé un consul d’origine arabe dans la ville américaine d’Atlanta, surtout que le siège de la CNN s’y trouve. En même temps, Israël a interdit l’entrée des médias internationaux à Gaza, de quoi contrôler les atrocités qui ont lieu sur le terrain.

Il a recours aussi à un démenti rapide des informations qui auraient pu s’infiltrer et qu’il veut cacher, en présentant une version alternative qui met le tort du côté palestinien. Ainsi, si Israël avait tué des civils innocents, la version qu’il transmettrait serait de dire que cela était la faute des Palestiniens terroristes qui utilisent les civils comme bouclier. Ainsi, le massacre des Palestiniens devient la responsabilité des Palestiniens eux-mêmes.

Par ailleurs, James Zoghby démontre dans son analyse un autre facteur propre aux Etats-Unis, selon lequel, au même moment où s’applique cette stratégie médiatique, les tentatives d’influencer les milieux politiques sont activées. Ainsi l’opinion publique américaine s’aperçoit que ce qu’elle visionne dans les médias est la réalité confirmée par le Congrès et la Maison Blanche. Une telle répétition contribue à encercler l’opinion publique et à enraciner les conceptions erronées que lui présente Israël.

Enfin, nous arrivons au dernier point de cette stratégie et auquel on a recours lorsque tous les facteurs précédents enregistrent un échec. C’est rien d’autre que le recours à l’accusation d’antisémitisme. L’objectif étant d’écarter toute opinion critiquant Israël et allant à l’encontre de la version qu’il veut ancrer. Dans ce cas-là, Israël recourt à la transmission de cas flagrants d’hostilité contre les juifs qu’il généralise à tous ceux qui le critiquent mettant chacun d’eux dans un état d’autodéfense.

Alors que je lisais l’analyse de James Zoghby, mon ami Ali Al-Biblawi m’a envoyé une lettre pour me dire qu’il a remarqué à travers son suivi des médias occidentaux qu’Israël menait une campagne d’envergure reposant sur des propos logiques et convaincants. Selon lesquels il n’y a pas de pays de par le monde qui puisse vivre sous la menace des bombardements et qu’Israël menait cette guerre pour protéger les civils de ce danger qui les menace. Selon Al-Biblawi, nous devons adopter une contre-campagne reposant sur trois axes.

Premièrement, il n’y a pas dans notre monde d’aujourd’hui d’Etats colonisateurs sauf Israël et les Etats-Unis. Et qu’il n’y a pas de peuple au monde aujourd’hui qui puisse vivre sous le joug de l’occupation plus de 60 ans sans qu’il ne résiste à l’occupation par toutes les armes qu’il possède, et que les territoires bombardés par les Palestiniens, notamment les colonies, sont à l’origine des territoires arabes que les habitants originaux ont été obligés de délaisser. Des habitants qui ont été contraints à vivre pour la plupart comme des réfugiés à Gaza. Au lieu de demander aux Palestiniens pourquoi ils bombardent ces territoires, nous devons plutôt nous adresser aux Israéliens pour leur demander : pourquoi vivez-vous sur des territoires qui ne sont pas les vôtres, alors que leurs propriétaires originaux possèdent toujours leurs contrats de propriété ? Pourquoi occupez-vous les territoires d’autrui, pourquoi refusez-vous qu’ils disposent de leur Etat, tel qu’il est stipulé dans la résolution de l’établissement du votre Etat ?

L’ami qui m’a envoyé cette lettre disait qu’il n’imaginait pas qu’Israël puisse revenir sur sa position si nous menions une telle campagne. Car Israël ne se soumet qu’à la force et ne se retire que s’il se trouve obligé de le faire sur le champ de bataille. Cependant, nous ne devons pas laisser l’arène médiatique devant Israël pour qu’il fasse ce qu’il veut. Il est probable que nous réussirons à éveiller la conscience mondiale et à affaiblir la logique israélienne si Tel-Aviv se rend compte que le monde connaît la vérité. A son avis, ceci est le droit qui revient aux héros-martyrs pour qu’ils ne soient pas considérés par les médias occidentaux comme des terroristes.

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