Les erreurs d’Israël
Morsi Attalla
Le
problème d’Israël est qu’il insiste à ne pas lire
attentivement l’Histoire. Par conséquent, il continue à
parier sur la force militaire avec une confiance illimitée
en la capacité des Etats-Unis de couvrir et de justifier ses
erreurs, quelles que soient leur barbarie et leur atrocité.
C’est d’ailleurs ce qui se passe aujourd’hui dans le secteur
de Gaza. Toutes les leçons de l’Histoire confirment que tout
Etat criminel, qui occupe les territoires d’autrui et usurpe
ses droits légaux en se basant sur la force des armes, peut
adopter des agressions sans craindre la capacité de ses
adversaires. Cependant, ces mêmes leçons confirment que
l’humanité n’a jamais connu d’occupation éternelle, surtout
si le peuple refuse cette soumission, insiste à résister et
à exercer son droit de répondre et de se venger avec les
moyens dont il dispose.
Israël commet une grave erreur, en croyant que l’insistance
des Palestiniens sur le choix de la paix signifie qu’ils
n’ont pas d’autre choix. Il commet une autre erreur en
croyant ce que diffusent ses médias qui répandent des idées
selon lesquelles les Palestiniens sont obligés d’accepter la
notion israélienne de la paix et rester sous la merci d’un
comportement fou, dont le degré varie selon la folie des
faucons du gouvernement et des orientations et idées des
dirigeants de l’institution militaire israélienne.
Israël se trompe en croyant que le retour au terrorisme, au
blocus, aux assassinats et à la destruction peut
soumettre la position palestinienne et placer les
Palestiniens devant des choix impossibles, comme accepter la
notion israélienne de la paix qui signifie la soumission
totale.
Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza n’est pas une simple
agression cruelle et barbare exercée par Israël contre le
peuple palestinien désarmé. Il s’agit d’une chose bien plus
dangereuse et atroce. Ce qui se passe à Gaza c’est une
renaissance du langage de la guerre, des agressions et des
illusions de la capacité de punir les autres avec tous les
moyens disponibles dans l’arsenal militaire. C’est une chose
difficile à ignorer, car elle renouvelle les craintes sur
les véritables intentions israéliennes, non seulement envers
le peuple palestinien mais envers l’avenir de toute la
région. Lorsque l’emploi excessif de la force prend la forme
d’une punition collective inhumaine, tout discours sur la
sécurité, la stabilité ou l’accalmie devient illusoire. Cet
emploi excessif de la force peut même pousser les sages et
les modérés qui ont parié sur le rêve de la paix à réviser
leurs idées, leurs convictions et leurs orientations qui
étaient bâties sur les comptes de la raison et de l’espoir
en la paix.
Israël commet une grave erreur, en croyant que ces
agressions peuvent faire peur à quelqu’un ou servir
quelqu’un. Elles ne peuvent que mettre en doute la
crédibilité de l’acceptation israélienne de la paix et de la
coexistence. Au contraire, elles renforcent l’idée qu’Israël
n’a pas changé sa doctrine, ses convictions ni ses
stratégies politiques, militaires et médiatiques. Il est
certain que la sécurité dont parlent les Israéliens ne se
réalisera pas sous les échos assourdissants des avions et
des missiles. Ceci se révèle clairement dans la lecture du
registre du conflit arabo-israélien tout au long des 60
dernières années, qui confirme que même si les Arabes n’ont
pas pu infliger une attaque écrasante à l’Etat hébreu, ce
dernier, malgré le soutien américain dont il jouit, n’a pas
pu briser la volonté arabe ni obliger une partie arabe à se
soumettre malgré les victoires tactiques réalisées à divers
niveaux.
Israël commet une autre erreur en croyant que le retour à la
force aveugle peut lui garantir le gel de la situation
actuelle éternellement, afin de tuer tout espoir en la
renaissance du processus de paix sur les fondements et les
références préalablement convenus.
Israël doit réviser ses positions et ne pas permettre la
croissance de ce courant qui veut faire renaître les gloires
d’antan, ainsi que les idées sionistes qui encouragent
l’expansion et la spoliation des terres.