Palestine .
Un nouveau sommet Abbass/Olmert n’a pas permis d’aplanir les
divergences qui restent de taille.
Jérusalem, pomme de discorde
Palestiniens
et Israéliens sont toujours incapables de s’entendre. Leur
dernier sommet du dimanche dernier s’est achevé sur un
nouveau fiasco. « Les divergences sur les questions de fond
sont encore très prononcées », a déclaré dimanche un proche
collaborateur du président palestinien Mahmoud Abbass,
Yasser Abd-Rabbo, ajoutant qu’il était « prématuré de parler
d’un document ». « Le facteur temps est important, mais ou
nous avons un accord sur toutes les questions ou nous
n’avons pas d’accord », a souligné de son côté le
négociateur palestinien Saëb Ereqat à Ramallah. Même constat
chez les responsables israéliens. « Il y a toujours un fossé
considérable entre les deux parties », a reconnu Mark Regev,
porte-parole du premier ministre israélien Ehud Olmert. « Il
n’est pas réaliste de s’attendre à un accord rapide. Nous
n’allons pas résoudre l’ensemble des problèmes du conflit
(israélo-palestinien) en deux ou trois semaines », a-t-il
dit à l’issue de la rencontre dimanche entre le premier
ministre israélien et le président de l’Autorité
palestinienne. Des déclarations qui soulignent l’ampleur des
divergences.
Avec aussi peu d’avancées tangibles et le contrôle de la
bande de Gaza par le Hamas, la date butoir pour finaliser un
accord de paix, à savoir janvier 2009, quand le président
George W. Bush quittera la Maison Blanche, est désormais
considérée comme irréaliste. En effet, le problème réside
dans le fait que le premier ministre israélien Ehud Olmert a
proposé lors du sommet de dimanche un accord de paix d’ici
la fin de l’année qui exclurait la question de Jérusalem. La
partie palestinienne a immédiatement rejeté tout accord qui
repousserait à plus tard un règlement sur Jérusalem. Israël
a annexé la partie orientale de la ville après son
occupation en juin 1967, alors que les Palestiniens veulent
en faire la capitale d’un futur Etat. Quelque 250 000
Palestiniens vivent dans la partie orientale où 200 000
Israéliens se sont installés depuis 1967 dans une douzaine
de quartiers de colonisation. Le statut de Jérusalem-Est,
notamment le sort de la vieille ville qui abrite les lieux
saints juifs, chrétiens et musulmans, a déjà fait achopper
les négociations israélo-palestiniennes à plusieurs
reprises.
« Les deux parties sont désireuses de parvenir à un accord
global d’ici la fin 2008 et croient que c’est possible », a
déclaré à l’issue de la rencontre un haut responsable
israélien qui a requis l’anonymat. « Mais puisqu’il est
impossible de trouver un règlement sur la question de
Jérusalem dans ce délai, elles doivent s’entendre pour
repousser un accord sur cette question et convenir d’un
mécanisme et d’un calendrier pour Jérusalem », a-t-il
ajouté. Chose inadmissible pour les Palestiniens. « Sans
Jérusalem-Est comme capitale d’un Etat palestinien, quel
serait le sens d’un accord ? », a répliqué M. Ereqat. « Nous
ne serons pas partie prenante d’un accord intérimaire ou
d’un accord partiel ou d’un accord qui repousserait à plus
tard Jérusalem », a souligné M. Ereqat lors d’une conférence
de presse à Ramallah, en Cisjordanie. Il a réaffirmé la
demande d’un gel de la colonisation par Israël, bien qu’elle
n’ait guère été suivie d’effet, tout en annonçant que les «
négociations continueraient » le temps qu’il faudrait pour
parvenir à un règlement « qui mettrait un terme à
l’occupation » israélienne.
Horizon brouillé pour les négociations
Cette nouvelle rencontre s’est déroulée durant près de deux
heures à la résidence officielle de M. Olmert à
Jérusalem-Ouest avec la participation des chefs des équipes
de négociateurs : Tzipi Livni, la ministre israélienne des
Affaires étrangères, et Ahmad Qoreï du côté palestinien.
Selon le porte-parole du gouvernement israélien Mark Regev,
la prochaine démission de M. Olmert, impliqué dans une série
d’affaires de corruption, « n’a pas d’incidence sur les
discussions ». Mais comment pourrait-on croire à cette
déclaration alors qu’on s’attend à des successeurs plus
intransigeants ? Ehud Olmert doit démissionner après les
primaires au sein du Kadima, son parti, prévues le 17
septembre et qui doivent permettre de désigner son
successeur. Il devrait toutefois continuer d’exercer le
pouvoir pendant plusieurs mois, le temps qu’un nouveau
gouvernement soit formé ou que des élections anticipées
soient organisées.
Selon la radio publique, M. Olmert souhaite parvenir à un
accord-cadre qu’il pourrait présenter en compagnie de M.
Abbass à la Maison Blanche le mois prochain, quitte à
laisser dans le flou les points les plus litigieux qui sont
loin d’être réglés. Le 12 août, le quotidien Haaretz avait
indiqué que M. Olmert avait proposé au président palestinien
un projet d’accord prévoyant un retrait de 93 % de la
Cisjordanie. Cette offre n’a pas été confirmée
officiellement. Les Palestiniens, en revanche, réclament un
accord le plus explicite possible.
Le président américain George W. Bush et la secrétaire
d’Etat Condoleezza Rice pressent les deux parties de
parvenir à un accord d’ici la fin de l’année, comme convenu
à la conférence d’Annapolis aux Etats-Unis l’an dernier.
Après le départ d’Olmert, l’avancée des négociations
dépendra en large partie de son successeur, à condition que
celui-ci parvienne à former une nouvelle coalition
gouvernementale. Les deux prétendants sont l’ancien chef
d’état-major Shaul Mofaz, actuel ministre des Transports, et
la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui mène
actuellement les pourparlers de paix. Toutefois, Mme Livni,
favorite selon les sondages pour succéder à M. Olmert, a
pour sa part exprimé ses réserves sur la conclusion rapide
d’un accord. A l’issue du Conseil des ministres dimanche, la
ministre des Affaires étrangères Mme Livni a plaidé pour que
M. Olmert ne prenne aucune décision à la hâte. « Le facteur
temps ne doit pas nous forcer à commettre deux graves
erreurs : tenter de combler les divergences d’une façon qui
conduirait à l’explosion, ou accepter des compromis sur des
sujets essentiels pour Israël uniquement pour obtenir des
résultats », a-t-elle déclaré dans un communiqué .
Rania
Adel